Côte d'Ivoire: Le Masa, le spectacle au service de l'économie
Avec sa deuxième édition post-crise ivoirienne, le Marché des arts et du spectacle africain essaie de retrouver son panache d'antan.

Abidjan
AA/Abidjan/ Issiaka N’guessan
La 9è édition du marché des arts et du spectacle africain (Masa), la deuxième depuis la crise ivoirienne, se tient en Côte d’Ivoire avec le souci de participer à la remise en scelle de l'économie, à travers les arts de la scène.
Thème évocateur pour cette édition (5-12 mars), « Réinventons les arts de la scène » dans un contexte qui voit, selon le Pr Yacouba Konaté, commissaire général du Masa, « le théâtre ivoirien, aujourd'hui, décimé ». Pourtant, regrette-t-il « dans les années 80, ce théâtre drainait du monde ».
Un constat qui prend d'autant plus de sens qu'un attentat terroriste était venu frapper la Côte d'Ivoire, dimanche, quelques heures à peine après la clôture du Masa. Pourtant, la promotion culturelle incarnée par cette rencontre dépassant le cadre ivoiro-ioiviren, pouvait prétendre à "un rôle d’activateur de la sphère économique", selon Konaté.
"Le marché des arts et du spectacle africain c’est 2000 personnes qui arrivent et visitent notre pays, nous aidons par là le Gouvernement à atteindre ses objectifs de remplissage des avions en direction de la Côte d’Ivoire, les hôtels, les opérateurs économiques de la restauration et du tourisme" assure-t-il.
Le Masa, c'est un marché, un forum des professionnels, un programme de formation et un festival. Pour le marché, « il y a une sélection de troupes après appel à candidatures effectués dans plusieurs pays, c’est le dialogue des cultures qui ne doit pas être fermé » soutient Pr Konaté à Anadolu.
Opportunité de promotion des artistes ivoiriens, le Marché sert ainsi de cadre de rencontres entre les promoteurs de spectacles européens et les directeurs artistiques locaux.
« Vingt promoteurs de l'Egypte, du Maroc de l'Algérie et de l'Espagne viennent signer des contrats pour des spectacles. D'autres promoteurs viennent de la France, du Japon et des Etats-Unis d’Amérique, avec des participants venus de ces pays prenant part au festival», se réjouit le commissaire général.
Selon les informations communiquées par le Masa, le forum des professionnels est un cadre d’échanges entre les professionnels des arts vivants et de la culture. Il s'agit, le plus souvent, de rencontres scientifiques avec des thèmes préalablement convenus et qui s'inscrivent dans la thématique de l'édition. Le volet formation est assuré, quant à lui, par des experts arrivés de plusieurs pays qui forment les artistes ivoiriens dans le cadre d'ateliers relevant également de la thématique choisie.
« Le festival est animé par des artistes invités et des groupes locaux émergents, en phase de consolidation » poursuit Pr Konaté qui relève que « l'essentiel des groupes [71 pour près de 600 artistes] est de l’Afrique ».
Des artistes chanteurs africains, comme Oumou Sangaré et Fatimata Diawara du Mali, Charlotte Dipanda du Cameroun ainsi que des artistes sud-africains, sont, de fait, au rendez-vous pour cette édition "décentralisée". Les prestations se déroulent, en effet, à Abidjan, au palais de la Culture de Treichville, mais également à Bouaké (Centre-Nord), à Adzopé (Sud-Est), Grand-Bassam (Sud-Est d’Abidjan).
Le financement de ce marché-festival est assuré, selon la même source, par l'Etat ivoirien à hauteur de 75% du budget. "là où il y a des années, le Masa était à 60% financé par l’Organisation internationale de la Francophonie, sauf que la crise née avec la France du temps de l’ex-pouvoir de Gbagbo [novembre 2004] a fait que cet apport diminue» indique Pr Yacouba Konaté.
Néanmoins, les 25% restant du budget sont composés d’apports de la Francophonie et des bailleurs de fonds internationaux, surtout l’Union Européenne.
Avec un budget estimé à 2 milliards de FCFA ( 3.3 millions USD) pour lequel « la direction générale du Masa recherche des partenariats privés pour la prise en compte de 40% du budget », le Masa, c’est selon le commissaire général, « 800 spectacles en une semaine qui permettent aux participants de changer leur sensibilité, se découvrir et permettre aux troupes d’avoir des cachets » relève Pr Konaté.
Il regrette n’avoir pu avoir de troupes en provenance de la Turquie qui selon regorge de « spécialistes de l’humour » qui aurait pu participer à la formation des dix-sept humoristes ivoiriens sélectionnés pour suivre un programme de formation une semaine avant le début du Masa.
« A l’endroit de la Turquie, nous n’avons pas fait grand-chose » reconnaît le commissaire général, Pr Yacouba Konaté qui justifie : « nous sommes victimes de la barrière linguistique » mais précise que « nous essayons de travailler avec les missions de coopération présentes à Abidjan ».
Mais, il rassure : « nous ne sommes pas encore totalement fermés et sommes prêts à recevoir une à deux troupes turques ».
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