Afrique

Tunisie : Education, l’investissement sacré des parents

- 163 millions USD sont consacrés aux fournitures scolaires tandis que le budget alloué à l’éducation s’élève, à 2 milliards de dollars soit 15,1% du budget de l'Etat

Esma Ben Said  | 15.09.2017 - Mıse À Jour : 16.09.2017
Tunisie : Education, l’investissement sacré des parents

Tunis

AA/Tunis/Afef Toumi

Aujourd’hui, comme tous les 15 septembre de chaque année, l’attention de la majorité des Tunisiens est rivée sur les écoles et les lycées.

Le pays compte 2.08 millions d’élèves entre primaire et secondaire. Si chaque enfant est accompagné d'un seul parent, c’est pratiquement 40% de la population tunisienne (11 millions), qui converge ce vendredi vers les établissements de l’éducation.

Ici, comme dans de nombreux pays, aller à l’école est sacré aussi bien pour les familles que pour l’Etat. Pour les parents interrogés par Anadolu, le constat est sans appels : « réussir dans les études, c’est réussir dans la vie… ».

C'est d'ailleurs pour cela que les Tunisiens consacrent un large budget à l'éducation de leurs enfants.

Les chiffres récemment publiés par l’Institut National de la Consommation (INC) font état de 400 millions de dinars (163 millions de dollars) consacrés uniquement aux fournitures scolaires.

Le budget alloué à l’éducation s’élève, quant à lui, à 4,9 milliards de dinars (2 milliards de dollars), soit 15,1% du budget de l'Etat en 2018. Ceci, sans compter le transport, la paperasse nécessaire à l’inscription, les vêtements exigés à l'école (tablier, tenue de l’éducation physique)...

A chaque rentrée scolaire, des centaines de parents tunisiens font la course contre la montre pour assurer, à temps, tous les besoins de leurs enfants, en termes de fournitures scolaires et veillent à ce qu’ils ne manquent de rien.

Les uns optent pour les grandes surfaces, là où le choix leur semblerait meilleur, alors que d’autres préfèrent faire la queue à la librairie du coin, en étant sûrs d’y trouver ce qu’il faut et à un prix qui leur convient.

Toutefois, les fournitures scolaires sont souvent considérées par les parents comme "trop chères".

Un coût élevé

Selon Tarek Ben Jazia, directeur général de l’INC, les dépenses, par élève, pourraient être maîtrisées à 91 dinars (37 dollars) par élève pour l’enseignement de base (primaire). C’est une estimation en augmentation par rapport à l’année dernière, 79 dinars (32 dollars).

Il ressort également de l’INC que pour les élèves du collège, dont les besoins en fournitures sont plus importants, le coût de la rentrée varierait entre 137,670 dinars et 142,890 dinars (56 à 58 dollars).

Le coût de la rentrée est, d’autre part, évalué entre 137,050 et 148,255 dinars ( 56 à 60 dollars) pour les lycéens.

Dans ce contexte, Anadolu a interrogé la propriétaire d’une librairie à Tunis, Wafa Ben Mrad : « Les gens se dirigent forcément vers les endroits les moins chers, mais la plupart optent pour les librairies, pour éviter l’encombrement dans les grandes surfaces», explique-t-elle.

Elle considère que les gens sont plus attirés par les grandes surfaces, grâce au phénomène publicitaire qui accompagne chaque rentrée et les offres que présentent ces marchés au niveau de la fourniture, sans qu’ils ne s’aperçoivent que ces promotions les poussent à dépenser plus qu’il ne faut en achetant des articles imprévus dans la liste initiale.

« En optant pour l’achat des fournitures dans les grandes surfaces, les familles sont inconsciemment conduites à dépenser dans d’autres achats. Ils ne peuvent y échapper et c’est le but des publicités », poursuit l’interviewée, persuadée que les librairies offrent autant de choix et de qualité à des prix assez raisonnables.

Selon elle, le coût moyen d’un cartable « rempli » pour un élève de l’école de base ne devrait pas dépasser 60/70 dinars (24 à 28 dollars) et « c’est largement suffisant ». Quant aux élèves du collège, les dépenses ne dépasseraient pas les 90 à 100 dinars (36.5 à 40 dollars), et sont légèrement au-dessus de 100 dinars pour les lycéens.

« Ainsi, pour les familles nombreuses ayant plus qu’un enfant à l’école, la mission n’est pas impossible et il n’y a rien à craindre. Il faut, par contre, noter que notre marge de bénéfices, nous les libraires, reste modeste, comme par exemple pour les cahiers subventionnés », a-t-elle enchaîné, soulignant que ces cahiers sont vendus dans les supermarchés, alors que c’est interdit.

Un palier supérieur

Wafa a tenu à préciser que pour les gens qui exigent une qualité supérieure des fournitures, les dépenses sont évidemment plus importantes.

« Cela dit, si les parents sont à la recherche de la qualité, ils mettraient le doigt automatiquement sur les produits importés, dont les prix sont surréalistes, et ce, à cause de la dévaluation du dinar tunisien, entre autres », a mentionné la jeune femme.

Ce point-là a été confirmé par une maman, dont le fils est inscrit dans une école de base privée. Elle assure que les dépenses relatives aux fournitures scolaires de son fils dépassent facilement les 500 dinars (204 dollars), entre livres, cahiers, cartable, panier pour le goûter et autres accessoires.

Tiraillés entre le besoin de qualité et un budget limité, les parents se disent parfois « traumatisés » par la rentrée. Tout en voulant satisfaire les besoins de leurs enfants et les motiver à démarrer une nouvelle année scolaire, sans que rien ne leur manque.

Ce sont, par contre, les familles nombreuses qui en souffrent le plus, en ayant à acheter les fournitures de trois enfants ou plus. Certaines de ces familles obligent leurs enfants à quitter les écoles, faute de moyens.

En effet, il ressort d’une étude de terrain réalisée par la Délégation de l’Union européenne en Tunisie, dans certaines régions de l’intérieur du pays, que 40% des familles expliquent l’abandon scolaire par la pauvreté et la précarité.


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