Politique, Afrique

Opération française Barkhane au Sahel: 3500 soldats

Malgré la recrudescence de la menace terroriste, le Ministère de la Défense français ne prévoit pas de renforcement de cette présence.

Safwene Grira  | 26.11.2015 - Mıse À Jour : 26.11.2015
Opération française Barkhane au Sahel: 3500 soldats

Tunis

AA/ Tunis/ Safwene Grira

Volet militaire de la stratégie sahélo-saharienne de la France, l'opération Bakhane déployée depuis plus d'un an dans 5 pays de la région (Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad), ne connaîtra pas de renforcement, selon le Ministère de la Défense français, dans une déclaration recueillie par Anadolu.

Près de 3.500 militaires, composent l'essentiel de l'effectif humain de cette force chargée de traquer les groupes terroristes présent dans le Sahel. Ces militaires sont déployés sur 5 bases avancées temporaires, trois points d'appui permanents et autres implantations, notamment à Ouagadougou et Atar (Mauritanie) selon le Ministère de la Défense français.

A cela s'ajoutent une vingtaine d’hélicoptères, 200 véhicules de logistique, 200 blindés, 6 avions de chasse, 3 drones et une dizaine d’avions de transport, selon des informations disponibles sur le site du Ministère de la Défense.

Placée sous le commandement du Général de Division Patrick Brethous, la force française au Sahel poursuit pour objectif la neutralisation des groupes terroristes qui pullulent dans cette région, notamment dans le Nord-Mali. La circonstance, toutefois, que cette menace se déplace plus vers le Sud du pays, n'entraînera pas de renforcement de ce dispositif, selon le service presse de l’État-major des armées françaises.

Selon cette même source, contactée par Anadolu, "il n'est pas prévu pour le moment de renforcement de Barkhane. L'opération couvre déjà la partie Sud du Mali", touchée vendredi dernier par une attaque terroriste qui a fait une vingtaine de morts, à Bamako, selon un bilan officiel.

Les modes opératoires de Barkhane relèvent toutefois du "secret défense", selon le Ministère de la Défense qui s'est abstenu de préciser si quelque changement affecterait ce volet suite aux derniers rebondissements.

Ce statu quo s'explique, selon l'ancien conseiller du président de la Commission de la défense et des forces armées de l’Assemblée nationale française, Jean-Pierre Maulny, contacté par Anadolu, par le coût de cette opération qui fait obstacle à son renforcement.

"Théoriquement, Bakhane est suffisamment souple pour aller au théâtre des opérations, que ce soit dans le Sud ou le Nord du Mali, ou ailleurs dans le Sahel", soutient Maulny.

Il rappelle à ce titre que la mobilité de la Force tient au principe de ses points d’appui permanent (Gao au Mali, Niamey au Niger et N'Djamena au Tchad), d'où sont déployés des détachements sur des bases avancées temporaires (Tessalit au Mali, Aguelal et Madama au Niger, Faya et Abéché au Tchad). 

"Ces bases constituent des « plateformes relais » à partir desquels seront conduites les missions, aux côtés des soldats des pays dans lesquels se situent ces bases", renseigne, pour sa part, le Ministère français de la Défense. 

Ces interventions prennent la forme d'opérations planifiées (de longue date), et d'opérations d'opportunité (improvisées sur la base de renseignements).

"Près de 400 sorties aériennes ont ainsi été réalisées durant le mois novembre", renseigne, à titre d'exemple, le Ministère de la Défense français.

"La problématique concerne en revanche le nombre du dispositif humain ou matériel pour faire face à ces nouvelles menaces. Il se trouve qu'on est limité en termes de moyens", a ajouté Jean-Pierre Maulny.

En effet, le coût des opérations extérieures de la France dépasse le milliard d'euros, et Barkhane, génère, à elle seule, "50 % des surcoûts", selon Radio France Interantionale (RFI).

"Dans la bande sahélo-saharienne, une heure de vol de drone Reaper coûte 5.000 euros" selon la radio française, citant ses propres sources.

En 2014, l’opération Barkhane aura représenté un coût de 518 millions d’euros, confirme un rapport de la Cour des comptes française, organisme de contrôle des dépenses publiques.

"Le renforcement, ce serait, en revanche, quelque chose qu'on pourrait demander à nos partenaires européens dans le cadre d'un meilleur partage des taches", propose Maulny expliquant que la France "ne peut déployer plus de moyens", 

De fait, l’Allemagne a annoncé, mercredi, via sa Ministre de la Défense, Ursula von der Leyen, qu'elle va envoyer 650 soldats de maintien de la paix au Mali. Une mesure permettant de contourner "les obstacles financiers qui se posent à Paris, déjà éprouvé par le renforcement de l'Opération sentinelle en France, un dispostif naval au large de la Syrie et des moyens aériens qui y sont déployés. Pour Barkhane, on a atteint des limites qui'on ne peut pas dépasser", selon Maulny. 

Lancée le 1er Août 2014, "Barkhane" a pris le relai de « Serval » au Mali, déclenchée en janvier 2013 à la suite de l'insurrection menée par des groupes armés "djihadistes" associés à des rebelles maliens, et de « Epervier » au Tchad, active dès 1986.

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