Tai Chi, un art martial qui séduit les Tunisiens
- Une efficacité thérapeutique confirmée, en attendant son adoption par les hôpitaux tunisiens

Tunisia
AA/ Tunis/ Afef Toumi
Pour connaître de près le Tai Chi, il suffit de se diriger à une heure fixe chaque matin au parcours de santé du complexe sportif d’El Menzah, dans la capitale tunisienne Tunis. Ils se rassemblent à 8h, fidèles à leur exercice quotidien, quelques dizaines de citoyens de toute tranche d’âge et de toute classe sociale. Là bas, le Tai Chi les unit. Quelques mouvements d’échauffement sont nécessaires, en attendant que les retardataires du groupe rejoignent le parcours.
Le maître, Badis Zouiten, est le guide de ce voyage matinal à la recherche des points forts les plus inaccessibles du corps. Des mouvements fluides, souples, lents et très étudiés sont effectués par le groupe selon un enchaînement qui tend vers une chorégraphie, une performance théâtrale.
Un art martial redoutable mais différent :
« Les mouvements sont exécutés avec lenteur, ça apaise le mental, ça calme les nerfs », indique Badis Zouiten, après les premiers mouvements. «Ça a l’air d’une danse, mais, c’est un art martial parmi les plus redoutés au monde », enchaîne-t-il.
En effet, il s’agit d’un art martial, tout comme le Karaté, le Kung-fu et le Taekwondo. Cependant, il existe une différence que Badis expliquera plus tard dans la séance : « Il y a des arts martiaux qui se basent sur la défense externe comme le Kung-fu, le Karaté ou le Judo, c’est la force externe du corps qui les caractérise. Par contre, le Tai Chi est un art de défense qui nécessite une force qui vient de l’intérieur, car toute force extériorisée provient de l’intérieur avant tout », précise-t-il avant de reprendre la démonstration.
C’est l’heure du combat…
Une fois les échauffements finis, tout le monde passe à l’étape du combat, deux à deux. Qui entend combat imagine deux personnes qui se battent pour que l’une gagne et l’autre perde. Toutefois, le combat s’inscrit dans la même logique expliquée par le maître Badis, celle de l’extériorisation de la force interne la plus profonde du corps, de faire preuve de présence d’esprit et d’une extrême concentration, et sur les points forts de soi-même et sur les points faibles de celui en face, le défi est de le déstabiliser.
Le Tai Chi au service des autres arts martiaux:
Grâce à ses spécificités, le Tai Chi apporte le plus aux autres arts martiaux. Il permet de se connaître mieux et surtout d’avoir davantage de confiance en ses capacités. « D’ailleurs, les grands maîtres du kung-fu, par exemple, recommandent aux combattants ayant un niveau avancé de passer absolument par le Tai Chi pour renforcer tout ce qui est spirituel en chacun, se connaître de l’intérieur. On dit que connaître les autres c’est sagesse et que se connaître soi-même c’est sagesse supérieure », explique Badis Zouiten.
Raoudha Laabidi, une élève des plus brillants, selon Badis, faisait du Kung-fu. Elle a beaucoup lu sur le Tai Chi traditionnel et a très bien connu cette pratique théoriquement. Elle a vécu l’expérience et vient tous les jours, depuis 2 ans, pour se relaxer et surtout pour soigner ses articulations affectées après de longues années de Kung-fu. « Il faut d’abord faire la différence entre le Tai Chi traditionnel et le Tai Chi dont le but est de s’inscrire dans les compétitions. Au début, je pratiquais ce dernier, mais j’ai rapidement conclu que ce n’était pas ce que je recherchais, le Tai Chi traditionnel est la pratique qui rend plus fort, plus confiant, plus immunisé sans recours à la force musculaire ou l’acte agressif », précise-t-elle.
Raoudha a touché concrètement la preuve de l’efficacité de cette pratique. « Je souffrais de douleurs articulaires, j’étais toujours sur mes nerfs, j’avais des problèmes de dos, maintenant plus rien ne me gêne car j’ai vécu moi-même le résultat après quelques mois d’exercices ».
Ce n’est pas tout, on parle aussi d’un homme diabétique dont le taux de glycémie a baissé remarquablement grâce à des séances régulières de Tai Chi. Un vieil homme de 82 ans, souffrant d’une tachycardie et d’un problème cardio-vasculaire chronique, a rejoint le groupe il y a trois mois. Son cardiologue n’arrive pas à croire le résultat : son cœur a repris son rythme normal. Le rythme de sa marche s’est aussi accéléré.
Pourquoi pas de collaboration avec les hôpitaux en Tunisie?
La question se pose bien évidemment. « Aux pays occidentaux on a admis l’efficacité de cette pratique thérapeutique. Des dizaines d’études et de recherches médicales en parlent. Ils ont fini par l’intégrer dans les hôpitaux, notamment aux services de cardiologie, de pédiatrie et de psychiatrie. En Tunisie, je l’ai proposé au ministère de la Santé, études et documents à l’appui…J’attends une réponse depuis des mois », conclut Badis avec beaucoup de regret.
Le seul maître tunisien certifié en Tai Chi a donc choisi de faire propager cette pratique chinoise traditionnelle en Tunisie gratuitement et ouvertement.
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