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New-York : Malcolm X transformé dans la vie et la mort

- Le message de l'icône musulmane est toujours pertinent plus d'un demi-siècle après, dès lors qu’il continue d’inspirer les vies au-delà de la tombe.

Lassaad Ben Ahmed  | 21.02.2018 - Mıse À Jour : 21.02.2018
New-York : Malcolm X transformé dans la vie et la mort

Turkey
AA / NEW YORK

L'héritage d'un homme peut souvent changer en raison du temps et de la distance qui le sépare de sa mort.

Avant d'être abattu par balle par un assassin en 1965, Malcolm X a été dépeint dans les médias américains comme «un proxénète, un drogué et un voleur. C'était une démagogie honteuse. Son Évangile était la haine. »

Cinquante trois ans après, les points de vue sur l'icône des droits civiques ont pris un virage à 180 degrés.

L'homme qui a perturbé les hiérarchies politique et sociale dans ce pays, sans formation formelle au-delà de la huitième année, est maintenant universellement accepté et considéré comme une source de fierté pour les noirs, les non-noirs, les musulmans et les non-musulmans.

La capacité de Malcolm X à transformer sa vie et sa condition continue d'être probablement l'aspect le plus séduisant de son existence pour ceux qui partagent une affinité pour l'homme et son héritage.

Abdul Osman s'est inspiré de l'exemple de la vie de Malcolm X pour changer son passé de criminel condamné à celui d'un homme qui essaie, désormais, d'enseigner à d'autres comment les difficultés personnelles et les déboires peuvent être utilisés dans la poursuite de l'accomplissement personnel et l'indépendance économique, comme l’a enseigné Malcom X.

"J'aime la transition, de la vie de cet homme autrefois trafiquant de drogue, proxénète et alcoolique à une vie dénuée de toutes ces choses », a t-il confié à Anadolu alors qu'il se tenait debout devant une vitrine fermée le long de la 125 ème avenue à Harlem, New York.

"Et j'ai vécu un style de vie similaire parce que j'ai eu l'expérience de la prison... C'est pourquoi j'ai changé mon style de vie pour une existence meilleure. Maintenant, j'essaie d'enseigner aux gens une autre façon de vivre au lieu de voler les gens ou de commettre d'autres crimes de ce genre. Vous pourriez venir ici et travailler pour vous-même et essayer de gagner votre pain, vous améliorer personnellement ainsi que votre communauté et changer, ainsi, la fréquence du monde d'une certaine manière ».

Fortement inspiré, Osman a décidé d'étudier l'ensemble du dictionnaire.

"J'ai lu le dictionnaire, l'ensemble du dictionnaire, comme Malcolm X, de sorte que mon vocabulaire puisse être à la hauteur et, ainsi, comprendre ce qu'une personne dit. De la sorte, personne ne pourra me déboussoler et avoir l'ascendant sur moi, des choses comme ça, donc je pourrais savoir exactement où ils veulent en venir, ce qu'ils veulent dire et ce qu'ils veulent obtenir, ce qu'ils essaient de dire, ce qu'ils n'essaient pas de dire, les messages subliminaux, indirects, directs, tout cela et bien plus encore. Etre instruit et autodidacte, ce sont les enseignements que j'ai hérité de Malcolm X», a t-il ajouté.

Malcolm est venu à Harlem dans les années 1950 et a gagné la notoriété et la renommée en tant que premier ministre de la nation de l'Islam dirigée par l'honorable Elijah Muhammad, qui était son professeur personnel.

La maîtrise des leçons de son professeur l'a aidé à s'élever à la position de porte-parole national du groupe. Un poste qui a suscité la controverse en raison de certaines de ses positions qui ne semblaient pas toujours s'aligner avec l'Islam traditionnel.

Neal Shoemaker est un natif d’Harlem qui organise des visites de cette section de Manhattan depuis 1998. Il croit que nombreux sont ceux qui doivent beaucoup Malcolm X. Ces hommes qui l'ont entouré quand il est devenu un musulman dans la nation de l'Islam ; ces mêmes hommes qui ont occupé par la suite des postes importants dans l’organisation alors qu’ils étaient auparavant des «parasites» dans la Communauté, ont souffert le même sort que Malcolm X. Toutefois à l'instar de Malcolm X, ils ont tous été en mesure de transformer leur vie à travers les enseignements de Mahomet, a expliqué Shoemaker.

Il a déclaré que Malcolm X continue d'influencer la politique américaine au-delà de la tombe, citant un documentaire sur la vie de l'icône diffusé sur la télévision américaine un jour après l'anniversaire de sa mort.

Malcolm a souvent été attaqué par ceux qui ont prétendu qu’il utilisait les écritures bibliques et coraniques pour attiser les tensions raciales. Que ce soit de son vivant ou à sa mort, il a toujours été réduit à sa célèbre citation "par tous les moyens nécessaires".

Mais il enseignait aux noirs à à s’éduquer, à prendre le contrôle de leur vie et à respecter leurs communautés.

