
AA - Paris - Bilal Muftuoglu
Un enseignant qui a accusé le Lycée Averroès, le premier lycée musulman de France, d'imposer une vision "islamiste" et d'avoir des liens avec les Frères musulmans, a été condamné vendredi pour "diffamation" par le tribunal de Lille.
Dans sa décision, le tribunal a estimé qu' "il n’y avait pas d’éléments de preuve, de documents de nature à justifier" parmi les allégations avancées par le professeur de philosophie Soufiane Zitouni. L'enseignant avait notamment publié une tribune le 6 février dans la Libération, intitulée "Pourquoi j'ai démissionné du lycée Averroès", accusant le lycée lillois d'imposer "de manière sournoise et pernicieuse une conception de l’islam qui n’est autre que l’islamisme" et d'être lié à l’idéologie des Frères Musulmans, à travers l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF).
Le tribunal a ainsi conclu que Zitouni a diffamé et injurié le lycée musulman, tout en l'obligeant à verser 10 euros pour injures, 1 euro pour les dommages et intérêts, ainsi qu'à rembourser à la partie civile les frais de procédure judiciaire.
Zitouni a fait part de son souhait de faire appel à la décision, dans sa déclaration à la presse à l'issue de l'audience alors que Rachid Hamoudi, directeur de la mosquée de Lille-Sud et représentant du lycée a soutenu que "la justice est rendue".
Dans sa tribune, le professeur de philosophie, qui dit appartenir au courant de soufisme et prêt à présenter "l'islam éclairé" dans ses cours, dénonçait les propos antisémites des élèves ainsi que la pression sur les enseignants non-musulmans. Zitonui disait ne plus pouvoir "cautionner" ce qu'il qualifie de "double jeu" de la part du lycée, qui "montre patte blanche dans les médias pour bénéficier d’une bonne image dans l’opinion publique" tout en imposant une vision "islamiste".
Le professeur avait par ailleurs écrit une autre tribune publiée dans la Libération au lendemain des attentats contre le siège de Charlie Hebdo, avec le titre "Le Prophète est aussi Charlie". Dans ce premier article, Zitouni affirmait, "le prophète de l’islam, Mohamed, pleure avec nous toutes les victimes innocentes de la barbarie et de l’ignorance, et demande à Allah le pardon pour les nombreuses brebis égarées se réclamant de sa religion alors qu’elles n’ont toujours pas compris l’essentiel de son message".