Comment le bébé Karim a été sauvé (Témoignages)
Karim a perd son œil et sa mère dans un raid du Régime syrien contre la localité de Hammouriya dans la Ghouta-Orientale

Damascus
AA/Damas/Mohamed Misto, Rana Jamous
Le personnel médical chargé de traiter le nourrisson Karim ont relaté les soins qu’ils lui ont prodigué à l’hôpital, après la perte de son œil, une fracture du crâne, et la mort de sa mère suite au raid aérien mené par les forces du Régime syrien sur la localité de Hammouriya, dans la Ghouta-orientale, il y a de cela un mois.
Le nourrisson Karim, dont Anadolu Agency (AA) avait publié l’histoire et les photos, a suscité une grande vague de solidarité sur les réseaux sociaux. La campagne de mobilisation lancée par des activistes, a également été marquée par la participation de personnalités publiques, d’ONG, et de médias du monde entier.
Karim est devenu ainsi le symbole de souffrance de la Ghouta-orientale, assiégée depuis plus de cinq ans ;
Le médecin Fahd Mohieddine a ainsi décrit l’état de Karim à son arrivée à l’hôpital, au correspondant d’Anadolu : «La blessure de Karim a provoqué une grave perte au niveau de la zone zygomatique, et dans la zone frontale du cerveau. Une grande partie du tissu cérébral a coulé en dehors du crâne ».
«L’opération a duré trois heures après l’endoscopie chirurgicale des tissus et la reconstitution des capsules cérébrales », a-t-il indiqué, notant qu’ils étaient obligés, en salle d’opérations, afin de protéger le tissu cérébral des infections, «d’enlever une petite partie du cuir chevelu pour couvrir la zone vide et permettre au tissu de se reconstituer » .
Mohieddine a souligné que, malgré son expérience de 25 ans et les différents cas qu’il avait traité, l’image du nourrisson Karim l’a profondément marquée.
Le médecin a remercié toutes les personnes qui ont participé à la campagne de solidarité avec Karim.
«Karim n’a pas perdu son œil seulement, mais aussi sa mère », a déclaré Ola Hijazi, l’infirmière.
Hijazi qui s’est occupée de Karim pendant la période du traitement, s’est déclarée très touchée : «la situation de Karim à son arrivée à l’hôpital était très critique, la blessure était importante. Après le scanner cervical, il s’est avéré, qu’il a une fracture au crâne, ainsi qu’une perte importante ; l’ophtalmologue a décidé de retirer son œil endommagé ».
«L’ablation de l’œil de Karim n’attendait aucune autorisation parce que l’œil a perdu le nerf optique, la seule solution était d’extraire tout l’œil. Nous n’avons toujours pas trouvé une bille en gel (artificielle) pour le remplacer, l’orbite est toujours vide », a-t-elle ajouté.
L’infirmière a indiqué que «le changement quotidien du pansement de Karim lui infligeait une grande douleur, que ‘nous ressentons également pour lui ».
« Karim passait toute la journée à l’hôpital et il y avait trois infirmières qui alternaient les soins et veillaient sur lui en permanence », a-t-elle expliqué avant d’ajouter que les infirmières souffraient toutes pour le petit Karim.
Hijazi a affirmé qu’ils ont essayé de fournir ce qu’était possible pour Karim, mais les moyens dans la Ghouta-orientale assiégée étaient très limités.
«Nous voyons chaque jour des enfants blessés dans la Ghouta-orientale, en raison des raids», a-t-elle ajouté, soulignant que le cas de Karim n’est pas isolé.
De leur côté, les employés de l’hôpital ont également soutenu Karim et ont organisé un sit-in, en fermant leur yeux gauches, en allusion à l’œil perdu de Karim.
Près de 400 mille civils vivent dans la Ghouta-orientale, dans des conditions humanitaires tragiques en raison du siège imposé par les forces du Régime syrien à la zone et du bombardement continu pendant plus de 5 ans.
Depuis près de 8 mois, le Régime syrien a intensifié le siège sur la Ghouta-orientale, en coopération avec des milices terroristes étrangères, ce qui a abouti à une pénurie de médicaments et de produits alimentaires dans la région.
A noter que les habitants de la Ghouta faisaient entrer les produits alimentaires via des tunnels secrets, jusqu’en mois d’avril dernier, avant que le Régime ne renforce son siège sur la ville.