Royaume-Uni : plus de 100 arrestations lors de manifestations pro-Palestine
- Des rassemblements organisés dans plusieurs villes du pays alors que la répression contre le groupe interdit s’intensifie

Greater London
AA / Londres / Aysu Bicer
Plus de 100 personnes ont été arrêtées à travers le Royaume-Uni dans le cadre de manifestations liées au groupe Palestine Action, désigné comme organisation terroriste par le gouvernement britannique il y a trois semaines.
Des protestations se tiennent dans plusieurs villes du pays, tandis que la répression contre les soutiens présumés de ce groupe interdit s’accélère.
La police métropolitaine a indiqué samedi que 55 personnes avaient été interpellées à Parliament Square, en vertu de la loi antiterroriste de 2000, pour avoir brandi des pancartes exprimant leur soutien à Palestine Action.
Dans un communiqué, le commissaire adjoint Ade Adelekan, en charge du dispositif de sécurité ce week-end, a précisé : « Le simple fait de soutenir la cause palestinienne, de participer à une marche ou de porter des drapeaux et pancartes n’est pas un délit, tant que cela ne tombe pas dans le discours de haine ou d’autres infractions. »
« En revanche, ceux qui cherchent à tester les limites de la loi en affichant un soutien à Palestine Action, que ce soit lors d’un rassemblement isolé ou dans le cadre d’une marche de la Palestine Coalition, commettent très probablement une infraction et seront très probablement arrêtés », a-t-il ajouté.
Des agents ont encerclé les manifestants près de la statue de Mahatma Gandhi à Parliament Square, où l’on pouvait lire sur certaines pancartes : « Je m’oppose au génocide, je soutiens Palestine Action. »
La police a saisi des pancartes, fouillé des sacs et menotté plusieurs individus. D’autres ont été évacués de force du lieu de la manifestation.
- « Cela dépend des circonstances »
« Nous l’avons déjà dit : déterminer si certains slogans relèvent de la liberté d’expression ou d’une infraction pénale potentielle dépend du contexte », a ajouté Adelekan.
À titre d’exemple, il a expliqué que certains propos scandés au sein d’un cortège de la Palestine Coalition, sans être adressés directement à des individus pouvant en être troublés, ne suffiraient pas à justifier une arrestation.
« En revanche, ces mêmes mots dirigés contre un groupe de personnes, susceptibles de provoquer du harcèlement, de l’alarme ou de la détresse, peuvent constituer un motif d’interpellation », a-t-il précisé.
En effet, des manifestations ont eu lieu samedi à Londres, Manchester, Édimbourg, Bristol et Truro dans le cadre d’une campagne coordonnée par le collectif Defend Our Juries.
À Manchester, la police locale a signalé l’arrestation de 16 personnes, toujours en garde à vue pour interrogatoire. À Bristol, la police d’Avon et Somerset a confirmé l’interpellation de 17 manifestants.
En Cornouailles, la police du comté a indiqué que huit personnes avaient été arrêtées lors d’un rassemblement dans la cathédrale de Truro, où une trentaine de militants participaient à une manifestation pacifique organisée par Defend Our Juries.
« Plusieurs pancartes illégales sont restées visibles malgré les avertissements des forces de l’ordre », a déclaré la police. « Huit personnes – deux hommes et six femmes – ont été arrêtées pour des infractions présumées en vertu de l’article 13 de la loi antiterroriste de 2000. Elles sont actuellement en garde à vue. »
En Écosse, la police a signalé l’arrestation d’un homme à Glasgow vendredi, pour avoir exhibé une pancarte exprimant son soutien à une organisation interdite.
La semaine précédente, plus de 70 personnes avaient déjà été interpellées lors de manifestations similaires à travers le Royaume-Uni, où des références à Palestine Action auraient été faites.
Sur X, Defend Our Juries a réagi en déclarant : « Le gouvernement britannique est complice du génocide d’Israël contre les Palestiniens. Il tente de faire taire celles et ceux qui dénoncent cette complicité. »
- Interdiction de Palestine Action : la controverse persiste
La manifestation intervient alors que la décision du gouvernement d’interdire Palestine Action continue de susciter de vives critiques. Le groupe a été officiellement désigné comme organisation terroriste le 5 juillet.
Connu pour ses actions directes visant des entreprises liées au commerce d’armes et à l’armée israélienne, Palestine Action avait récemment fait la une des médias après que des militants ont pénétré sur la base de la Royal Air Force à Brize Norton, où ils ont vandalisé des avions militaires à la peinture.
Des organisations de défense des droits humains ont mis en garde contre une criminalisation de la protestation pacifique et une atteinte grave à la liberté d’expression. Les partisans de l’interdiction, quant à eux, estiment que les méthodes du groupe relèvent d’activités illégales et dangereuses.
Un recours en justice contre cette interdiction est attendu lundi : la cofondatrice du groupe, Huda Ammori, doit demander à la Haute Cour l’autorisation de contester la décision.
Plusieurs ONG, des figures du monde culturel et des centaines d’avocats dénoncent une mesure « draconienne », estimant qu’elle crée un précédent inquiétant en assimilant les manifestations à des actes de terrorisme.
* Traduit de l'Anglais par Adama Bamba
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