France : la plus ancienne centrale nucléaire du pays ferme ses portes
- Après quatre décennies d'exploitation, la centrale de Fessenheim interrompt ses activités, avec tout ce que cela implique pour la région et pour l'économie locale

Ile-de-France
AA / Paris / Cindi Cook
La compagnie Électricité de France (EDF, publique) a annoncé, mardi, que la centrale nucléaire de Fessenheim, la plus ancienne de France, a été mise hors service, lundi à minuit, après 40 ans d'activité.
La France compte actuellement 56 réacteurs nucléaires en service, qui fournissent 75% de l'énergie du pays, ce qui en fait le plus grand consommateur d'énergie nucléaire au monde.
L’ouverture de Fessenheim en 1977 avait été une bonne nouvelle pour les habitants de la région, auparavant assez dépourvus d'industrie ou de tout commerce. Elle signifiait d'énormes avantages économiques pour la zone très rurale, offrant des emplois au sein de la centrale, ainsi que dans les entreprises qui se sont développées par la suite.
L'emplacement était attrayant pour sa proximité avec l’Allemagne : Fessenheim est une commune située directement à la frontière, dans le département du Haut-Rhin (Est).
La centrale emploie environ 750 personnes ainsi que 300 prestataires de services. Mais un bon nombre de ces personnes devront désormais être relocalisées, et environ 2 500 personnes seront affectées par la fermeture.
Le maire de Fessenheim, Claude Brender, s'inquiète pour sa ville, affirmant qu'il n'a reçu aucune garantie de soutien officiel du gouvernement, bien que les plans de fermeture de l'usine aient été décidés depuis des années.
"C’est un jour triste pour Fessenheim", a-t-il déclaré dans une interview à franceinfo, "c'est plus de six millions d'euros qui vont manquer dans les caisses de la communauté de communes et par ricochet aux communes".
Entre 200 et 250 agents ou sous-traitants qui habitent sur la commune devront être réaffectés dans d'autres sites EDF et vont être amenés à quitter définitivement Fessenheim avec leur familles.
"Les conséquences pour la commune, ce sont les retombées fiscales qui vont arriver dans trois ans puisque le dispositif mis en place nous permet encore de bénéficier trois ans de fiscalité à taux plein, et ensuite c'est dégressif sur sept ans", s’inquiète Bender.
Et d’ajouter : "En plus des 3,4 millions que ne touche plus le territoire, on devrait payer 2,9 millions d'euros en sus à la place d'EDF. C'est impossible à absorber pour la communauté de communes".
Le premier des deux réacteurs de Fessenheim avait été mis hors service en février dernier, et avec la fermeture du deuxième, la centrale de Fessenheim cessera d’exister en tant que telle, même si 294 salariés resteront sur place pour en évacuer le combustible usé, un processus qui durera jusqu'en 2023, alors que démantèlement du reste de l'usine prendra plus de 20 ans pour un coût estimé à 400 millions d'euros.
Dans la perspective de la fermeture de lundi, des militants pro-nucléaires ont organisé une manifestation devant le siège de Greenpeace France, à Paris.
Dans un communiqué publié par l'ONG, le directeur de Greenpeace, Jean-François Julliard, a applaudi l'activisme mais a hésité à le reconnaître comme une voie à suivre.
"Le fait que les gens qui défendent l'énergie nucléaire se sentent menacés est une bonne nouvelle. Mais l'énergie nucléaire n'est pas une solution réaliste pour réduire les émissions de CO2."
EDF développe en effet son réacteur de nouvelle génération qui ouvrira d'ici 2022, le premier du genre dans le pays, qui en a d'autres en chantier.
L'installation de Fessenheim devrait être transformée en site de recyclage de métaux radioactifs ou en usine de biocarburant, mais aucune des deux options n'est certaine pour l'instant, bien que les deux garantissent une création d’emplois dans la région.
Pour le maire Brender cependant, l'avenir semble sombre. La fermeture d'une centrale "en bon état de fonctionnement et ayant passé tous les tests de sécurité" est pour lui quelque chose de complètement "absurde et incompréhensible".
*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj
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