À Djakarta, Macron et Prabowo appellent à un cessez-le-feu permanent à Gaza
– La France et l’Indonésie exigent un retour immédiat à la trêve et la reconnaissance de l’État de Palestine.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
« Un cessez-le-feu de longue durée est la seule voie crédible pour une paix et une sécurité durables dans la région » : cette déclaration conjointe de la France et de l’Indonésie, rendue publique mercredi 28 mai depuis Djakarta, s’inscrit dans la tournée entamée par le Président français Emmanuel Macron en Asie du Sud-Est.
Par voie d’un communiqué commun, le chef d'État français et son homologue indonésien Prabowo Subianto ont « condamné la reprise de la guerre à Gaza », y voyant un « recul dramatique pour la population de Gaza, les otages, leurs familles et l’ensemble de la région ». Avec plus de 50 000 morts recensés, majoritairement civils, la déclaration appelle à un « retour immédiat au cessez-le-feu » et à la « libération de tous les otages détenus par le Hamas, et des prisonniers détenus par Israël en violation du droit international ».
La situation humanitaire dans la bande de Gaza est qualifiée de « désastreuse ». Paris et Djakarta alertent sur un « risque sévère de famine, d’épidémie et de mortalité », notamment pour « un million d’enfants ». Elles exigent qu’Israël « rétablisse l’accès à l’eau et à l’électricité » et « autorise immédiatement l’acheminement de l’aide humanitaire ».
Les deux pays affirment leur volonté d’« agir conjointement à Gaza » dans la phase de l’après-guerre, pour soutenir la reconstruction, la gouvernance et la sécurité. Elles dénoncent les attaques visant le personnel humanitaire, y compris des membres des Nations unies, rappelant que « les travailleurs humanitaires ne doivent jamais être une cible ».
Soutenant « l’initiative arabe sur le plan de reconstruction pour Gaza », la France et l’Indonésie jugent qu’elle « doit ouvrir la voie à une nouvelle gouvernance palestinienne de Gaza, dirigée par l’Autorité palestinienne », à condition qu’un cessez-le-feu durable soit instauré. Elles appellent Israël à « saisir l’occasion » de cette initiative multilatérale.
Dans le même esprit, elles « réitèrent leur ferme opposition à tout plan visant à expulser par la force la population palestinienne de sa patrie et à annexer son territoire », soulignant la violation du droit international que constitueraient de telles actions. Elles « condamnent fermement le plan israélien de prise de contrôle de Gaza » et rappellent « l’obligation juridique d’Israël de se conformer aux nombreuses décisions de la Cour internationale de justice ».
La Cisjordanie est également au cœur des préoccupations : la déclaration dénonce les « violences commises par les colons extrémistes », l’extension des colonies et la légalisation d’avant-postes par le gouvernement israélien, et insiste sur la nécessité de préserver « le statu quo historique des Lieux Saints de Jérusalem », en soulignant le rôle spécifique de la Jordanie.
« Aucune forme de guerre ni de terrorisme ne mènera à une solution pour le conflit israélo-palestinien », assurent les deux pays. Ils appellent à « mettre fin à l’occupation illégale » des Territoires palestiniens et à garantir les « droits inaliénables du peuple palestinien à l’autodétermination », dans le cadre de la solution des deux États, des résolutions de l’ONU et de l’initiative de paix arabe.
Cette convergence franco-indonésienne s’illustre enfin dans leur soutien à la Conférence internationale de haut niveau décidée par l’ONU, présentée comme une occasion de tracer « une feuille de route crédible pour la mise en œuvre de la solution des deux États » et de favoriser « une reconnaissance collective de l’État de Palestine », dans une architecture régionale rénovée.
- Situation humanitaire à Gaza
Israël bloque depuis le 2 mars, l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Quelques autorisations minimes de passage de l'aide humanitaire ont été accordées, mais celles-ci demeurent largement insuffisantes pour répondre aux besoins de la population gazaouie.
Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du Monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un "effondrement total" de l’aide humanitaire et dénoncent "l’un des pires échecs humanitaires de notre génération". Dans ce contexte, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a réaffirmé qu’"aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza".
Depuis la reprise des hostilités le 18 mars 2025, les attaques israéliennes ont causé la mort de près de 4000 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 54 000 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023 suite à une attaque du Hamas. La majorité des victimes palestiniennes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré l'annonce de cessez-le-feu, les violations persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.
Pour rappel, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.