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Congo-Brazzaville: Ces paradoxes qui tuent

Les besoins des consommateurs congolais en produits pétroliers sont estimés à environ 800.000 tonnes par année, selon la Société nationale des pétroles congolaise (SNPC).

Mohamed Hedi Abidellaoui  | 03.05.2017 - Mıse À Jour : 04.05.2017
Congo-Brazzaville: Ces paradoxes qui tuent

Brazzaville



AA/ Brazzaville/ Rosie Tshanda

La République du Congo dont la principale ressource d’exportation demeure les hydrocarbures fait face à des pénuries de ces produits de première nécessité pour les consommateurs congolais.

Carburant et gaz butane deviennent si rares qu’acquérir le précieux sésame relève d’un travail de titan. Depuis 2014, l’on assiste de façon récurrente à ces ruptures d’approvisionnement en carburant et gaz butane.
Aucune donnée officielle n’existe concernant le gaz butane, alors que les besoins des consommateurs congolais en produits pétroliers sont estimés à environ 800.000 tonnes par année, selon la Société nationale des pétroles congolaise (SNPC). La société de raffinage "CORAF" assure 70% des besoins, tandis que le reste est importé.

La production de la République du Congo se veut en hausse. De 232.000 barils par jour en 2016, elle devrait passer à 282.000 barils par jour en 2017 et à plus de 350.000 barils par jour en 2018, le pic le plus haut jamais atteint. Une hausse qui permettra au pays d’assurer ses réserves pour les 25 années à venir.

Mais en attendant, une chose est sûre : acquérir une bouteille de gaz butane à Pointe-Noire ou encore à Brazzaville, n’est point une sinécure. Dans les dépôts reconnus officiellement, une bouteille de gaz de 12 Kg est ordinairement vendue à 5700 francs CFA (11 usd) et celle de 20 Kg à 9500 (18 usd), mais en raison de la pénurie une bouteille de 12Kg dans les autres dépôts est vendue à 9.500 francs CFA (18 usd), tandis que celle de 20 Kg est à 18.000 francs CFA (37 usd).

Malonda, dit papa Gaz, est un fournisseur très connu à Pointe Noire. Devant son commerce, on peut toutefois lire, sur un tableau accroché au mur : « Papa Gaz présente ses excuses à sa clientèle pour les délais d'attente, situation due à la pénurie observée dans la ville. Les bouteilles de gaz seront disponibles si possible à dater du 05 Mai….. ».

De longues files d’attentes sont observées devant les portes du plus grand dépôt de gaz de la ville de Pointe-Noire. Hommes et femmes, certains sont là depuis de longues heures, attendent d’être servis. Certains prennent leur mal en patience, d'autres finissent par y renoncer.

Nadège a quant à elle opté pour le charbon. « Avoir du gaz est devenu un vrai casse-tête. Je me suis tournée vers le charbon en attendant l’arrivée du produit rare », dit-elle. Comme elle, plusieurs autres ménages recourent désormais au charbon de bois pour préparer leurs repas, une situation qui a entraîné une hausse des prix du charbon. Le sac est en effet passé de 4.500 CFA (7,47 usd) à 5.500 CFA (9,13 usd). Une surenchère que l’Observatoire des droits des consommateurs congolais impute au gouvernement. « En tant que consommateur de ces produits, le Congolais a le droit d’être informé, quand bien même les raisons évoquées pour justifier ces diverses pénuries seraient valables. Et le fait de ne pas communiquer dessus est un abus », déclare Babounga Mermans, Secrétaire exécutif de l’Observatoire des droits des consommateurs, joint par Anadolu au téléphone.

Les pénuries que connaît le pays sont liées à la chaîne d’approvisionnement, d'après la même source.

Réagissant à la tenue récente de la Conférence sur les Hydrocarbures et à l’annonce du projet de Pipeline entre Pointe-Noire (capitale économique) et Ouesso (Nord), Babounga Mermans a affirmé: « Ce genre d’annonce, nous y sommes habitués. Les consommateurs n’ont pas besoin d’attendre ça pour être servis régulièrement. C’est irresponsable de la part du gouvernement ».

L’arrêt technique observé par la raffinerie nationale "Coraf", la principale usine de raffinage des produits pétroliers du pays y est pour quelque chose, de l'avis de Norbert Mabiala, directeur des études et du développement du secteur pétrolier de la Société nationale des pétroles congolaise (SNPC). Il a, en outre, indiqué que le projet de construction d’un pipeline devant relier Pointe- Noire à Ouesso sur près de 1 200 kilomètres, pourrait répondre aux besoins internes du pays en produits pétroliers.

Le Congo vit un contexte économique morose, caractérisé par la chute du prix du baril et des recettes pétrolières, situation ayant contraint le gouvernement à opérer des coupes budgétaires.

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