Rwanda-France : Les conditions d'une vraie relance des relations
- Certains analystes suggèrent à la France de faire son mea-culpa afin de relancer un véritable rapprochement avec le Rwanda

Rwanda
AA/Kigali/Henri de Marie
Des évènements se sont succédés ces dernières semaines, montrant que les relations diplomatiques entre la France et le Rwanda sont en voie de connaître de nouvelles perspectives, constatent plusieurs spécialistes.
En effet, les présidents Paul Kagamé et Emmanuel Macron se sont rencontrés à New York le 18 Septembre, à l’occasion de la 72ème session de l'assemblée générale de l'Organisation des Nations-Unies (ONU).
C'était la première entrevue entre les deux chefs d'Etats. Une semaine plus tard, le 25 Septembre, c'est le parquet de Paris qui confirme l'ouverture d'une information judiciaire contre la banque française BNP Paribas pour sa présumée implication dans le génocide de 1994 au Rwanda. Autant de faits qui n'ont pas laissé les autorités rwandaises indifférentes.
«Il n’y a aucun intérêt à ce que nos deux pays n’avancent pas. Cela va être difficile, mais il faut être prêt à entamer une relation. Donc, quand la France sera prête -ou peut être la nouvelle administration sera prête-, nous, on a toujours signalé notre disponibilité à discuter.”, a déclaré à Anadolu Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères du Rwanda.
En 2009, pendant la présidence de Nicolas Sarkozy, les relations entre le Rwanda et la France tendaient vers la normalisation, selon la chef de la diplomatie rwandaise Louise Mushikiwabo. Les deux pays se sont rapprochés au point où l'ex-président français Sarkozy s'est rendu à Kigali en visite officielle en 2010.
Mais la lune de miel a été de courte durée, car depuis 2014, on assiste à nouveau, à un refroidissement des relations, dans la mesure où depuis Octobre 2015, le poste d'ambassadeur de France au Rwanda était vacant.
La réouverture par la justice française d'une enquête en Octobre 2016 sur l'assassinat du président Juvénal Habyarimana a encore rendu sombre des relations déjà fragiles.
«Tant que la France ne montrera pas la vérité de son implication dans le génocide, tant qu'elle ne déclasse pas les dossiers de Mittérand, ce sera toujours compliqué, en ce qui les relations entre les deux pays», a confié à Anadolu, le journaliste Deus Ntakirutimana.
Le rôle trouble de certaines puissances occidentales dans le génocide a affecté leurs relations avec le Rwanda. Mais la Belgique, la Grande Bretagne, les Etats-Unis et même les Nations-Unies ont fait leur mea-culpa. Ce qui leur permet d’avoir aujourd’hui une relation plus saine avec le Rwanda. Et certains analystes, suggèrent à la France d’adopter cette même attitude pour un véritable rapprochement entre les deux pays.
«Le coq gaulois est un peu fier, mais il doit être humble et demander pardon. Ce sera déjà un pas, car le Pape lui-même a demandé pardon au Rwanda puisque le génocide est un fait.», a affirmé à Anadolu Vénuste Karambizi, professeur de sciences politiques et de relations internationales.
Dès Janvier 2018, c'est le président rwandais Paul Kagamé qui prendra la tête de la présidence tournante de l'Union Africaine.
Ce sera donc à lui de gérer les dossiers chauds du continent durant cette période. Or le président Macron a la volonté de donner un nouveau dynamisme aux relations entre la France et le continent africain.
Il a même mis sur pied, dans ce sens, en Août 2017 un Conseil Présidentiel pour l'Afrique. Une collaboration s'impose entre les deux hommes d'Etats pour le bonheur des différents peuples d'après des experts.
«La France reste un partenaire très ancien de l'Afrique. Or le continent ne cesse d'offrir des opportunités, surtout économiques. Je pense qu'au-delà des personnes de Paul Kagamé et d’Emmanuel Macron, un partenariat sain doit s'établir pour en tirer des bénéfices de part et d'autres», a déclaré à Anadolu l'analyste Ange Hatangimana.