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Royaume-Uni : les forces spéciales britanniques accusées d'avoir délibérément tué des Afghans

- Des documents judiciaires fuités montrent que l'armée est préoccupée par une potentielle "politique délibérée" d'assassinat de civils afghans

Mourad Belhaj  | 04.08.2020 - Mıse À Jour : 05.08.2020
Royaume-Uni : les forces spéciales britanniques accusées d'avoir délibérément tué des Afghans

London, City of

AA / Londres

Des documents fuités affirment que les forces spéciales britanniques ont perpétré des meurtres délibérés en Afghanistan, ont rapporté lundi des médias locaux.

Les documents du tribunal et les courriels internes de l'armée, qui faisaient partie d'une affaire judiciaire en cours pour savoir si des meurtres avaient fait l'objet d'une enquête en bonne et due forme, étaient liés au meurtre de 33 civils afghans, selon la BBC et le Times.

Cette affaire fait suite à une plainte déposée par Saifullah Yar, dont les membres de la famille ont été tués par les forces britanniques lors d'un raid nocturne en Afghanistan en février 2011.

Yar a perdu son père, deux frères et un cousin.

Un soldat britannique a déclaré dans un e-mail qu'il avait "entendu des rumeurs" sur le "dernier massacre", selon les rapports des médias.

Les documents montrent également qu'un officier militaire britannique de haut rang s'inquiète d'une "politique délibérée" visant à " affronter et tuer sur place des hommes en âge de combattre, même s'ils ne représentent pas une menace ".

En langage militaire, "A" est un homme afghan, "B" est un bâtiment, "c/s" est un ou des soldats, et "AK" est un fusil AK-47.

C’est ainsi que dans un échange de courriels, un soldat a déclaré "En gros, ce doit être la dixième fois au cours des deux dernières semaines que, lorsqu'ils ont envoyé un B dans le A pour ouvrir les rideaux ( ??), il est réapparu avec un AK".

Et de poursuivre : "Ensuite, lorsqu'ils sont revenus dans un autre A avec un autre B pour ouvrir les rideaux, il a pris une grenade derrière un rideau et l'a lancée sur le c/s".

"Heureusement, elle n'a pas explosé... c'est la huitième fois que cela se produit. Et finalement, ils ont tiré sur un gars qui se cachait dans un buisson et qui avait une grenade dans les mains. Vous ne pouviez pas l'inventer !", peut-on lire dans ces courriels.

Dans un autre e-mail, un officier supérieur des forces spéciales demande si quelqu'un a "trouvé une explication" au fait que les supposés combattants talibans "gardent des grenades dans leurs poches" et "rentrent dans des bâtiments pendant la phase de recherche et en ressortent avec une arme contre toute une équipe de choc".

L'avocate de Yar, Tessa Gregory du cabinet Leigh Day, a déclaré : "Le matériel divulgué est profondément troublant".

Et d’ajouter : "Non seulement il montre que la division afghane a immédiatement soulevé de sérieuses inquiétudes, concernant les meurtres des proches de notre client, mais il montre également que des membres de l'armée britannique ont soulevé, au même moment, des inquiétudes sur le fait que ces exécutions faisaient partie d'un ensemble de meurtres commis par la même division".

L’avocate a souligné qu'il y avait même une "suggestion qu'il y avait une politique délibérée de tuer des hommes en âge de combattre alors qu'ils ne représentaient aucune menace".

"Il est très préoccupant que tout cela soit presque resté caché", a-t-elle déclaré. "Cela ajoute substantiellement à l'inquiétude de notre client qu'il y ait eu une dissimulation et cela fait qu'il est plus déterminé que jamais à découvrir la vérité sur ce qui est arrivé à ses proches."

Un porte-parole du ministère de la défense a déclaré : "Ce n'est pas une nouvelle preuve, et cette vieille affaire a déjà fait l'objet d'une enquête indépendante par la police militaire royale (RMP) dans le cadre de l'opération Northmoor. Elle a également fait l'objet de quatre évaluations menées par une équipe indépendante ".

"Ces documents ont été examinés dans le cadre des enquêtes indépendantes, qui ont conclu qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves pour renvoyer l'affaire devant les tribunaux ", ajoute le porte-parole.

Et de conclure : "La police militaire et le procureur militaire restent bien sûr ouverts à l'examen des allégations si de nouvelles preuves, de nouveaux renseignements ou de nouvelles informations venaient à être découverts".

*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj

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