Monde

Le monde se souviendra, Trump est passé par là... (Rétrospective)

Depuis son accession à la présidence en 2017, jusqu'à sa défaite houleuse en 2021, Donald Trump a laissé l'image d'un président «anti-establishment» bousculant tous les codes présidentiels. Rétrospective d'un mandat ponctué de scandales et divisions.

Mounir Bennour  | 19.01.2021 - Mıse À Jour : 19.01.2021
Le monde se souviendra, Trump est passé par là... (Rétrospective)

Tunisia

AA / Tunis / Mounir Bennour

Le mandat de quatre ans du président américain Donald Trump aura regorgé, jusqu'à la saturation, de scandales, de divisions, de tensions politiques, sociales, économiques et raciales.

Tant sur le territoire américain que sur le plan international, le "trumpisme" qui incarne un amas particulier de populisme et de conservatisme, a aligné les contradictions, les controverses et les coups d'éclat à la gravité parfois paroxystique.

Adepte des tweets en série, Trump établit une nouvelle méthode de communication qui lui est propre qui donnera lieu à des dérapages troublants traduisant des propos douteux qui lui ont souvent valu des accusations de racisme ou de fascination, voire même de fascisme.

L'Agence Anadolu revient sur les principaux événements ayant marqué le passage du Donald Trump à la Maison Blanche :

- 10 novembre 2016 : victoire de Donald Trump lors de l'élection présidentielle contre Hillary Clinton.

- 20 janvier 2017 : lors de son discours d'investiture, Donald Trump promet que « le début du transfert du pouvoir de Washington vers le peuple » sera effectif en ce « jour historique » de sa prise de pouvoir. Trump affiche clairement sa rhétorique anti-establishment qui a été l'un de ses chevaux de bataille lors de l'élection présidentielle.

- 25 janvier 2017 : aussitôt à la Maison-Blanche, Trump signe un décret présidentiel annonçant officiellement le lancement du projet de construction d'un mur anti-migration illégale à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Il s'agit de l'une des promesses phares exprimée lors de la campagne présidentielle et un cri de ralliement pour les partisans de Trump dont la sensibilité politique relevait de l'extrême droite.

Les faits font état de la construction de 70 km de mur seulement. Ce bilan se doit essentiellement aux blocages opposés par le Congrès et les cours de justice pour l'obtention des fonds et des autorisations nécessaires aux travaux.

- 27 janvier : Trump signe le décret « Muslim ban »

Une décision qui a eu une onde de choc phénoménale tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des États-Unis. À tout juste sept jour de son entrée à la Maison-Blanche, le président américain suscite de vives critiques en instaurant l'interdiction d’entrée de tout ressortissant et réfugiés venant de sept pays à majorité musulmane. Pour Trump, cette mesure vise à « protéger la nation contre l’entrée de terroristes étrangers ».

Cette première version du décret comme les deux autres versions qui suivront seront bloquées par la justice américaine.

- 17 mai 2017 : Robert Mueller, ex-patron du FBI, est nommé en tant que procureur spécial pour enquêter sur des soupçons de collusion avec la Russie lors de l'élection présidentielle américaine. Trump a toujours soutenu qu'il n'y a jamais eu d'interférences russes dans les élections. Un fait pourtant confirmé par Mueller. Au terme de l'enquête, aucun lien de complicité n'a pu être prouvé entre l'équipe de campagne de Trump et l'interférence russe.

Trump ne cessera pas de dénoncer la « chasse aux sorcières » dont il fait l'objet. Le rapport de Mueller, sorti le 18 avril 2019, s'il ne prouve pas la collusion, il n’exonère pas, non plus, Donald Trump.

- 1er juin 2017 : Trump décide le retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat. Une décision qui a fait polémique. Le président américain avancera l'argument de la défense des emplois américains, pour justifier sa décision. Le retrait annoncé par Donald Trump porte un sérieux coup à l'image des États-Unis sur le plan international.

