AA / Tunis / Slah Grichi

Réuni en urgence, lundi matin, le Bureau exécutif de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) a rendu public un communiqué où, sans s'opposer aux mesures prises par le président de la République, il lui a essentiellement demandé de les accompagner d'assurances l'engageant à ne pas toucher aux libertés, aux processus démocratique ni aux institutions.

Dans le même communiqué, la Centrale syndicale a, également, exigé que le chef de l'État annonce son agenda, informe de ce qu'il entend entreprendre et définisse clairement la durée de "l'état d'urgence" qu'il a décrété de fait, avant de rendre leurs pouvoirs et prérogatives aux institutions de l'État.

Kaïs Saïed qui a démis de leurs fonctions des ministres et des responsables, était engagé, dès lundi matin, dans une véritable course contre la montre pour combler les vides et empêcher que les différents rouages du pays, notamment administratifs, ne se bloquent.

C'est aussi pour cela qu'il s'est réuni avec les patrons des grandes organisations et d'associations actives dans la société civile, avec à leur tête l'incontournable UGTT.

Noureddine Taboubi, son secrétaire général, que Saïed avait beaucoup tenté de rallier à son camp, dans ses conflits avec le chef du Gouvernement, Hichem Mechichi, ainsi qu'avec des blocs parlementaires, particulièrement Ennahdha et ses affidés, n'a jamais digéré la manière dont le président de la République s'est soustrait de l'initiative de l'UGTT d'organiser un dialogue national, sous l'égide de la présidence, pour sortir de la crise. C'est dire que la rencontre entre les deux hommes ne s'annonçait pas, a priori, dans la convergence totale.

Effectivement, Taboubi qui nous a, hâtivement, livré ses impressions, après sa rencontre avec le président, ne nous a pas paru rassuré -ni rassurant- "Sans en avoir clairement parlé, il est évident que Saïed a un projet qui n'est probablement pas le nôtre...j'espère me tromper", nous a-t-il déclaré.

Et d'ajouter qu'il lui avait rapporté les demandes et les attentes (susmentionnées) de la Centrale syndicale en lui précisant que cette dernière avait pris en considération l'embourbement de la situation socio-politico-économique dont il fallait sortir, à tout prix.

"Mais cela ne veut absolument pas dire qu'elle cautionnerait des mesures qui dévient de l'intérêt national, qui touchent aux libertés ou freinent le processus démocratique, pour servir des objectifs personnels ou obscurs", nous a encore dit Taboubi.

Voilà Saïed prévenu ; l'UGTT n'est pas hostile à ce qu'il a entrepris, mais il n'a pas son soutien non plus, à moins que son vrai projet -non encore révélé- n'aille dans le sens que le communiqué de la Centrale a exprimé et que Taboubi lui a rappelé