AA / Montréal / Hatem Kattou

José Mourinho, “The Special One” est de retour après une traversée de désert et une absence des terrains de football de moins d’une année.

Le coach portugais, qui s’est autoproclamé "The Special One", lors d’une célèbre conférence de presse alors qu’il officiait à la tête du club londonien de Chelsea, retourne, une fois de plus, dans la Ville-monde, à la tête, cette fois-ci, des Spurs de Tottenham, modestes dixièmes de la Premier League.

Finaliste malheureux de la dernière édition de la Ligue des champions de football face à un autre club anglais, Liverpool, Tottenham a sombré, en ce début de saison, cumulant les défaites et les scores de parité malgré un effectif riche et de qualité (Harry Kane, Son, Diarra, Moura, Rose…).

Résultat logique de cette descente aux enfers, qui a tardé selon certains observateurs de la Premier League anglaise, l’entraineur des Spurs, l’argentin Mauricio Pochettino, a été remercié, la semaine écoulée, par le président du club, Daniel Levy.

Le nom de son remplaçant ne s’est pas fait attendre, il s’agit du coach portugais, ancien entraineur du FC Porto, de l’Inter de Milan, du Real Madrid, de Chelsea et de Manchester United, excusez du peu, José Mourinho.

Attendu au tournant par ses multiples critiques et détracteurs exaspérés par son attitude souvent provocatrice et qui fustigent notamment, son caractère un brin moqueur, Mourinho est également attendu avec impatience par ses nombreux funs et adulateurs dans la galaxie football.

L’annonce de sa nomination faite mercredi, il débarque au Tottenham Hotspur Stadium dans la banlieue nord de Londres, le jeudi à 6h30, pour préparer son premier match prévu deux jours plus tard.

Le résultat ne s’est pas fait attendre. Samedi après-midi, au terme d’une cinquantaine de minutes de jeu, les coéquipiers de Harry Kane menaient au score par le score sans appel de trois buts à zéro. Une métamorphose pour des joueurs méconnaissables quelques semaines et jours plus tôt.

Bien que son adversaire du jour, West Ham, encore un club londonien, ait réussi à réduire le score lors de l’ultime quart d’heure, il n’en demeure pas moins que Tottenham a réussi à s’imposer avec des célébrations spectaculaires des buts, non pas par les buteurs ou les passeurs, mais par…José Mourinhou, sur le banc de touche. A croire qu’il communique à ses poulains son dynamisme, sa joie de vivre footballistique, son implication de tous les instants et sa passion ravageuse.

Notons que cette victoire, bien que remportée à Londres, est considéré, hasard du calendrier, comme un succès glané à l’extérieur. Il s’agit de la première victoire des Spurs à l’extérieur en championnat depuis le début le mois de…janvier 2019. De plus, le onze de Tottenham n’avait pas empêché les trois points au cours de ses cinq dernières sorties en compétition.

Est-ce l’effet du "The Special One", s’agit-il du fameux choc psychologique généré par le changement d’entraineur qui provoque un sursaut d’orgueil ? Autant de questions qui méritent réponse.

Fait notoire à souligner, la déclaration du technicien lusophone à l’issue de la rencontre. Avec une modestie et un sens de l’humilité, inhabituels, Mourinho a souligné : « J’aurais détesté si quelqu’un disait ‘Jose a eu un impact’. Je n’ai eu aucun impact. Rien. Je les ai juste aidés un peu pour gagner ce match. Je pense que l’équipe a eu 60 minutes incroyables, un contrôle total, une domination totale en utilisant le principe que nous avons apporté aux séances d’entraînement ».

Apportant, néanmoins, son grain de sel, Mourinho n’a pas raté l’occasion, pour défendre ses joueurs qui ont encaissé deux buts en fin de rencontre, pour « blâmer la nature des choses, les trêves internationales. Certains joueurs ne sont arrivés qu’hier ».
Trois jours plus tard, le portugais réédite sa prestation en remportant son deuxième succès de rang à la tête de Tottenham.
Dans un tout autre registre, en l’occurrence celui de la Ligue des champions, le club londonien a battu, à domicile, la formation grecque de l’Olympiakos par 4 buts à 2.

Menés, à la stupeur générale, par deux buts à 0, inscrits au début du match en l’espace de 13 minutes, les londoniens se sont surpassés en renversant la vapeur et en scorant à quatre reprises. Une victoire synonyme d’une qualification au tour suivant. Il s’agit, donc, incontestablement, d’un début tonitruant, du coach portugais, à la barre technique de Tottenham.

N’ayant pas le temps de travailler en profondeur les aspects tactiques en moins d’une semaine, pour conférer son style de jeu, le technicien portugais a insuffler une nouvelle dynamique et a su remobiliser des joueurs, talentueux certes, mais qui évoluaient dans une ambiance délétère depuis plusieurs mois.

L’avenir nous dira si Mourinho parviendra à appliquer ses méthodes et à rehausser encore plus le niveau d’un groupe qui n’a pas démérité la saison écoulée, au plan continental, en atteignant la finale.

"The Special One" doit son sobriquet au gain des championnats et des coupes dans tous les pays où il avait évolué de même qu’il a remporté un triplé historique avec l’Inter de Milan en 2009 (Championnat, Coupe, Ligue des champions) ainsi qu’une LDC(2004) et une coupe UEFA avec les Dragons et une Ligue Europa avec les Red Devils (2017).

Pour illustrer et résumer la carrière de Mourinho en tant qu’entraineur, il convient de noter que depuis 2003, il a remporté au moins un titre par saison, à l’exception des années 2013-2014 et 2018.

Un palmarès, qui ferait envier plus d’un, a valu, entre autres distinctions, à l’inimitable technicien, le « Ballon d’or « des entraineurs décerné par la FIFA en 2010 mais aussi son surnom auto-attribué et qui lui sied à merveille.