- Août 2017 : lors d'une manifestation d'extrême droite à Charlottesville (Virginie), un néonazi commet un attentat à la voiture-bélier en fonçant dans une foule de manifestants anti-racisme, faisant un mort et une vingtaine de blessés. Trump suscite de vives réactions en refusant de condamner l'extrême droite. Il déclare qu'il y a : « des gens bien des deux côtés », ce qui lui attirera des critiques acerbes, certains iront même jusqu'à le taxer de racisme.

- Septembre 2017 : le président américain tient des propos belliqueux lors de l’Assemblée générale de l’ONU, en menaçant de « détruire totalement » la Corée du nord en présence des représentants du pays.

Rares sont les fois où une attitude aussi virulente a été affichée ouvertement à la tribune des Nations Unies. Mais le président américain ira encore plus loin en moquant ouvertement le leader nord-coréen Kim Jong-un et en lui donnant le surnom de « Rocket Man ».

- 12 octobre 2017 : le président américain annonce officiellement le retrait des États-Unis de l'organisation de l’Unesco. Il s'agit d'une autre décision unilatérale prise par l'administration américaine sous le prétexte de l'attitude « anti-israélienne » de l'institution internationale, l'accusant par là même de dilapider ses fonds.

- 8 mai 2018 : les États-Unis annoncent leur retrait de l'accord sur le nucléaire iranien, conclu à Vienne en 2015 pour le monitorage de l’industrie nucléaire iranienne et prévenir l'enrichissement d'uranium à des fins militaires.

Le retrait étasunien marque le début d'une politique de sanctions économiques aux effets graves pour la croissance iranienne. En riposte à cette politique de « pression maximale », Téhéran met un terme à ses engagements nucléaires dès le mois de novembre 2019, et a haussé son taux d'enrichissement d'uranium à 20 % vers la fin 2020.

Les sanctions contre l'Iran, qui veut réduire à zéro les exportations de la République islamique de brut, provoquent un flambée des prix de pétrole. Cette hausse des cours joue, par ricochet, en faveur des producteurs américains qui ont intérêt à hausser les prix du brut. Par mesure de riposte pour maintenir les prix à un certain seuil profitable, l'OPEP et la Russie décident d'augmenter la production de pétrole.

- 14 mai 2018 : ouverture de l'ambassade des États-Unis à Jérusalem, dans le cadre de la reconnaissance de la ville sainte comme capitale d'Israël. Depuis plus de 20 ans, le Congrès américain avait adopté le « Jerusalem Embassy Act », en 1995. Le texte stipulait que « Jérusalem doit être reconnue capitale de l'État d'Israël ». Sans cesse repoussée, l'application sera entérinée par Donald Trump, chose qu'il avait promise lors de sa campagne électorale.

10 août 2018 : la valeur de la livre turque chute de près de 40 % face au dollar, suite à la plus grave crise diplomatique entre Ankara et Washington. Dans un tweet, Donald Trump avait annoncé plus tôt une hausse des droits douaniers sur l'acier et l'aluminium turcs.

Les États-Unis décident de manière radicale d'imposer des sanctions contre l'allié turc de l'OTAN, pour la détention du pasteur américain Andrew Brunson, accusé par les autorités turques « d'espionnage » et de « terrorisme ». Les mesures ciblent directement les ministres de la Justice et de l'Intérieur turcs, et augmentent les droits douaniers de 50 % sur l'acier et de 20 % sur l'aluminium, en provenance de Turquie.

- 2 octobre 2018 : suite au meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat saoudien d'Istanbul, orchestré par les services secrets de son pays, Trump émet des doutes quant à la responsabilité saoudienne dans ce meurtre politique.

Pour plusieurs experts internationaux, l'attitude de Donald Trump a tenté de minimiser l'affaire Khashoggi, en mettant en avant un partenariat économique privilégié entre l’Arabie saoudite et les États-Unis. Le Royaume s'apprêtait, en effet, à acheter des produits américains (notamment des armes et des équipement militaires) pour une valeur totale allant de 400 à 450 milliards de dollars.

