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Le feu couve sous la braise à Bangui

"Malgrè un semblant de calme, des Anti-Blaka maintiennent en haleine leurs armes dissimulées"

25.04.2014 - Mıse À Jour : 25.04.2014
Le feu couve sous la braise à Bangui

AA/ Bangui/ Nacer Talel

Les signes avant-coureurs d’une insécurité qui dure à Bangui sont perceptibles dès que l’on frôle le sol de l’aéroport de la ville, les musulmans souffrent encore le martyre et les Anti-Balaka refusent toujours de rendre les armes, a rapporté le correspondant de Anadolu.  

Cet état d’alerte décrété par les forces armées centrafricaines à l'aéroport a de quoi être justifié. Après le retrait des  Tchadiens taxés de parti pris en faveur des musulmans, ce sont désormais les Burundais qu’on regarde de travers. Bon nombre d’Anti-Blaka n’hésitent pas à s’en prendre à eux, le cas échéant.

«  Ils ne sont pas neutres, ils protègent le KM5 (quartier à majorité musulmane) grand  fief de terroristes », argue Debonheur, vendeur à la sauvette de confession chrétienne, croisé en plein centre-ville.

Une attitude manifestement réprouvée par son ami qui a refusé de décliner son identité : « As-tu des preuves que les Burundais aident les musulmans ? A ce que je sache, ils sont totalement différents des Tchadiens, ils sont-là pour nous aider », rétorque-t-il, en apostrophant son compagnon.

 Le temps d’un tour prudent dans les rues et ruelles sinueuses du centre-ville, la capitale semble à première vue retrouver son calme. Des marchandises exposées à même le sol,  d’infinies queues devant les boulangeries et des marchés entassés de ménages, tout donnait à voir et à lire que la société centrafricaine a repris son foctionnement. Mais, « ce n’est qu’un spectacle tape à l’œil et un revers de médaille», lance une passante de confession musulmane qui a rapidement énoncé ses mots sans se présenter, de crainte d’ « être ciblé par un Anti-Blaka ».

« Au KM5, rien n’a changé, les musulmans liquident toujours leur marchandises et leur meubles, sont toujours la cible des Anti-Balka et quittent leur quartier l’un après l’autre. Leur condition est infernale et Bangui est de plus en plus invivable », renchérit-elle.

Dans les boulevards et les rues de Bangui ainsi que dans les alenteours du KM5, les Anti-Balka rôdent librement, camouflant leurs armes. «  Nous dissimulons nos armes, afin de déjouer l’attention des forces Sangaris (opération militaire française) et Misca (mission internationale de soutien à la RCA, sous conduite africaine) qui n’hésiteront pas à les saisir, une fois qu’ils les repèrent », lance un jeune Anti-Blaka, sous couvert de l’anonymat.

Interrogé sur sa disposition à intégrer l’armée pour ainsi rompre avec la violence, il rétorque sur un ton grave : « De quelle armée parlez-vous, nous n’avons pas d’armée, nous avons plutôt un semblant d’armée sans armes ».

La dureté du quotidien banguissois n’est pas uniquement d’ordre sécuritaire. Elle touche plutôt à tous les domaines du vécu. Le pauvre Zinguet, chauffeur de taxi depuis deux ans le confirme. «  J’attends vainement,  depuis 6 heures d’ailleurs,  mon tour pour 20 litres de carburant. On ne peut pas continuer de la sorte, ça stagne à tous les niveaux » regrette ce gentil quadragénaire.

La pénurie, il la rattache à l’insécurité des routes desservant son pays, le Tchad et le Cameroun ainsi qu’à la suspension des vols en provenance de ces deux pays, principaux fournisseurs de la Centrafrique en matière grise. « On n’a également plus la possibilité d’importer nos besoins du Congo, vu que le niveau de la rivière ne permet pas le passage des bateaux concernés », déplore-t-il maintenant sa place dans la queue, en attendant une heure meilleure.

 
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