Politique, Économie

Di Maio : EastMed pourrait être une alternative à moyen et long terme (INTERVIEW)

- C’est ce qu'a affirmé le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, dans un entretien accordé à l'Agence Anadolu (AA)

Meher Hajbı  | 18.01.2020 - Mıse À Jour : 18.01.2020
Di Maio : EastMed pourrait être une alternative à moyen et long terme (INTERVIEW)

Ankara

AA - Rome 

Le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio a estimé que le projet de gazoduc EastMed pourrait être une alternative à moyen et long terme.

C’est ce qui ressort de l’entretien accordé par le chef de la diplomatie italienne à l'Agence Anadolu (AA), durant lequel, il est revenu sur la position de son pays dans le conflit en Libye, les relations entre Rome et Ankara et le développement de la situation en Méditerranée orientale.

Pour Di Maio, “le projet de gazoduc EastMed pourrait être une alternative parmi d’autres à moyen et long terme en raison des coûts de construction”.

En effet, le 3 janvier dernier, la Roumanie, Chypre, la Grèce et Israël ont signé à Athènes, l'accord sur le gazoduc "EastMed" pour approvisionner l'Europe en gaz. Toutefois, le projet devrait rencontrer des obstacles en raison des différends frontaliers avec la République turque de Chypre du Nord (RTCN). 

Le chef de la diplomatie italienne a également évoqué les relations turco-italienne, “les relations entre les deux grands pays de la Méditerranée, la Turquie et l’Italie, sont fortes et merveilleuses”, a-t-il affirmé.

Quant à la situation en Libye, le ministre italien des Affaires étrangères a indiqué qu’une mission internationale de surveillance du cessez-le-feu pourrait être mise en place lorsque les conditions sur le terrain le permettront. 

“Quelle que soit la fragilité du cessez-le-feu, il s'agit d'une démarche positive et indispensable au dialogue politique et évidemment nous saluons l’initiative turco-russe qui a mis fin aux hostilités, si ce n’est de manière temporaire” a-t-il poursuivi.

Le 8 janvier, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et son homologue russe, Vladimir Poutine, ont appelé à un cessez-le-feu en Libye, auquel les parties ont d'abord répondu favorablement avant que les milices de Haftar ne le brisent. 

Le ministre italien des Affaires étrangères a expliqué le refus de Haftar de signer jusqu'à présent l’accord de cessez-le-feu, par la complexité de l'équation en Libye, appelant la Communauté internationale à collaborer ensemble pour consolider le cessez-le-feu à partir de la prochaine conférence de Berlin dimanche.

Dans ce contexte, le chef de la diplomatie italienne a exprimé son espoir que Haftar fasse preuve de sens des responsabilités et confirme son engagement à maintenir l'armistice.

Di Maio a également salué, au passage, la position du gouvernement d’entente et les efforts fourni pour l’instauration de la trêve en signant l’accord de Moscou.

Les attentes de l'Italie à la conférence de Berlin 

Le chef de la diplomatie italienne a fait savoir qu’il participerait au côté de son Premier ministre, Giuseppe Conte, à la conférence de Berlin, à laquelle 12 pays seront conviés.

Di Maio a affirmé que son pays a insisté sur la tenue de la conférence de Berlin avec la participation des nations directement touchées par la crise libyenne de manière constructive avant que la situation sur le terrain ne s'aggrave de manière irréversible.

“Les premières mesures pratiques, qui devraient être approuvées lors de la conférence afin de parvenir à un cessez-le-feu permanent, sont de mettre un terme aux interférences extérieures qui ont alimenté le conflit ces derniers mois” a-t-il soutenu.

Le ministre italien des affaires étrangères a jugé nécessaire la mise en place des mécanismes qui garantiront le plein respect de l'embargo sur les armes imposé aux parties libyennes, ainsi que d'évaluer la possibilité de former une mission internationale pour surveiller le cessez-le-feu lorsque les conditions sur le terrain le permettront.

La crise libyenne a renforcé les relations turco-italiennes 

Au sujet des visites croissantes entre les parties turque et italienne, Di Maio a souligné l'importance majeure de la Turquie pour l’Italie et l'Union européenne, en ce qui concerne les questions de sécurité au Moyen-Orient, la lutte contre la migration irrégulière et les politiques régionales.

Il a souligné qu'Ankara est un acteur essentiel pour la stabilité de la région, compte tenu de sa situation géographique. “La Turquie est consciente de l'ampleur des grandes responsabilités qui lui sont confiées” a-t-il assuré.

Proposition de l'Italie d'établir un mécanisme tripartite avec la Turquie et la Russie

La proposition d'établir un mécanisme tripartite russo-turco-italien sur la Libye a été abordée par le chef de la diplomatie italienne tout en louant l’initiative de Moscou et Ankara pour la mise à terme des hostilités.

“Compte tenu la nature des intérêts de l'Italie en Libye, Rome estime qu'il est important de renforcer et d'approfondir les consultations avec Ankara et Moscou” a-t-il avoué.

Il a expliqué que son pays avait présenté cette proposition aux parties turque et russe, afin d'établir un mécanisme tripartite, au niveau des hauts fonctionnaires et peut-être des sous-ministres dans un premier temps, pour la développer à l'avenir à un niveau politique plus élevé.

“Il n'y a pas de divergence entre les membres de l'Union européenne sur la Libye, mais parfois il peut y avoir une perception différente” a-t-il poursuivi.

“En étroite coopération avec mes homologues français, allemand et britannique, ainsi, le Haut représentant pour la sécurité et la politique étrangère de l'Union européenne, Josep Borrell, et je pense que nous avons apporté une forte contribution politique au cessez-le-feu” a-t-il estimé.

“Concernant nos relations avec la France, je voudrais mentionner que j'ai présidé avec mon homologue français Jean-Yves Le Drian, une réunion ministérielle sur la Libye à New York en septembre dernier, pour soutenir la piste de Berlin” a-t-il rappelé.

Par ailleurs, le ministre italien des Affaires étrangères a révélé que son pays a refusé de signer la déclaration finale de la réunion du Caire sur la Libye, avec la participation des ministres des Affaires étrangères d'Égypte, de France, d'Italie, de Grèce et de Rome le 8 janvier, “parce qu’elle était très déséquilibrée envers la Turquie et le gouvernement d’entente nationale”.

Abordant la question de l’OTAN et l’importance de la Turquie, Di Maio a assuré “partager l'avis de la chancelière allemande Angela Merkel, qui a déclaré en octobre que la Turquie devait rester membre de l'OTAN et nous devons faire des efforts pour que cela se produise”.

“Malgré les frictions dans la Méditerranée orientale ces derniers mois, la Turquie est un membre important de l'OTAN, et nous pensons qu'elle est d'une importance majeure pour l'Italie et l'Union européenne” a-t-il insisté.

Le chef de la diplomatie italienne a conclu en indiquant que “la coopération avec la Turquie est extrêmement importante pour discuter efficacement des questions de sécurité et d'immigration”.

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