Baykar et Leonardo s’allient pour développer des drones de nouvelle génération
-Baykar et Leonardo signent une coentreprise pour LBA Systems : les deux géants de la défense produiront ensemble des « systèmes autonomes de nouvelle génération ».

Ile-de-France
AA/Istanbul/Esra Taşkın/Şeyma Yiğit/Lejla Biogradlija
Un accord de coentreprise baptisée LBA Systems a été signé lundi entre Baykar, principal fabricant turc de drones, et Leonardo, l’un des plus grands groupes de défense en Europe, lors du 55e Salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget.
Roberto Cingolani, PDG de Leonardo, et Selcuk Bayraktar, président de Baykar, ont paraphé cet accord historique.
Cingolani a annoncé que Baykar et Leonardo avaient conclu un partenariat pour le développement de « systèmes de drones de nouvelle génération », dont la production devrait débuter dans un délai court, se disant satisfait de cette signature.
Affirmant qu’il existe une lacune en matière de drones au sein de l’OTAN et en Europe, Cingolani a précisé que les deux entreprises ont déjà entamé des travaux sur l’intégration des systèmes de charge utile, avec pour objectif une première opération d’atterrissage réussi sur un porte-avions de la marine italienne d’ici la fin de l’année.
Dans le cadre de cette initiative, la production se fera sur quatre sites en Italie, dont Ronchi dei Legionari, et un processus de certification des nouveaux appareils est prévu, avec une échéance fixée à 2026.
L’objectif est de répondre aux besoins du marché européen, confronté à une importante pénurie de systèmes UAV.
Interrogé sur les raisons qui ont conduit Leonardo à s’allier avec Baykar, Cingolani a déclaré :
« Lors de notre première visite chez Baykar, nous avons été frappés par leur incroyable capacité de production. Il y avait des centaines, voire des milliers de jeunes la moyenne d’âge tournait autour de 29 ans et une capacité de production massive, presque autonome en composants de base et en capteurs électroniques. »
« Ce n’était pas seulement une usine, c’était une véritable ville », a-t-il souligné.
« Baykar est aujourd’hui l’un des plus grands vendeurs de drones au monde. Il y a forcément une raison à cela. Leur croissance rapide, leurs performances techniques et commerciales, mais aussi l’esprit de l’entreprise sont uniques. »
Cingolani a déclaré qu’ils avaient discuté de la complémentarité technologique avec Baykar, à la suite de l’impression positive laissée par les installations de l’entreprise turque, avant de décider de lancer une coentreprise.
Affirmant qu’il estime nécessaire de renforcer le flanc est de l’OTAN, il a ajouté :
« Je pense que l’une des priorités, c’est que l’Europe, ainsi que des pays comme la Türkiye, doivent créer des alliances, développer des modèles économiques plus solides et faire émerger de nouvelles technologies. Sinon, l’alliance de l’OTAN ressemblera à une table avec un pied grand et un pied petit… ce n’est pas stable. Il faut donc se remobiliser. »
Cingolani a précisé que des avancées significatives avaient été réalisées avec Baykar dans le domaine technologique, en dehors de toute considération politique. Lorsqu’on lui a demandé s’il était envisageable de combiner la technologie et les armes turques avec celles de Leonardo, il a répondu :
« Quand on s’associe, comme dans cette coentreprise, les portefeuilles s’ouvrent l’un à l’autre. Pourquoi pas ? Tout dépendra des exigences spécifiques, du marché, des coûts, et de la faisabilité technique. Il n’y a aucune limitation. Nous n’imposons aucune restriction aux futures installations, que ce soit dans les systèmes gérés ou dans d’autres domaines potentiels. Bien sûr, nous réfléchissons sur le long terme, donc d’autres secteurs de coopération pourraient émerger à l’avenir. »
De son côté, Selcuk Bayraktar a expliqué que leur choix de collaborer avec Leonardo s’expliquait par l’excellence technologique de leurs systèmes radar et de leurs charges utiles.
Il a qualifié cette collaboration de « partenariat complémentaire remarquable » et indiqué qu’un accord de coopération avait été officiellement signé entre les deux entreprises.
