Ambassadeur de Tunisie à Ankara: Dynamique multidimensionnelle des relations tuniso-turques
- Mohamed Fayçal Ben Mustapha a évoqué le commerce, la culture et le tourisme comme principaux leviers de développement des relations entre Tunis et Ankara

Ankara
AA / Istanbul / Faruk Tokat
L'ambassadeur de Tunisie à Ankara, Mohamed Fayçal Ben Mustapha, a déclaré que "les relations tuniso-turques connaissaient une grande dynamique à différents niveaux".
Dans une interview accordée à Anadolu, Ben Mustapha a exprimé la satisfaction de Tunis quant au développement des relations avec Ankara, avant d'en décrire les principales qualités.
Le diplomate a fait une rétrospective sur la position de la Turquie aux côtés de la Tunisie depuis les premiers jours qui ont suivi la révolution en 2011, "une référence fondamentale pour les Tunisiens".
Il s'est par la suite penché sur le présent pour en dégager des perspectives des relations bilatérales.
"Ces relations se sont matérialisées par l'échange de visites", a-t-il indiqué.
Après avoir rappelé la visite du chef de la diplomatie tunisienne, Khemaies Jhinaoui, à Ankara en juin 2017, "laquelle a contribué à donner un nouvel élan aux relations bilatérales", Ben Mustapha est revenu sur la dernière visite du président turc, Recep Tayyip Erdogan, en Tunisie, en décembre 2017.
Cette visite, le diplomate la qualifie d’ailleurs de "réussie à plusieurs niveaux ". Non seulement elle a montré, selon lui, "plusieurs dénominateurs communs entre les deux pays ", mais elle a également exposé la convergence des positions des deux capitales sur plusieurs questions régionales et internationales.
"La visite d’Erdogan a aussi abouti à la signature d'accords dans plusieurs secteurs, y compris le domaine militaire, les investissements et l'environnement", a ajouté l’ambassadeur tunisien.
Cet élan qu’a insufflé la visite d’Erdogan dans les relations bilatérales sera renforcé par la tenue, au cours de cette année, de la deuxième session du Conseil suprême de coopération stratégique, a-t-il souligné.
Ben Mustapha mise d’ailleurs sur cette rencontre qui "permettra d’évaluer la réalité des relations tuniso-turques et d’explorer de nouveaux domaines de coopération pour servir les intérêts communs des deux pays ".
"L’approfondissement de la consultation et l'exploitation de divers cadres et mécanismes de coopération bilatérale contribueront à hisser la coopération économique au niveau des relations politiques distinguées", a-t-il expliqué.
- Commerce
Côté commerce, Ben Mustapha a estimé qu’"il y avait un désir d'augmenter le volume des échanges commerciaux". Il a, à cet effet, noté la volonté affichée par la Turquie d'importer de nombreux produits tunisiens et d'augmenter leur part sur le marché turc. Le sujet fait, d'ailleurs, l'objet d'un suivi à plusieurs niveaux, notamment dans le cadre du Conseil d'Association Turquie-Tunisie, a-t-il précisé.
La Tunisie sera-t-elle, par ailleurs, la porte d'entrée de l'Afrique pour les hommes d'affaires turcs ? En réponse à cette question, le diplomate tunisien a tenu à préciser sa position.
A ses yeux, la Tunisie, qui a donné son nom historique (Ifriqiya) au continent, est en mesure de jouer un rôle encore plus important.
La Tunisie jouit, en effet, d’une situation géographique stratégique et affiche un l'intérêt croissant pour le développement des relations et de la coopération avec l'Afrique, a affirmé Ben Mustapha.
"Nous avons pris plusieurs mesures ces dernières années, qu'il s'agisse d'étendre la représentation diplomatique tunisienne en Afrique ou de rejoindre les communautés économiques régionales du continent", a-t-il déclaré.
"Ainsi, de nombreuses formes de partenariat entre la Tunisie et la Turquie sont envisageables pour enrichir leur coopération en Afrique", a-t-il estimé.
- Culture et tourisme
Au-delà du commerce, le diplomate tunisien a prôné d’autres formes de coopération entre Tunis et Ankara.
"Il semble difficile de limiter les domaines de coopération entre la Turquie et la Tunisie, compte tenu du grand patrimoine culturel entre les deux pays, et de la multiplicité de leurs dénominateurs communs historiques et culturels", a-t-il indiqué.
"Les succès remportés par les deux pays à de nombreux niveaux justifient le sérieux désir de développer les relations, et l'avenir confirmera le bien-fondé de cette approche", a encore assuré l'ambassadeur, dont l’enthousiasme est notamment nourri par l’affluent de la culture.
"Il existe un désir commun de renforcer les relations culturelles entre la Tunisie et la Turquie, et nous travaillons à l'ouverture prochaine d'un centre culturel tunisien à Istanbul, lequel servira de plate-forme importante pour développer la coopération dans ce domaine", a-t-il annoncé.
L'ambassadeur a également noté que son pays œuvrait à mieux promouvoir le tourisme tunisien auprès de ses frères turcs. Ainsi, "la Tunisie sera présente chaque année à des expositions et à des événements organisés en Turquie pour développer les relations économiques et culturelles et encourager les frères turcs à se rendre en Tunisie", a-t-il expliqué.
"Les touristes et les investisseurs turcs sont les bienvenus dans notre pays", a-t-il insisté.
Les perspectives de développement des partenariats entre les acteurs de tourisme seront d’ailleurs examinées, entre autres, au cours de la deuxième session du Conseil suprême de coopération stratégique.
L'ambassadeur a ajouté qu’"après le succès de sa transition démocratique, la Tunisie aspire à la réussite de la transition économique, en capitalisant sur son propre potentiel et sur le soutien des pays frères, y compris la Turquie, qui a soutenu la révolution tunisienne, depuis le début".
La Turquie a, en effet, misé sur des relations nouvelles et fortes avec la Tunisie, depuis 2011. Ankara avait alors apporté une assistance matérielle et logistique à Tunis et les relations entre les deux capitales s’étaient élevées à un niveau stratégique.
La Tunisie est devenue, dès lors, une destination pour les investissements turcs. Cinquante institutions économiques turques dans divers secteurs sont actuellement actives en Tunisie, où elles ont contribué à la création de 2 500 emplois (dont une centaine consacrés aux Turcs en Tunisie).
L'Agence turque de Coopération et de Coordination (TIKA), créée en 1992, a ouvert son bureau tunisien à Tunis en 2012, offrant plusieurs subventions et dons, y compris du matériel pour soutenir l'infrastructure et les municipalités en Tunisie.