AA / Tunisie / Yemna Selmi

L’Ordre des ingénieurs tunisiens (OIT) (organisme syndical indépendant) a organisé mardi une manifestation devant le siège du Parlement à Tunis pour protester contre la dégradation des conditions financières et professionnelles des ingénieurs.

« Cette manifestation vise à attirer l'attention sur les problèmes rencontrés par l'ingénieur en Tunisie », a indiqué Abdessattar Hosni, le secrétaire général de l'OIT, sous les regards des dizaines de ses collègues qui ont répondu à l’appel.

A Anadolu, cet ingénieur tunisien a dénombré les doléances et les problèmes de la profession. « La situation financière de l'ingénieur tunisien est très difficile, en particulier pour les salariés, qui ont vu leur pouvoir d’achat tellement sombrer, à ne plus être comparable avec les autres secteurs », a-t-il assuré, avant d’avancer les chiffres étayant sa position.

« Le salaire minimum reçu par l'ingénieur dans l'administration tunisienne se situe autour de 1300 dinars (500 dollars) et le salaire mensuel maximal ne dépasse pas les 1800 dinars (700 dollars). Il y a toutefois d’autres cadres dont le niveau académique est inférieur à celui des ingénieurs et qui touchent pourtant des salaires de 4000 dinars (1600 dollars) », a-t-il déploré.

Alertant que « certains ingénieurs vivent dans des situations critiques de précarité », le représentant de l’OIT a rappelé « une revendication fondamentale » de son organisme : « L’adoption par le Parlement de la loi organique réglementant la profession de l'ingénieur ».

Une telle loi est, selon cet ingénieur, le point de départ pour la mise à niveau de la profession, de manière à arrimer le statut de l’ingénieur tunisien avec celui de ses collègues dans les autres pays avancés, et de freiner le chômage de plus en plus répandu chez les diplômes des écoles d’ingénieurs.

« Le nombre d'ingénieurs au chômage s’est élevé à 5 mille en 2016, selon des statistiques recueillis auprès du ministère de l’Emploi. Aujourd'hui (2017) , leur nombre a dépassé les 10 mille », a détaillé le secrétaire général de l’OIT.

Les ingénieurs protestataires demandent également aux autorités de s’atteler au problème de la fuite des cerveaux. « Environ 2500 ingénieurs, parmi les meilleurs compétences qu’ait formées le pays et dont il a besoin, quittent la Tunisie chaque année pour travailler à l'étranger », a regretté Abdessattar Hosni.

L'Ordre des ingénieurs tunisiens comprend 61 mille ingénieurs enregistrés et 14 mille non-inscrits, ce qui porte le nombre total d'ingénieurs en Tunisie à 75 mille.