- 30 juin 2019 : Donald Trump est le premier président américain à se rendre en Corée du Nord. La réunion du président américain et de Kim Jong-un, leader de la Corée du Nord, se fait dans le village de Panmunjom, situé dans la zone démilitarisée.

- 14 octobre 2019 : Trump signe un décret appliquant une batterie de sanctions, notamment économiques, contre la Turquie suite à l'offensive d'Ankara visant à sécuriser le nord de la Syrie.

Les sanctions, essentiellement d'ordre commercial, portaient sur la suspension des négociations en cours avec la Turquie, ainsi que la hausse des droits de douane sur l'acier turc de 50 %. La crise sera finalement résolue et les sanctions levées vers la mi-octobre suite à un accord entre la Turquie et les États-Unis.

- 18 décembre 2019 : le locataire de Maison Blanche est mis en accusation dans l'affaire ukrainienne. Ce sera encore l'occasion pour le milliardaire septuagénaire de crier à « chasse aux sorcières », suite aux accusations émises par la Chambre des représentants pour « abus de pouvoir et entrave au travail du Congrès ».

Le président aurait exercé des pressions sur l'Ukraine pour que Kiev entame une enquête pour corruption contre Joe Biden, qui, à l'époque, constituait un candidat potentiel dans la course à la Maison-Blanche.

L'affaire donne lieu à un procès d’impeachment au mois de janvier de 2020, où il sera finalement acquitté grâce au vote des Républicains le 5 février 2020.

- 3 janvier 2020 : Trump ordonne une frappe militaire qui tue le général iranien Qassem Souleimani.

L'escalade verbale entre Washington et Téhéran atteint son paroxysme avec l'annonce des États-Unis d'avoir mené un assassinat ciblé contre Qassem Soleimani, général de la Force al-Qods des Gardiens de la révolution, par un tir de drone. Trump justifie cet acte en déclarant : « Soleimani préparait des attaques imminentes et malveillantes contre des diplomates et du personnel militaire américain mais nous l'avons pris en flagrant délit et nous l'avons éliminé ».

La légitimité d'une telle attaque est mise à mal tant par le droit international que par la doctrine même des États-Unis des assassinats ciblés. La mort de Qassem Soleimani laisse planer le spectre de l'escalade vers un conflit ouvert entre l'Iran et les États-Unis sur le sol irakien.

- Mai 2020 : Manifestations contre le racisme aux États-Unis sur fond de la mort de George Floyd, homme noir de 46 ans à Minneapolis au nord des États-Unis. Floyd est mort étouffé lors d'une arrestation musclée de la police américaine. Une vidéo montre pendant 8 minutes et 46 secondes l'agonie de Floyd sous le genou d'un policier, plaqué sur son cou. Une autopsie officielle confirme « l'homicide ».

Des centaines de milliers d'Américains envahissent les rues partout aux États-Unis et dans le monde, dans un mouvement de colère inédit depuis les années 60, pour dénoncer le racisme systémique, les inégalités sociales et les violences policières.

Donald Trump a jeté de l'huile sur le feu de la discorde, selon ses détracteurs, en déclarant les émeutiers qui veulent « détruire » l'Amérique. Il appelle à la répression des manifestants et désigne l'extrême gauche, et notamment les « ANTIFA », comme étant derrière les débordements. Pour beaucoup d'observateurs l'attitude de Trump a exacerbé les tensions au lieu de chercher l'apaisement.

7 juillet 2020 : en pleine crise du coronavirus, Doland Trump lance officiellement la procédure du retrait des États-Unis de l'Organisation mondiale de la santé.

Selon plusieurs analystes, la procédure fait d'une pierre deux coups : c'est d'abord un message clair adressé à l'électorat pour la course aux présidentielles. Ensuite Trump se débarrasse enfin d'un organisme qu'il juge inutile puisqu'il dispose déjà du CDC (centre de contrôle des maladies et prévention).

