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Oktay: "La Turquie ne renoncera pas aux S-400"

- Le vice-président turc a affirmé qu'Ankara va acquérir le système de défense anti-aérienne russe, conformément à l'accord conclu avec Moscou, tout en laissant la porte ouverte à des négociations avec Washington pour l'achat de Patriot.

İlkay Güder, Tuncay Çakmak  | 07.03.2019 - Mıse À Jour : 08.03.2019
Oktay: "La Turquie ne renoncera pas aux S-400"

Ankara

AA - Ankara - Tuncay Çakmak

Le vice-président turc, Fuat Oktay, a insisté sur le fait que la Turquie ne fera pas marche arrière au sujet de l’achat du système de défense anti-aérienne russe S-400, tout en laissant la porte ouverte à des négociations avec les Etats-Unis sur une éventuelle acquisition du système américain Patriot.

Oktay était l’invité, jeudi, de la Table des Editeurs de l’Agence Anadolu (AA).

Il a répondu aux questions relatives à l’actualité nationale et internationale.

Après une première partie réservée aux prochaines élections municipales du 31 mars en Turquie, le vice-président turc s’est exprimé sur les sujets liés à la défense, la lutte contre le terrorisme et la situation en Syrie.

Fuat Oktay a notamment rappelé l’importance pour Ankara de l’élimination de la menace que représente l’organisation terroriste YPG/PKK qui occupe un large territoire dans le nord de la Syrie.

"Nous allons faire ce qu'il faut pour supprimer la présence terroriste et la menace contre la Turquie à l'Est de l'Euphrate [en Syrie]", a-t-il insisté.

"Nous ne permettrons aucune action qui représenterait une menace à la Turquie. Dans une telle situation, nous pourrons intervenir à tout moment, au milieu de la nuit. Nous allons le faire à Manbij", a-t-il poursuivi.

Manbij représente un enjeu important dans cette optique, d’autant plus qu’une feuille de route a été conclue entre Ankara et Washington pour le retrait du YPG/PKK de la ville et la remise de sa gestion aux véritables habitants de la région. Mais le processus ne cesse de s’allonger, provoquant l’impatience de la Turquie.

"Nous en discutons autour de la table du point de vue diplomatique, mais si nécessaire nous interviendrons sur le terrain. Nous sommes prêts pour intervenir dès aujourd'hui si nécessaire", a affirmé Oktay.

Ankara est déterminée à libérer l’Est de l‘Euphrate en Syrie de l’occupation du YPG/PKK, alors que Washington s’apprête à retirer ses troupes présentes dans ce secteur.

La Turquie ne veut pas que ce retrait se transforme en avantage pour l’organisation terroriste YPG/PKK qui a été lourdement renforcée militairement grâce aux nombreuses armes fournies par les Etats-Unis.

"Où vont les 23 mille camions d'armes offertes gracieusement par les Etats-Unis [au YPG en Syrie]? Ces armes ne sont-elles pas une menace pour la Turquie ?", a-t-il lancé.

Le vice-président turc a également commenté un autre sujet de discordes avec Washington, celui de l’achat de systèmes de défense anti-aérienne russe S-400.

Washington menace ouvertement la Turquie de représailles économiques si cet achat n’est pas annulé.

"La Turquie fait ce qui est dans son intérêt au sujet des S-400, elle fait son propre choix. La Turquie ne prend en compte que ses intérêts quand elle prend une décision", a-t-il d’abord réaffirmé.

Oktay a souligné le fait que l’accord avec la Russie est signé et que la Turquie n’y renoncera pas.

"Nous irons au bout de l'accord, d'autant plus qu'il a été signé. Il n'est pas question d'entêtement de la Turquie. La première livraison des S-400 devrait être assurée en juillet", a-t-il affirmé.

Mais Oktay a rappelé que ce contrat avec la Russie ne signifie pas que la Turquie puisse acquérir le système américain Patriot.

"L'achat de S400 ne signifie pas que nous ne voulons pas des Patriot. Nous avons des critères, s’ils sont acceptés, nous pouvons discuter, nous en avons besoin", a-t-il expliqué.

Et pour conclure, alors que le dollar reprend depuis quelques jours de la valeur face à la monnaie turque, Fuat Oktay a voulu répondre aux allégations selon lesquelles ce serait lié aux tensions avec Washington au sujet des S-400.

"La situation actuelle des marchés en Turquie, et celle de demain, n'est absolument pas liée à la question des S-400", a-t-il terminé.

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