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France : La mosquée Mantes Sud a ouvert ses portes aux sans-abris

- La mosquée accueille non seulement les musulmans, mais tous ceux qui frappent à sa porte.

Alaattin Doğru, Hilal Şerefli Sari  | 16.02.2021 - Mıse À Jour : 16.02.2021
France : La mosquée Mantes Sud a ouvert ses portes aux sans-abris

Ile-de-France

AA / Paris

La mosquée Mantes Sud (région parisienne) en France, où la communauté musulmane est accusée de séparatisme et où les réfugiés brûlent leurs vêtements pour se réchauffer, est devenue un exemple de solidarité en ouvrant ses portes aux sans-abri pendant les froides journées d'hiver.

L'administration de la mosquée, située dans la banlieue de Mantes Sud dans le département des Yvelines, fait fréquemment des annonces sur les réseaux sociaux afin que personne ne passe la nuit dans la rue.

La mosquée, où des lits sont également posés dans certaines parties de la salle de prière en raison du grand nombre de réfugiés, sert 3 repas par jour.

Chaque jour, un dîner gratuit est livré à environ 1 000 personnes par l'intermédiaire de l'Association As Suffa.

- "Il est quasiment impossible d'héberger un étranger en France"

Interrogé par l’Agence Anadolu (AA), Ishwor, un migrant népalais qui s'est réfugié dans la mosquée, a déclaré être venu à Paris avec de grands espoirs.

Soulignant qu'il n'oubliera jamais que les musulmans lui ont ouvert leurs portes pendant ces nuits froides, Ishwor a poursuivi : "Il est très difficile pour un étranger de trouver un logement en France, et presque impossible d'être hébergé. Cette maison musulmane nous a accueilli. Je suis très heureux d'être hébergé dans un lieu aussi exclusif. Quand vous venez en France, vous ne pouvez rester dans les refuges que pendant 2 ans, puis, ils vous envoient dans la rue."

Abdelaziz el Jaouhari, président de l'association de la mosquée, explique que cette dernière a été construite en 2015.

Déclarant que la mosquée, un lieu de culte qui est ouvert aux activités sociales, Jaouhari a indiqué qu'elle dispose également d'une bibliothèque pour enfants et adultes.

- "Nous voulions suivre la Sounna du Prophète Mohammed."

Lors de la préparation du projet de cette mosquée, le modèle de celle à l'époque où vivait le prophète Mohammed a été pris comme exemple.

"Sa mosquée avait 3 fonctions principales. Rassembler les gens, leur permettre d'apprendre la science et de favoriser la construction sociale" ,a-t-il dit en ajoutant qu'ils construiront un troisième étage qui sera un centre scientifique.

Précisant qu’ils essaient de protéger les gens du froid, Jaouhari a continué : "Nous fournissons toute l’année des abris d'urgence notamment aux sans-abri. Nous leur ouvrons les portes de notre mosquée où se trouve un dortoir et une salle à manger. Il existe également des possibilités de laver les vêtements et de prendre une douche."

- "Nous accueillons non seulement les musulmans, mais tous ceux qui frappent à notre porte"

Une aide ininterrompue est fournie 365 jours dans l’année et de la nourriture est livrée aux sans-abri identifiés.

"Nous leur apportons de la nourriture et des vêtements. Dans l'état actuel des choses, en hiver, nous réservons une partie de la salle de prière pour ce service afin d'augmenter notre capacité d'accueil. Nous accueillons non seulement les musulmans, mais tous ceux qui frappent à notre porte. D’ailleurs, ils n'ont même pas besoin de frapper à notre porte car celle-ci est toujours ouverte. Nous souhaitons la bienvenue à tous, quelles que soient leurs origines et leurs croyances. Nous faisons cela tout d’abord pour Allah", a-t-il également ajouté.

Après l’annonce sur les réseaux sociaux, un intérêt significatif a été constaté de la part de 2 millions de personnes, musulmanes et non- musulmanes.

Beaucoup de gens veulent aider. Certains d'entre eux apportent une aide matérielle, d'autres travaillent bénévolement. En outre, l'Égypte, le Maroc, le Canada, la Turquie et d'autres pays envoient des messages de soutien. Cela montre que la communauté musulmane est enthousiaste et fait de bonnes choses.

Soulignant que la solitude augmente surtout dans les sociétés ces jours-ci et que cela s'est accéléré avec le processus épidémique, Jaouhari a énoncé qu'ils essayaient de répandre la culture de la solidarité en tant que communauté musulmane de Mantes Sud.

- "Chaque jour, nous changeons le monde comme ça"

Aisha Bendoukha, d'origine algérienne, a déclaré qu'elle venait à l'association tous les samedis en tant que bénévole.

"Les femmes se portent volontaires pour préparer de la nourriture aux sans-abri. C'est ainsi que nous changeons le monde chaque jour", a-t-elle poursuivi.

Une autre bénévole, Khedima Kadgam, a exprimé le plaisir d’aider les sans-abris et a ajouté : "Être utile nous donne de la force et de la motivation. Nous pensons à comment nous pouvons aider davantage."

- "Des comportements montrant ce que nous faisons en tant que musulmans"

Soufian Guelai, de la communauté de la mosquée, a déclaré : "Ce sont ces comportements qui montrent comment nous devrions être, ce que nous faisons en tant que musulmans et pourquoi nous vivons dans ce monde. Ce sera un exemple pour les autres."

Se référant aux accusations séparatistes contre les musulmans en France, Guelai a souligné que l'islam n'est pas une religion de séparation mais une religion associative.

Guelai a ajouté : "Nous nous efforçons de vivre ensemble et de nous connaître dans notre société. Je ne pense pas que les musulmans dans le monde ou en France soient des séparatistes. Même si vous ne faites rien en France aujourd'hui, être musulman suffit pour être qualifié de séparatiste."

* Traduit du turc par Hilal Serefli Sari

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