Energie: L’Algérie veut prendre son temps pour exploiter le gaz de schiste

Algeria
AA/Alger/Karim Kabir
Confrontée à la baisse de ses revenus depuis 2014 en raison de la chute des prix des hydrocarbures, sa principale ressource, l’Algérie entend renforcer ses capacités de production et élargir la base de ses réserves, y compris en recourant au développement des ressources non-conventionnelles d’hydrocarbures, comme le gaz de schiste, a suggéré mercredi à Alger le ministre de l’énergie, Mustapha Guitouni.
Toutefois, le Gouvernement veut se donner le temps d’autant qu’une partie de la population, notamment à In Salah (1500 km sud d’Alger), s’était déjà opposé en 2015 à des tests d’exploration, en raison des conséquences présumées sur l’environnement.
«L’Algérie n’est pas contrainte à se précipiter pour lancer le développement et l’exploitation de ces ressources», a indiqué le ministre lors d’une Conférence-exposition sur «la stratégie de transition énergétique 2030».
«Il est plus indiqué de s’atteler à mieux connaître les caractéristiques de ce potentiel en vue d'assurer, à moyen et long termes, l'indépendance énergétique du pays. Ces ressources non conventionnelles permettraient la couverture des besoins énergétiques du pays à très long terme », a-t-il affirmé, selon des propos repris par l’agence officielle, APS.
Selon lui, ces ressources ne sont en aucun cas une « source de rente pétrolière, idée que nous devons écarter dès à présent, pour éviter toute désillusion à l'avenir ».
D’après un rapport de la Sonatrach, le groupe pétrolier algérien, l’Algérie occuperait la quatrième place en termes de ressources techniquement récupérables en gaz de schiste derrière les Etats-Unis, la Chine et l’Argentine.
Début 2015, des milliers de personnes avaient manifesté à In Salah où des tests avaient été opérés sur des puits pilotes. La population locale, appuyée par la société civile, redoutait que la fracturation hydraulique, technique utilisée pour extraire le gaz de schiste de la roche où il est confiné, pollue l’environnement, notamment la nappe phréatique.
Face à cette levée de boucliers, le gouvernement a du renoncer momentanément en assurant que « la question d'exploiter ou non le gaz de schiste sera tranchée à l'horizon 2020, en fonction des technologies disponibles à ce moment-là».
Selon le premier ministre d’alors, Abdelmalek Sellal, le groupe Sonatrach menait «une étude pour faire connaître le potentiel d'énergies non conventionnelles de l'Algérie ».
Concernant les énergies renouvelables (EnR), Mustapha Guitouni a considéré qu’au-delà des hydrocarbures, il revient au pays de mobiliser toutes ses ressources notamment en ces énergies, et ce, grâce au très vaste potentiel dont il jouit à travers le solaire, l'éolien et la biomasse.
Selon le ministre, l’Algérie dispose actuellement de réserves prouvées récupérables d’hydrocarbures de plus de 4.000 milliards de Tonnes équivalent pétrole (TEP) dont plus de la moitié en gaz naturel.
Selon lui, le pays produit en moyenne ces dernières années autour de 150 millions de TEP dont quelques 100 millions de TEP sont exportés.
A ces réserves prouvées récupérables s'ajoute le potentiel appréciable de ressources d'hydrocarbures (probables et possibles) restant à découvrir, au vu du vaste bassin sédimentaire du pays, relativement peu explorée, a-t-il ajouté, selon la même source.
Mais pour renforcer ses capacités de production et élargir la base de ses réserves, l’Algérie entend revoir prochainement la loi sur les hydrocarbures pour attirer les investisseurs.
«Le gouvernement s’attèle à promouvoir l’investissement pour l’élargissement de la base de ses réserves et développer sa production d’hydrocarbures, notamment par l’amélioration du cadre juridique et fiscal afin de le rendre plus attractif », a affirmé Guitouni.
«Ceci se fera à travers la refonte de la loi sur les hydrocarbures engagée au niveau du ministère de l’Energie. Au vu de ces ressources conventionnelles d’hydrocarbures, un scénario moyen de production permettrait à l’Algérie de couvrir largement ses besoins énergétiques et à même de rester un exportateur significatif à l’horizon 2030, voire au-delà », a-t-il estimé.