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Burkina Faso: Ces kalachnikovs qui terrorisent le Nord

- Depuis avril 2015, le nord burkinabé a été visé par plus d’une vingtaine d’attaques terroristes, causant la mort de plus de 70 personnes.

Mohamed Hedi Abidellaoui  | 05.04.2017 - Mıse À Jour : 06.04.2017
Burkina Faso: Ces kalachnikovs qui terrorisent le Nord

Burkina Faso




AA/Ouagadougou/ Olympia de Maismont 

Attaques armées, kidnappings et enlèvements, le nord du Burkina Faso n’a jamais été autant meurtri. Que veulent ces kalachnikovs qui fauchent des vies et que disent les dirigeants burkinabé et les analystes?

Depuis avril 2015, cette partie de la bande sahélo-saharienne a été visée par plus d’une vingtaine d’attaques terroristes causant la mort de plus de 70 personnes. Deux occidentaux enlevés en avril 2015 et janvier 2016 sont toujours retenus en otage.

Le « pays des hommes intègres », plus particulièrement dans sa partie nord, est confronté à une menace terroriste inédite. Militaires, gendarmes, policiers et douanier ont trouvé la mort depuis avril 2015. Trois occidentaux ont été enlevés dans le nord du pays depuis 2015 par Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), notamment le roumain Gherghut Lulian kidnappé le 4 avril de la même année à Tambao et le couple australien Jocelyne et Kenneth Elliot enlevés à Djibo le 15 janvier 2016. Si Jocelyne Elliot a été libérée quelques jours après son enlèvement, on reste sans nouvelles des deux autres otages.

Jusqu’en février 2017, les attaques visaient principalement l’armée, la police, la gendarmerie ou encore la douane. Deux mois plus tard, un tournant pas des moindres a marqué les opérations des terroristes qui ont cette fois-ci visé une école à Kourfayel, un village a quelques kilomètres de Djibo, tuant le directeur de l’établissement et un habitant. C’était la première attaque du genre bien que les menaces datent de janvier.

Une attaque qui a, par conséquent, accentué la terreur poussant les enseignants à déserter les écoles de la région qui enregistre un taux d’éducation des plus faibles dans le pays. Le taux brut de scolarisation au primaire étant passé de 57 % en 2005 à 86,9 % en 2014, selon la Banque mondiale (BM).

Rassurant les populations et le corps enseignant de la région, le ministre de la sécurité, Simon Compaoré, a promis de prendre des mesures pour les protéger sans toutefois en spécifier la nature pour des raisons « stratégiques », selon ses dires.

- Climat sécuritaire régional instable

Interrogé sur les dessous de la prolifération, ces derniers temps, des attaques terroristes et des enlèvements dans le nord burkinabé, un diplomate occidental qui a requis l’anonymat rattache l’instabilité secouant une partie du pays de Thomas Sankara au climat sécuritaire régional.

« Le Burkina Faso qui partage une importante partie de ses frontières avec le Mali et le Niger est, par ricochet, touché par l’expansion des groupes terroristes dans la bande sahélienne», fait-il remarquer.

Un « secret de polichinelle », poursuit-il, serait derrière l’immunité dont jouissait ce pays enclavé d’Afrique de l’ouest au moment où les attaques terroristes gangrenaient les pays voisins.

« Pus d’un observateur le supposait. Il y aurait eu un pacte de non-agression entre Compaoré et les terroristes. Diverses sources laissaient entendre que les chefs rebelles et extrémistes étaient les invités de l’ancien président burkinabé à Ouagadougou et que des suites leur étaient souvent réservées dans des hôtels», détaille la même source.

Aujourd’hui que le décor a changé, les amis d’hier sont devenus les ennemis d’aujourd’hui, déterminés à fragiliser une démocratie naissante et à chasser les capitaux étrangers, de l’avis de l’analyste.

- "Que nenni" pour un pays dans le viseur des terroristes

Les groupes armés évoluant aujourd’hui dans le nord du Burkina oeuvrent à visage découvert et sont connus de tous., Plusieurs attaques perpétrées dans le nord n’ont pas été revendiquées. Mais Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), Al-Mourabitoune, Daech du Grand Sahara ou encore Ansarul Islam du burkinabè Malam Ibrahim Dicko demeurent les plus actifs et les plus « redoutables », selon plusieurs témoins.

D’ailleurs, début mars 2017, plusieurs de ces groupes ont annoncé leur regroupement au sein d’une nouvelle organisation dénommée « Jamaât Nosrat Al Islam Wa Al Mouslimin ».

Afin de contrer ces forces du mal, des opérations ont été menées, en novembre 2016, par les forces de défense burkinabé, notamment l’opération « Séno » dans le nord-ouest et l’opération Séguéré dans le nord.

Sauf que le pays tarde encore à passer à la vitesse de croisière dans sa lutte contre d’éventuelles nouvelles attaques terroristes. Que nenni pour le Burkina, s'accordent à dire certains observateurs qui se demandent pourquoi ce pays peine-t-il encore à procéder à l’instar du Niger qui a récemment déclenché l’état d’urgence dans plusieurs départements proche de sa frontière avec le Mali.

Rebondissant sur ce point, le ministre de la Sécurité burkinabé cautionne que des dispositions ont été prises sur le terrain, en allusion à l’interdiction de la circulation la nuit.
Il n’éloigne toutefois pas le recours à d’autres mesures préventives, telle que la déclaration de l’état d’urgence dans les régions frontalières du Mali.

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