John Lennon … Il était une fois un mythe
- L'artiste britannique a été assassiné un certain 8 décembre 1980

Kinshasa
AA/ Pascal Mulegwa
Même l’influente Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) n'a pas manqué de faire un clin d'œil à la légende qu’était John Lennon. Mercredi matin, l’agence onusienne a rappelé sur ses plateformes numériques que « la paix n’est pas quelque chose que vous devez espérer, c’est quelque chose que vous devez façonner ».
Une célèbre citation de l’artiste britannique, mort le 8 décembre 1980.
John Lennon de son nom complet , était mort assassiné. Ce jour-là, peu avant 23h, des coups de feu retentissent au pied de l'imposant Dakota Building de New York. L’artiste reçoit quatre balles de revolver calibre 38 sous le regard de son épouse Yoko Ono, une artiste japonaise d'avant-garde. Il est 22h52. 15 minutes plus tard, il est déclaré mort. Mark David Chapman, l’auteur des tirs est fan de sa victime. Il n’ira pas loin. Il est appréhendé in situ par le portier de la résidence de John Lennon, puis par deux policiers. L’assassin est un personnage connu pour ses troubles psychiques. Calme et déconcertant, le meurtrier avait plaidé coupable. La justice américaine lui avait alors infligé la prison à vie en 1981 pour meurtre prémédité.
- Enfance tourmentée
« Beaucoup de gens de notre génération ont commencé à nous intéresser à John après son assassinat. L’histoire était particulière et on se la racontait depuis nos villes. Imaginez un meurtrier qui ne tente pas de s’échapper, en plus il est fan de l’artiste », commente Guillaume, un kinois quarantenaire.
Dans sa résidence située dans les hauteurs de la commune de Ngaliema, à Kinshasa, ce fonctionnaire est resté mélomane des chansons de l’artiste né le 9 octobre 1940 à Liverpool, en Angleterre. « Le génie de Lennon englobe l'écriture et les arts visuels, c’est le seul domaine dans lequel il a reçu une formation formelle. Personne de ma génération, fan du rock ne peut insinuer qu’il ne connait pas cet artiste », estime Guillaume, nostalgique. Lennon est leader ou coleader du groupe de rock britannique les Beatles, auteur et graphiste.
Il est également connu comme artiste d'enregistrement solo et collaborateur de son épouse, Yoko Ono, sur des enregistrements et d'autres projets artistiques.
C’est aussi l'un des grands guitaristes du rock. « Sa signature était d’un repos nerveux qui compliquait l’attaque et sa façon de chanter avec une voie puissante et nasillarde éclipsait le rock », explique Guillaume. S’il connait tant de choses sur John Lennon et la musique, c’est aussi parce qu’il travaille à l’Institut national des arts, de la RDC.
John Lennon n’a pas connu une enfance facile comme la plupart des artistes de sa génération. Les parents issus de la classe ouvrière se sont mariés brièvement et tard, mais ils avaient refusé d'élever leur fils, sensible et doué.
Séparé tragiquement de chacun d'eux à l'âge de cinq ans, John Lennon a été élevé à Woolton, une banlieue de Liverpool par sa tante maternelle. De telles circonstances étaient légion au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, mais chez Lennon, elles ont généré une colère qu'il n’a surmonté qu’au prix d’un besoin intense de connexion humaine. À 21 ans, il épouse une conservatrice, Cynthia Powell, dont il a divorcé en 1968.
À 28 ans, il se relance dans la vie de couple en épousant l'indépendante et non conventionnelle Yoko Ono. Déjà à 16 ans, il avait déjà fondé un groupe de skiffle qui est devenu les Beatles, le groupe musical le plus important de la seconde moitié du 20e siècle.
- La star, une légende
La légende de Lennon se fonde sur le courage. Après plusieurs refus des maisons de disques londoniennes, les Beatles sont engagés chez Parlophone, sous la houlette de George Martin, producteur par la suite de tous les albums du groupe. Le premier single du groupe, Love Me Do, paraît le 5 octobre 1962. La chanson atteint la 17e place des ventes au Royaume-Uni. C’était son accession.
L’artiste sort de l’ombre. Le second single « Please Please Me » paru le 11 janvier suivant, atteint la première place au palmarès britannique. Le succès du groupe prend alors de l'ampleur lorsqu’ une meute de fans suit les quatre jeunes hommes du groupe. Des foules se ruent autour d'eux, prenant les Beatles au dépourvu. Le phénomène est baptisé « Beatlemania » par la presse britannique, selon la biographie de l’artiste. Avant fin 1963, le groupe a eu l'honneur de se produire devant la famille royale. « Si le groupe s'impose vite en Europe, il en va différemment aux États-Unis où le phénomène met plus longtemps à démarrer. Il faut attendre le passage du groupe au Ed Sullivan Show le 9 février 1964, lequel fracasse le record d'audience pour une émission télévisée, pour que le groupe acquière une grande renommée dans ce pays. Par la suite, les Beatles enchaînent les tournées internationales, les albums et les films en connaissant un succès planétaire », lit-on dans sa biographie.
- « Plus populaires que Jésus »
En pleine apogée, l’artiste ne s’est pas évité des polémiques. Après avoir écrit A Spaniard in the Works (Un glaçon dans le vent), il s’offre aveuglement en mars 1966 à une journaliste. L’artiste s’étale jusqu’à irriter des millions de ses fans.
« Le christianisme disparaîtra. Il rétrécira, s'évaporera. Je n'ai pas à discuter là-dessus. J'ai raison, il sera prouvé que j'ai raison. Nous sommes plus populaires que Jésus désormais. Je ne sais pas ce qui disparaîtra en premier, le rock 'n' roll ou le christianisme. », avait-il déclaré. Ces propos supposés déformés, avaient provoqué une vague d'indignation sans précèdent, partie du sud des États-Unis contre le groupe et Lennon, sa star. Des disques des Beatles sont brûlés par des conservateurs et chrétiens. Des radios diffusant aux États-Unis boycottent le groupe, la vente des disques est interdite en Afrique du Sud, et les prestations publiques des Beatles en Amérique du Nord restent tendues, parfois interdites.
Les vagues s’étaient apaisées en août 1966 par une mise au point de Lennon. L’artiste avait démenti ses propos, affirmant qu’ils avaient été « tronqués et déformés ». Seul aveu : « ma formulation était maladroite ».
L’artiste avait déjà des ennuis avec le gouvernement américain six ans plutôt pour ses prises de position pacifistes notamment contre la guerre du Viêt Nam. L’administration américaine avait même tenté de l'expulser.
John Lennon est littéralement décrit comme un personnage complexe et histrion atypique mais talentueux non seulement pour sa guitare et ses chansons mais aussi dans le domaine de la peinture et de l'écriture. Il était apparu dans quelques films des années 70.