Mathilde Panot dénonce "l’impunité" de Netanyahu et interpelle l'Exécutif français
– La cheffe de file des députés LFI appelle à des sanctions contre Israël et critique le silence de la diplomatie française après l'interpellation de la Flottille de la Liberté.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, a dénoncé, ce mardi, ce qu’elle a qualifié d’"impunité" du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.
Lors de son point presse hebdomadaire, Panot a déclaré : "Si Netanyahu peut se lancer dans cette guerre sans limite, c’est parce qu’il bénéficie d’une impunité quasi totale." Selon elle, la France porte une part de responsabilité en raison de son silence face à l’arrestation de la Flottille de la Liberté : "La France y a participé par sa non-condamnation de l’arrestation et de la détention illégale" des membres de l’équipage.
Panot s’est réjouie de la libération des trois derniers militants, dont deux Français, "Yanis Mhamdi, qui est votre collègue journaliste, et Pascal Moriéras", actuellement en Jordanie.
Elle a dénoncé l’annulation de la conférence onusienne sur la Palestine à New York, qu’elle a qualifiée de "nouvelle humiliation pour notre pays". Cette réunion, initialement prévue du 17 au 20 juin, co-organisée par la France et l’Arabie saoudite pour relancer la solution à deux États, a été reportée "pour des raisons logistiques et de sécurité", notamment dans le contexte des tensions Israël-Iran.
La députée a souligné que "50 personnes ont été tuées à Gaza" la veille, dont "la moitié […] dans des points de distribution alimentaire" mis en place par Israël et les États-Unis. Elle a rappelé que "la famine est utilisée comme arme de guerre", évoquant des "pièges mortels" qui se répètent "quasiment quotidiennement".
Panot a salué les "centaines de milliers de personnes" mobilisées dans les rues en France le week-end précédent et appelé l’État français à agir. Parmi les mesures évoquées : saisir le Conseil de sécurité de l’ONU, reconnaître immédiatement l’État de Palestine, instaurer un embargo sur les armes à destination d’Israël, et suspendre l’accord d’association entre l’Union européenne et Tel Aviv.
Pour rappel, la Flottille de la Liberté, qui tentait de rejoindre Gaza en brisant le blocus maritime, avait été interceptée les 8 et 9 juin en mer par les autorités israéliennes. À bord : des humanitaires, des militants internationaux, dont plusieurs Français, partis depuis Catane (Italie). Les membres ont été détenus plusieurs jours avant d’être relâchés et expulsés vers la Jordanie. Anadolu avait pu interroger des membres de la flottille à leur retour en France.
- Situation humanitaire à Gaza
Pour rappel, depuis la reprise des hostilités par Tel Aviv le 18 mars 2025, après un cessez-le-feu, les attaques israéliennes ont tué plus de 5 000 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 55 000 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023, suite à une attaque du Hamas. La majorité des victimes palestiniennes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré l'annonce de cessez-le-feu, les violations persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.
Pour rappel, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.
Par ailleurs, Israël bloque, depuis le 2 mars, l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Quelques autorisations minimes de passage de l'aide humanitaire ont été accordées, mais celles-ci demeurent largement insuffisantes pour répondre aux besoins de la population gazaouie.
Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un "effondrement total" de l’aide humanitaire et dénoncent "l’un des pires échecs humanitaires de notre génération". Dans ce contexte, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a réaffirmé qu’"aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza".