Algérie : «Yennayer», journée chômée et payée
-Cette annonce du président algérien intervient quelques jours après des manifestations en Kabylie, où des jeunes ont réclamé la généralisation de la langue Tamazight,

Algeria
AA/Alger/Selma Kasmi-Karim Kabir
Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a annoncé mercredi sa décision de consacrer « Yennayer», journée chômée et payée, à compter du 12 janvier prochain.
Coïncidant avec le 12 janvier de chaque année, cette journée, fêtée depuis l’antiquité en Algérie, célèbre le nouvel an berbère.
Elle donne lieu à la préparation d’un repas copieux, le plus souvent le couscous, comme en Kabylie, région montagneuse, à l’est d’Alger, ou à des rites comme le carnaval de l’Ayred (Lion, en berbère) à Beni-Snouss, dans la région de Tlemcen (ouest), où les villageois se déguisent et font la fête avant de faire des offrandes aux nécessiteux.
«En présentant ses meilleurs vœux au peuple algérien à la veille de l'année 2018, le Président Abdelaziz Bouteflika a annoncé sa décision de consacrer Yennayer journée chômée et payée dès le 12 janvier prochain, le gouvernement étant chargé de prendre les dispositions appropriées à cet effet », selon un texte qui a sanctionné les travaux du conseil des ministres, mercredi.
«Cette mesure comme toutes celles déjà prises au profit de notre identité nationale dans sa triple composante islamique, arabe et amazighe, confortera l'unité et la stabilité nationales, alors que des défis multiples internes et régionaux nous interpellent», a précisé ce texte repris par l’agence officielle, APS.
Cette annonce du président algérien intervient quelques jours après des manifestations en Kabylie, où des jeunes ont réclamé la généralisation de la langue Tamazight, la plus ancienne langue d’Afrique du nord encore parlée dans plusieurs régions d’Algérie, mais également au Maroc, au sud tunisien, à l’Ouest de la Libye, au Niger et à l’oasis de Siwa en Egypte.
Réputée région frondeuse, la Kabylie a depuis longtemps réclamé la reconnaissance de la Langue et de la Culture amazigh.
Ce n’est qu’en 1994, au terme d’une "année blanche" des écoliers, étudiants et lycéens de Kabylie, que le gouvernement a consenti à mettre en place un organisme, le haut commissariat à l’amazighité, chargé de promouvoir la langue Tamazight.
En 2001, la Kabylie sera secouée par plusieurs mois d’émeutes après l’assassinat d’un jeune dans une brigade de gendarmerie. Contraintes, les autorités constitutionnalisent alors cette langue avant de l’officialiser en 2016 à la faveur d’une révision de la Constitution.
Mais le rejet par une commission du parlement d’un amendement portant sur la généralisation de cette langue à tout le pays a fait sortir de nouveau récemment, dans les rues, les jeunes en Kabylie.
Le chef de l'Etat «a enjoint au gouvernement de ne ménager aucun effort pour la généralisation de l'enseignement et de l'usage de tamazight, conformément à la lettre et à l'esprit de la Constitution », a indiqué le conseil des ministres.
Le président de la République a également « chargé le gouvernement d'accélérer la préparation du projet de Loi organique portant création d'une Académie algérienne de la langue amazighe», selon le même texte.
Jusqu’ici l’arabe reste la langue officielle et de l’Etat algérien alors que le français est couramment utilisé.
Pour rappel, en janvier 2016, la langue Tamazight (regroupant plusieurs dialectes des différents peuples amazighs d’Algérie), est promue langue officielle de l’Etat après des décennies de revendications.