
Tunisia
AA/Tunis/Slah Grichi
18H (heure tunisienne). Avec la fermeture des bureaux de vote et la fin du silence électoral, les langues se délient, les secrets (souvent de polichinelle) se révèlent, les dénonciations fusent et les regrets ont peine à être camouflés.
Le peuple tunisien a voulu sanctionner la classe politique et les décideurs qu'il rend responsables de ses conditions socio-économiques décadents et il l'a fait de la manière la plus manifeste possible, en n'allant pas voter en nombre.
À peine -ou même pas- 40% des inscrits ont concédé le déplacement qui, d'après les indices, ont en majorité fait bloc contre le «système», une expression qui fait des vagues ces derniers temps.
Seule Ennahdha, aux adhérents et aux sympathisants les plus disciplinés, pourrait y échapper en voyant l'un de ses deux «poulains», au soutien desquels elle a appelé, accéder au deuxième tour.
Dans les différents camps, on semble être résigné à cette probabilité qui pourrait s'élever en réalité, tout comme on est en train de se faire à la confirmation des sondages qui annonçaient la victoire de Nabil Karoui du « Au Cœur de la Tunisie», malgré son arrestation, en attendant son procès.
Des données qui ont de fortes chances d'être consolidées par les premières estimations et tendances sérieuses recueillies à la sortie des urnes dont nous publierons incessamment les résultats.
Elles délèguent également au deuxième plan les failles et les irrégularités qui ont entaché cette journée de scrutin qui sont allés du marquage de bulletins, au port de tee-shirts avec le numéro d'un candidat, en passant aux tentatives de soudoyer des électeurs, moyennant des sommes d'argent.
En tout cas, il est une certitude, les démocrates centristes, les syndicalistes et ceux qui se prévalent d'être progressistes, vont subir un cinglant revers pour s'être bousculés dans cette course au Palais de Carthage, pour s'être trompés de cible en se mettant mutuellement en joue, en oubliant que le gros de leur vivier réside dans la masse des abstentions qu'ils n'ont pas su ou pu mobiliser.
Le chef du Gouvernement ferait partie des sanctionnés.
L'annonce officielle, demain ou après demain des résultats définitifs, par l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE), ne devrait pas apporter du nouveau, mais elle changera bien des choses dans la manière d'aborder les législatives, autrement plus importantes dans un régime où le vrai pouvoir est détenu par le législatif.
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