AA - Ankara - Nur Gülsoy
La question des événements de 1915 est une nouvelle expression du racisme en Europe a déclaré le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu.
Le chef de gouvernement s'est exprimé devant les journalistes à l'issue de la réunion de présentation de la nouvelle stratégie de réforme judiciaire, vendredi à Ankara.
Il a commenté la résolution non contraignante mais symbolique, adoptée mercredi par le Parlement européen, en faveur des allégations arméniennes.
"Le Parlement européen apprécie le message qu'a délivré le Pape François le 12 avril à l'occasion du centenaire du génocide arménien, dans un esprit de paix et de réconciliation", lit-on dans la déclaration qui qualifie de "génocide" les événements de 1915.
"Si on veut contribuer à la paix et si la culture européenne compte préserver son caractère multiculturel et multireligieux, on ne doit pas prendre de décisions qui provoquent la haine et l'hostilité contre une religion ou un peuple, a-t-il déclaré. [La décision du Parlement européen] Cela provoque forcément l'islamophobie et l'hostilité envers les Turcs en Europe. Le sujet a dépassé les relations Turquie-Arménie. C'est une nouvelle expression du racisme en Europe. Ce sont des positions qui nuiront aux Turcs et aux musulmans en Europe, qui pourront être confondus avec Daesh ou faire l'objet d'autres accusations."
Davutoglu estime que plusieurs groupes marginaux, racistes, islamophobes et hostiles aux Turcs, ont trouvé le moyen d'accéder au Parlement européen ces derniers temps.
Il a affirmé: "Je l'ai dit à Martin Schulz [président du Parlement européen], si 'nous discutons de l'histoire européenne, nous devrions parler de ce qui s'était passé durant l'ère du colonialisme en Afrique, en Asie, en Australie...'. Où sont les Aborigènes, les Indiens, la plupart des tribus africaines? Comment ont-ils disparu, comment ont-ils été rasés de l'histoire? S'ils sont d'accord, discutons-en sur un plan intellectuel, mais nous ne ferons aucune concession lorsqu'il s'agit de pression politique."
Les allégations arméniennes sur les événements de 1915 font l'objet de plusieurs débats, surtout à l'approche du 24 avril, date marquant, pour les Arméniens, le centenaire de ces événements.
Avant l'adoption de la résolution du Parlement européen, une messe avait été organisée dimanche dernier à la basilique Saint-Pierre à Rome, "à la mémoire des Arméniens qui ont perdu la vie en 1915" en présence du président arménien Serge Sarkissian.
Le Pape François avait déclaré durant cette messe que "l'humanité a connu trois grandes tragédies au siècle dernier, dont celle considérée comme le premier génocide du XXème siècle, et qui a visé (...) les Arméniens."
Les dirigeants de l'Etat turcs ont qualifié tous ces propos de "nuls et non avenus".