Ce message a motivé Aisha McBride depuis attirée par le style de cet homme à la fin de l’adolescence, quand elle est venue à New York.

«J'ai adoré, parce qu'il était musulman et c'est ainsi que j'ai cherché à en découvrir plus sur lui. 'Oh, il est musulman', à l'époque je pratiquais l'Islam alors j'ai été comme 'Oh, c'est moi aussi'. Puis j'ai réalisé qu'il était vraiment Pro noir », a-t-elle confié à Anadolu.

McBride a transmis sa connaissance de Malcolm X à sa jeune fille afin qu'elle soit en mesure de savoir qui elle est et qui l'aime avant tout. Mais au-delà de l'enseignement de l'homme, elle essaie de transmettre la capacité de Malcolm à surmonter les difficultés et les épreuves.

«Il est passé d'un état d'obscurité à un état de conscience et puis il s'est épanoui à partir de là. J’aurais juste souhaité qu'il ait pu continuer sa vie plus longtemps parce qu'il aurait été à l'origine de grands changements dans le monde», a t-elle partagé.

Il est impossible de dire comment Malcolm X aurait agi dans le climat politique actuel s'il avait vécu aujourd'hui en tant qu'homme d’État, un aîné qui aurait pu témoigner des jours turbulents des années 1960, des émeutes à l'échelle nationale à la fin de cette décennie, des ralentissements économiques, de la guerre froide, la chute du régime d'apartheid en Afrique du Sud, l'expansion des guerres étrangères et les élections de Barack Obama et Donald Trump.

« Je suis assez homme pour vous dire que je ne peux pointer du doigt ma philosophie actuelle mais je suis flexible », aurait admis Malcolm X au célèbre auteur de son autobiographie Alex Haley. Ces mots ont été prononcés trois jours avant qu'il ne soit abattu.

Malgré son évolution et son développement continuels, beaucoup croient que s'il était vivant aujourd'hui, Malcolm X ne s'écarterait pas des principes et des dénonciations enflammées sur le système.

« Son évolution a été écourtée », a déclaré Nova Fuller, un marchand ambulant de Harlem dont le père croyait que Malcolm X était un « fou » à cause de ses opinions.

« Dans le Royaume africain, vous ne devenez pas adulte jusqu'à ce que vous atteigniez la quarantaine. Ce n'est qu'alors que vous avez atteint l'âge adulte », a-t-il confié à Anadolu.

«Alors, pouvez-vous imaginer ce que l'homme aurait pu accomplir s'il était là où il était en 1965 quand il a été assassiné, le 21 février 1965 et qu'il avait vécu 30 ou 40 ans de plus ? », s'est t-il interrogé.

« Il aurait certainement eu une énorme influence sur nous et notre psychologie. Pas seulement les noirs, mais dans le monde entier. Les Européens le regardent. Les Arabes que j'ai rencontrés regardent Malcolm X. Et pas un regard de d’adulateur mais un regard réaliste. Ils aiment ce frère et le respectent pour ce qu'il a fait ».

Quel que soit le chemin qu'il aurait pu prendre dans les années suivantes, s'il avait survécu à ce jour fatidique en 1965, il n'est pas difficile d'imaginer que Malcolm X aurait continué d'être une force sur laquelle il est possible de compter.

Longtemps avant que le mouvement « les vies des Noirs comptent » (BLM) Malcolm X préconisait déjà ses principes.

Les mêmes questions, autrefois combattues par Malcolm, reviennent encore aujourd'hui telle que la discrimination raciale, la brutalité policière, les droits fondamentaux de la personne et bien d'autres encore.

« Il était comme une bombe nucléaire qui a frappé l'Amérique avec son intellect. Il n’a pas passé un seul jour dans une classe d'université. Son école était ces prisons dans lesquelles il a passé du temps, ici aux Etats-Unis », selon Fuller.

«J'ai des photos de lui en train d'enseigner dans la mosquée les thèmes relatifs à la formation d'un homme, ses responsabilités envers sa famille, ses enfants et sa femme. Seulement ces principes, si simples soient-ils, sont des principes que nous avons, encore aujourd'hui, besoin d'entendre », dit-il passionnément au souvenir de cet homme qu'il qualifie de « héros ».

« L'homme noir est sorti de la maison. Malcolm serait en train de nous dire de remonter notre pantalon, d'être fort, de défendre notre communauté, de se tenir à côté de sa femme, de rester près d'elle et de ses enfants. Et sur une portée internationale, il essayerait de créer une cohésion sociale comme il le faisait en 65. Se réunir, travailler à fond ».

Passant tellement de temps dans la ville où Malcolm X aiguisait ses compétences, Fuller ne peut s'empêcher de sentir qu'il marche sur les traces de la figure emblématique.

« A plusieurs reprises, j'affirme que l'esprit de Malcolm X est ici, à cet endroit même où nous sommes debout car je peux le sentir », a t-il partagé avant de conclure « Il y a une énergie. Je le sens partout, mais en particulier ici à Harlem, ce sentiment est bien plus fort parce qu'il a arpenté ces rues autrefois ».

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