- 15 septembre 2020 : la signature de l'accord de normalisation des relations entre le Bahreïn les Émirats arabes unis et Israël sur la pelouse de la Maison-Blanche.

Trump a aussi affirmé, sans les nommer, que « cinq ou six » autres pays arabes qui devraient normaliser leurs relations « bientôt » avec Israël dans le sillage de cet accord.

- Mars 2020 : après des mois de minimisation du coronavirus et son danger, Trump s'adresse à la nation pour déclarer qu'il s'agit officiellement d'une pandémie, se référant à la déclaration précédente de l'Organisation mondiale de la santé.

- 20 juin 2020 : Donald Trump se lance dans sa campagne pour la présidentielle, dans un contexte très grave pour le pays le plus affecté par le coronavirus au monde.

La pandémie de Covi-19 fait des ravages aux États-Unis avec un taux de propagation et un nombre de morts alarmants. Donald Trump a saisi chaque occasion pour minimiser la gravité de la crise sanitaire, appelant à la levée rapide des mesures de restriction et au redémarrage de l'économie.

Dans un souci de rassurer les milieux d'affaires, le président milliardaire s'affiche sans masque lors de ses meetings de campagne.

- Octobre 2020 : Trump est atteint du coronavirus et est hospitalisé à Walter Reed Hospital où il séjournera pendant 3 jours avant de faire une sortie controversée alors qu'il est toujours malade. À son retour à la Maison-Blanche, il retire publiquement son masque devant les caméras.

Son attitude minimisant la menace de la pandémie de coronavirus lui attirera des sanctions affectant ses publications sur Twitter et Facebook.

- 6 novembre 2020 : le président sortant évoque des fraudes lors du scrutin présidentiel.

Dès sa première prise de parole suite au silence électoral, pour Donald Trump sa victoire ne fait aucun doute et accuse en même temps les démocrates d'utiliser des « votes illégaux » pour lui « voler » son second mandat.

En réaction aux allégations du Président, plusieurs grandes chaînes décident d'interrompre la transmission de son discours, qualifiant ses propos de désinformation. Les relations entre Trump et les médias américains ont toujours été tendues, surtout que le président n'a cessé de les qualifier de « Fake News » tout au long de son mandat.

- 7 novembre 2020 : Joe Biden est élu 46e président des Etats-Unis qui a déclaré vouloir en finir avec l'ère de la division, en devenant le président qui unifierait tous les Américains. Le président sortant refuse de reconnaître sa défaite en multipliant les recours à la justice pour contester les scrutins.

- 6 janvier 2021 : Trump appelle ses partisans à protester contre la certification de la victoire de Biden à l'élection présidentielle par les élus du Congrès. Les manifestations dégénèrent en une irruption des pro-trumpistes dans l'enceinte du Capitol, symbole de la démocratie américaine.

La gravité de cet assaut inédit contre une institution démocratique crée une vive réaction à travers le monde et suscite une dénonciation virulente par plusieurs dirigeants comme Angela Merkel, Emmanuel Macron, Boris Johnson ou encore Justin Trudeau...

- 7 janvier 2021 : le Congrès certifie la victoire de Biden, Trump admet que sa présidence touchait à sa fin et promet une « transition ordonnée ».

- 13 janvier 2021 : la Chambre des représentants a voté la mise en accusation du président américain pour « incitation à l'insurrection » de ses partisans au Capitole le 6 janvier. Il revient désormais au Sénat d'organiser un second procès inédit dans toute l'histoire américaine pour destituer le président. Mais le calendrier et l'issue de la procédure restent incertains.

- 20 Janvier 2021 : cérémonie de passation de pouvoir entre Donald Trump et Joe Biden en présence d'un déploiement sécuritaire exceptionnel à Washington. Trump est passé par là... Le Monde s'en souviendra.

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın