France : en grève, les pharmaciens manifestent à Paris
- Revalorisation des honoraires, pénuries de médicaments et fermetures d’officines poussent les pharmaciens à fermer leurs portes ce jeudi.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Des centaines de pharmaciens ont manifesté, ce jeudi, à Paris, ainsi que dans plusieurs autres villes de France, alors que près de 90 % des pharmacies devraient être fermées ce jeudi 30 mai, selon l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO).
Les pharmaciens de toute la France sont en grève, jeudi, répondant à l'appel de leurs deux principaux syndicats, la Fédération des pharmaciens d'officine (FSPF) et l'USPO. Par voie de communiqué, ces syndicats expliquent que cette mobilisation vise à alerter sur plusieurs problématiques majeures : la pénurie de médicaments, la fermeture des officines en zones fragiles et la nécessité de revaloriser les honoraires des pharmaciens.
Une trentaine de rassemblements ont été prévus à travers la France, dont une manifestation à Paris, qui s'est élancée à 16 heures entre la Faculté de pharmacie en direction du ministère de l'Économie.
- Interpeller le gouvernement sur la pénurie de médicaments
Les pharmaciens dénoncent la persistance des pénuries de médicaments, qui affecte gravement les patients.
En 2023, près de 5 000 médicaments ont été signalés en "rupture de stock" ou en "risque de rupture" par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), un chiffre en hausse par rapport aux années précédentes.
Ces pénuries touchent des médicaments essentiels comme l'amoxicilline, les traitements anticancéreux et l'insuline. Les syndicats critiquent également la dérégulation du marché des médicaments et la vente en ligne, perçue comme une menace pour le réseau pharmaceutique traditionnel.
- Alerter sur les déserts pharmaceutiques
La fermeture d’officines dans les territoires fragiles est un autre sujet de préoccupation majeure.
Près de 2 000 pharmacies ont fermé au cours des dix dernières années, réduisant leur nombre total à environ 20 000 en 2024.
La Fédération des syndicats pharmaceutiques souligne le phénomène des pharmaciens partant à la retraite sans pouvoir céder leurs officines, ou encore des fermetures suite à des liquidations judiciaires. Cette tendance menace l’accès aux soins de premier recours, comme le souligne un rapport récent de la Cour des comptes.
- Réclamer une revalorisation de leurs honoraires
En pleine négociation avec l'Assurance-maladie, les pharmaciens demandent une revalorisation significative de leurs honoraires pour 2025.
Bien que leur rémunération dépende en partie des marges sur les médicaments et des gardes, une part importante provient des honoraires versés par l'Assurance-maladie pour chaque vente de médicament.
Les syndicats expriment un mécontentement généralisé face aux difficultés économiques rencontrées ces trois dernières années et exigent également une réforme du 3e cycle des études pharmaceutiques.
Interrogé à l'Assemblée nationale, Frédéric Valletoux, ministre délégué à la Santé et à la Prévention, a rappelé que la rémunération des pharmaciens s'est élevée à 7,3 milliards d'euros en 2023, en hausse de 20 % depuis 2019, tout en assurant vouloir "les écouter".