Afrique

Les "Mouvements citoyens", nouvelle voix des jeunes en RDC

-Accusés par les autorités d'être à la solde de chancelleries occidentales, voulant nuire au pays, des mouvements citoyens continuent à mener leur combat pour consacrer la justice et l'équité sociale

Nadia Chahed  | 21.03.2017 - Mıse À Jour : 21.03.2017
Les "Mouvements citoyens", nouvelle voix des jeunes en RDC

Congo, The Democratic Republic of the

AA/Kinshasa/Pascal Mulegwa

En République démocratique du Congo (RDC), les Mouvements dits « citoyens » émergent en force en dépit de la répression gouvernementale dont ils font objet.

Kinshasa accuse ces groupes de jeunes d’être manipulés par certains politiciens et des chancelleries occidentales dans l’objectif de déstabiliser ses institutions.

Mouvement "terroriste", "insurrectionnel", "groupe de badauds" et "brigands" sont quelques uns des qualificatifs que les autorités congolaises attribuent à ces mouvements constitués essentiellement de jeunes dont leur âge varie entre 18 et 35 ans.

Ce vent "agaçant" pour Kinshasa trouve sa genèse à Goma dans l’Est de la RDC, précisément en 2012, lorsque des jeunes regroupés au sein du mouvement "Lutte pour le changement" (Lucha) ont su exercer une pression sur l’ONU pour combattre la rébellion du M23 qui sévissait dans la province meurtrie du Nord-Kivu.

Lucha et Filimbi, un autre mouvement citoyen, tous deux créés après les élections de 2011, se sont imposés comme les groupes contestataires les plus visibles de la société civile locale, exprimant haut et fort "l'insatisfaction et la frustration d’une jeunesse éduquée et fauchée".

Après s'être particulièrement investi dans les questions de bonne gouvernance, le mouvement "Lucha" a commencé depuis le début de l'année 2015 à s'intéresser aux questions politiques, fait qui lui a valu de devenir « indésirable » auprès des autorités qui veillent depuis à bloquer ses activités, en les plaçant dans le collimateur des services de renseignement.

"Les autorités congolaises et les politiques de toutes les tendances ont peur du changement … pourtant nous n’allons pas lâcher … nous allons continuer à militer pour la bonne gouvernance", a déclaré à Anadolu Bienvenue Matumo, militant de Lucha.

Vingt-huit ans et un diplôme universitaire en poche, Bienvenue a été emprisonné, à trois reprises et condamné en mai 2016 à 12 mois de prison ferme pour "incitation à la désobéissance civile, propagation de fausses nouvelles, et atteinte à la sûreté intérieure de l’État".

Un parcours qui ressemble à celui de la majorité des militants en RDC, note-t-il, expliquant que le mouvement défend, pourtant, des causes, essentiellement, sociales et citoyennes.

"Nous avons commencé par une cyber campagne pour dénoncer les problèmes de fourniture d'eau et d'électricité à Goma, nous avons ensuite manifesté contre la corruption et pour mettre fin à la guerre …afin de pousser les autorités à exercer correctement leur travail", a-t-il expliqué.

Lucha et Filimbi se sont également investis dans « Bye Bye Kabila », une campagne lancée vers la fin 2016,en opposition au maintien de Joseph Kabila au pouvoir au delà de son dernier mandat constitutionnel expiré 19 décembre passé.

La situation politique et sociale en RDC, allant se dégradant, a motivé, la création durant les derniers mois, de plusieurs autres mouvements se proclamant comme défenseurs de la cause citoyenne.

Aujourd'hui on en dénombre au moins une dizaine, outre Lucha et Filimbi, rapporte le correspondant d'Anadolu, citant, entre autres "les indignés, "il est temps" , "Ujana"...

Bien que ne comptant que quelques militants, ces mouvements attisent désormais les convoitises aussi bien des autorités que de l'opposition qui ont tenté, à plusieurs reprises "d’acheter la conscience de ces jeunes fauchées et incorruptibles", indique à Anadolu un député proche du camp présidentiel.

En août 2016, le président Joseph Kabila, en déplacement dans l’Est de la RDC, avait consacré deux heures pour recevoir ces jeunes militants dans la ville de Goma, « Kabila ne nous appelait plus terroriste mais plutôt des citoyens, des intellectuels il nous disait que nous sommes le présent de cette nation et non les terroristes », confie un autre militant du mouvement Lucha.

Le mouvement fonctionne grâce aux cotisations de ses membres et de ses sympathisants « sans aucun franc externe » fait-il valoir reconnaissant toutefois que des Organisations congolaises de défense des droits de l’homme leur apportent une assistance judiciaire en leur fournissant des avocats « gratuitement », lorsqu’ils sont arrêtés lors des manifestations.

« Les mouvements citoyens sont importants pour notre jeunesse mais le changement doit commencer par le respect de la loi, ils doivent se faire enregistrer auprès de l’Etat afin de légaliser leur existence », estime pour sa part, Marie-Ange Mushobekwa ministre congolaise des droits de l'Homme, précisant, dans une déclaration à Anadolu que "l’actuelle prétendue répression dont font objet ces mouvements est conséquente à leur activisme illégal et informel".


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