Affirmant qu’ils entretiennent une très bonne coopération avec Leonardo et qu’ils souhaitent la renforcer, Selcuk Bayraktar a déclaré :
« Il est toujours préférable de construire des partenariats, des alliances, de créer des synergies et de s’assurer que les intérêts et les objectifs sont alignés. Nous avions déjà une collaboration avec Leonardo, et nous en étions satisfaits. »
Soulignant que cette coopération est importante non seulement pour l’Europe et l’OTAN, mais aussi pour la sécurité mondiale, il a ajouté :
« Nous croyons en cette collaboration, et nous ferons en sorte qu’elle fonctionne. Nous ferons de notre mieux, nos équipes donneront le meilleur d’elles-mêmes, pour le bien du monde entier. »
Bayraktar a précisé que les équipes poursuivent des recherches dans des domaines de coopération mutuelle et que de nouvelles collaborations pourraient voir le jour à l’avenir, notamment dans des secteurs comme l’espace. Il a enfin noté que la technologie évolue rapidement dans le domaine de l’aéronautique et qu’ils suivent ces développements de près.
– « Les travaux porteront d’abord sur les plateformes Bayraktar TB3 et Akinci »
Après la conférence de presse, Selçuk Bayraktar a déclaré à Anadolu :
« Notre coentreprise créée dans le cadre du partenariat Leonardo–Baykar a vu le jour aujourd’hui. Les premiers travaux porteront sur les plateformes Bayraktar TB3 et Akinci. »
Bayraktar a également indiqué que des négociations entre Leonardo et Baykar sont en cours dans le domaine spatial, ajoutant que la coopération se concentre principalement sur les plateformes développées conjointement par les deux entreprises.
« La Türkiye est aujourd’hui le pays qui coopère avec le plus grand nombre de pays dans le domaine des drones, notamment pour la conquête des marchés internationaux », a-t-il affirmé. Baykar détient 60 % du marché mondial des exportations de drones, tandis que la Türkiye en détient 65 %, a-t-il ajouté.
Concernant une éventuelle expansion sur les marchés d’Europe occidentale, Bayraktar a précisé :
« Nous travaillions déjà avec des pays européens et membres de l’OTAN. Avec cette alliance, nous pensons pouvoir atteindre une capacité bien plus forte grâce aux opportunités qu’offre un portefeuille élargi, notamment dans les systèmes de charge utile. »
Bayraktar a réaffirmé leur volonté de conserver leur rôle de pionnier dans le domaine des drones en maintenant un effort constant d’innovation :
« Au nom de la Türkiye et de notre vision du mouvement national pour la technologie, nous travaillons aussi dans le domaine spatial. »
Il a rappelé que depuis la fondation de Baykar, leur objectif sur 20 ans a toujours été de développer le drone de combat Kizilelma, affirmant :
« Kizilelma va révolutionner l’aviation et le combat aérien. De plus, le Bayraktar TB3 et les versions navales de Kizilelma vont bouleverser le combat aérien naval. Tels sont nos objectifs dans le domaine des drones. »
Bayraktar a aussi mentionné les efforts de Baykar dans le domaine de la mobilité intelligente volante, en soulignant leur volonté de continuer à travailler avec des jeunes engagés dans le projet technologique national, pour rendre la Türkiye totalement indépendante et prospère dans tous les domaines technologiques.
Il a salué la valeur ajoutée de cette coentreprise dans le renforcement des liens existants entre l’Italie et la Türkiye, et l’importance de développer une coopération sécuritaire plus étroite entre la Türkiye et l’Europe.
Le monde traverse une période de ruptures technologiques et géostratégiques, a souligné Bayraktar :
« Ce sont des périodes complexes, où l’on ne sait jamais où ni quand une crise ou un conflit peut éclater. »
Concluant que ces alliances sont essentielles pour la paix et la stabilité mondiales, il a affirmé :
« Le succès et l’élan de notre pays dans l’industrie de défense, notamment ces 20 dernières années, marquent désormais les esprits dans le monde entier. Je suis convaincu que cette coopération ouvrira de nouveaux marchés et permettra d’atteindre des capacités encore plus élevées. »
Objectif : l’Europe et les marchés internationaux
Grâce à cette coentreprise, Baykar et Leonardo visent à évaluer conjointement les opportunités sur les marchés européens et internationaux.
Les deux entreprises ont également convenu d’explorer de nouveaux domaines de coopération, allant des partenariats commerciaux impliquant leurs plateformes existantes à des projets communs à développer dans des écosystèmes numériques multidimensionnels.
Plusieurs sites de Leonardo seront mobilisés dans le cadre de cette coentreprise: Ronchi dei Legionari, identifié comme centre d’excellence pour les systèmes autonomes ; Turin, où seront conduites les activités d’ingénierie et de certification, Tiburtina, à Rome, qui accueillera le développement de technologies intégrées multidimensionnelles, ainsi que Grottaglie, spécialisé dans la production de matériaux composites avancés.
Un protocole d’accord relatif à cette coentreprise avait été signé en mars dernier à Rome.
Traduit de l'anglais par Sanaa Amir