AA / Oviedo, Espagne / Alyssa McMurtry

Les agriculteurs espagnols ont poursuivi leurs manifestations nationales, mercredi, bloquant les routes principales et les centres de distribution de denrées alimentaires, tout en obtenant de nouvelles concessions de la part du gouvernement.

Au parlement, le Premier ministre Pedro Sanchez a annoncé que Madrid renforcerait la "loi sur la chaîne alimentaire" afin de garantir que les agriculteurs ne soient pas contraints de vendre leurs produits à des prix inférieurs aux coûts de production.

Il a également annoncé que l'Espagne mettrait en œuvre des clauses "miroir" dans les importations afin de garantir que les produits entrant sur le marché respectent les normes de l'UE.

"Quels produits interdits contiennent les oranges importées ? Quels sont les droits sociaux dans ces pays ? Quel type de carburant utilise-t-on ? Les consommateurs ne le savent pas, mais cela devrait être clair", a déclaré à El Pais Dani Forcadell, manifestant catalan, riziculteur de son état.

"Ces produits ne proviennent pas de petits agriculteurs, mais d'entreprises internationales qui exploitent les gens et leurs terres pour tirer avantage de notre marché ", a-t-il ajouté.

Sanchez a déclaré qu'il ferait pression pour simplifier la bureaucratie de la politique agricole commune de l'UE, autre sujet de mécontentement majeur des manifestants.

Mais certains des problèmes les plus graves se posent également à un niveau plus local.

En Catalogne, par exemple, où un millier de tracteurs convergent vers le centre de Barcelone, menaçant de bloquer les principaux axes routiers, certains agriculteurs sont indignés par les restrictions d'eau dues à la sécheresse.

Un syndicat d'agriculteurs de Baix Llobregat, comarque de Catalogne, a déclaré dans un communiqué que les mesures prises par le gouvernement régional pour lutter contre la sécheresse sont "des pansements temporaires qui ne règlent pas le problème à moyen et à long terme". Ils réclament des investissements immédiats pour la modernisation des ressources en eau et dénoncent "l'abus frauduleux" des ressources hydroélectriques par les compagnies d'électricité soutenues par l'État.

La plupart des manifestations ont été organisées hors du cadre des trois principaux syndicats d'agriculteurs, qui ont également appelé à la mobilisation.

En Catalogne, les tracteurs n'ont pas été autorisés à défiler, mais le quotidien La Vanguardia a rapporté que les agriculteurs prévoyaient de bloquer les principales entrées de Barcelone avec leurs véhicules, cet après-midi, avant la marche prévue en amont de la rencontre avec les représentants du gouvernement.

Une réunion est prévue avec le président de la Généralité de Catalogne, Pere Aragones, mercredi après-midi.

"Nous prévoyons de rester ici, parce qu'ils ne règlent jamais rien, ils ne l'ont jamais fait", a déclaré à El Pais Joan Carles, porte-parole d'un syndicat d'agriculteurs de la comarque de Valles, ajoutant : "Ils nous tapent dans le dos pour que nous rentrions chez nous. Mais nous ne bougerons pas tant qu'ils n'auront pas amélioré la situation et garanti l'aide au secteur, qui se meurt".

Ailleurs en Espagne, environ 400 tracteurs ont bloqué l'autoroute à La Rioja ; la police anti-émeute est intervenue lors d'une manifestation à Leon ; et à Malaga, le gouvernement a annoncé qu'il infligerait des amendes à environ 400 protestataires ayant participé à des manifestations non autorisées.

*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj