Türkİye, Économie

Turquie : Canal Istanbul, un « projet stratégique »

- L’objectif du projet est de soulager le trafic maritime entre la mer Noire (Nord, Turquie) et la mer de Marmara (Nord-Ouest)

Esma Ben Said  | 30.06.2018 - Mıse À Jour : 01.07.2018
Turquie : Canal Istanbul, un « projet stratégique »

France

AA/Ankara

La Turquie poursuit ses projets marquants, dont celui du ‘’Canal Istanbul’’, une voie navigable artificielle au niveau de la mer, parallèle au Bosphore et qui reliera la mer Noire (Nord, Turquie) et la mer de Marmara (Nord-Ouest).

Lors d’une interview télévisée début juin, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui évoque fréquemment le projet ‘’Canal Istanbul’’, a qualifié celui-ci de « stratégique ».

« C'est un projet stratégique. Celui qui ne comprend pas le projet ‘’Canal Istanbul’’ ne peut ni comprendre Istanbul ni la Turquie », avait-il alors affirmé.

De même, le premier ministre turc, Binali Yildirim, a récemment souligné que le projet ‘’Canal Istanbul’’ est, en effet, davantage un projet « stratégique » qu'un « projet récréatif ».

En effet, le projet se veut stratégique dès lors qu’il permettra non seulement de soulager le trafic maritime du Bosphore, mais aussi de fournir un passage sûr pour les navires.

C’est en 2011 que le président turc a présenté, pour la première fois, le projet, répertorié dans les « Objectifs 2023 » du gouvernement, sous l’intitulé de « Projet Fou ».

Le ‘’Canal Istanbul’’ sera le plus grand projet de la ville, a réitéré Erdogan courant avril 2018.

Il a également annoncé que la construction du méga projet commencera lors de son nouveau mandat, soit après les élections législatives et présidentielles anticipées du 24 juin.


- Une « marque mondiale »

Qualifiant le projet de « marque mondiale » dans plusieurs de ses discours, Erdogan a également rappelé l'incident qui a eu lieu courant avril lorsqu’un navire a heurté le rivage du détroit du Bosphore et s'est écrasé dans un manoir historique d'Istanbul causant ainsi des dommages considérables.

« Je vous rappelle une fois de plus pourquoi la construction du ‘’Canal Istanbul’’ est indispensable », avait déclaré Erdogan en référence à l’incident.

Le ministre turc des Transports, de la Navigation et des Communications, Ahmet Arslan, a lui aussi déclaré que le projet ‘’Canal Istanbul’’ est l'un des plus grands du pays.

« En ce moment, le plus grand projet de notre pays est le troisième aéroport [à Istanbul] avec un coût autour de 10,5 milliards d’euros (12,8 milliards de dollars), mais, le ‘’Canal Istanbul’’ sera plus grand [en valeur] ».

Arslan a également partagé que le gouvernement s’attend à générer environ huit milliards de dollars de revenus par an grâce au ‘’Canal Istanbul’’.

Le canal de 45 kilomètres de long sera construit le long du corridor Kucukcekmece-Sazlidere-Durusu à Istanbul. Chaque jour, environ 160 navires traverseront ce dernier dont la construction devrait être achevée en 2023, avec un coût d'environ quinze milliards de dollars.

Le projet sera établi conformément au modèle de financement de « construction-exploitation-transfert » selon lequel la société privée chargée de la construction du canal pourra l’exploiter pendant un certain temps puis transférer la propriété du canal au gouvernement.

Selon les informations obtenues par l'Agence Anadolu (AA) auprès du ministère de l'environnement et de l'urbanisme, la profondeur du canal sera d’environ 25 mètres et d’une largeur entre 250 mètres et 1 000 mètres, soit les dimensions nécessaires aux manœuvres des navires.

Les dimensions des navires qui pourront emprunter le nouveau canal d'Istanbul ont également été déterminées.

- Séoul offre son soutien

A ce titre, un navire-citerne de 275 mètres de longueur et de 48 mètres de largeur sera autorisé à transporter 145 mille tonnes maximum (port en lourd/TPL).

Un conteneur de 340 mètres de long et de 48,2 mètres de largeur pourra porter un maximum de 120 mille TPL.

Seung So Lee, vice-président coréen à la SK Engineering and Construction (SK E&C), a partagé que le projet du canal a également été évoqué à l’occasion de la visite effectuée par le président turc en Corée du Sud, courant mai 2018.

Lors de la visite, le président sud-coréen, Moon Jae In, a fait savoir que la Corée sera heureuse d'apporter son soutien au projet.

« Nous avons pris part dans la construction du tunnel de l'Eurasie (Avrasya) et du pont Canakkale 1915 (littoral ouest, Turquie) et avons de l'expérience dans ce pays », a-t-il confié.

Le projet, qui fait l’objet de nombreux éloges de la part du gouvernement est qualifié de « luxe » par Muharrem Ince, candidat perdant à la présidentielle du parti populaire républicain (CHP), principal parti de l’opposition.

« Je ne vais pas le construire. Non. Construirais-je un canal coûtant des milliards de dollars au pays alors qu’il y a tant d’autres difficultés. Malheureusement, non », avait-il martelé avant sa défaite à l’élection présidentielle.

Toutefois, Ince semble avoir manqué le fait que le projet, conformément au modèle « construction-exploitation-transfert », sera financé, non pas par le gouvernement, mais par la société privée chargée de construire et d’exploiter le canal.

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