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Afrique, marché d’avenir des sociétés militaires privées

L'une d’elles a protégé puis exfiltré l’ex-président centrafricain François Bozizé, suite à l’offensive des milices Séléka en 2013.

17.11.2014 - Mıse À Jour : 17.11.2014
Afrique, marché d’avenir des sociétés militaires privées

AA/Desk/Fethi Djebali  

Dans un contexte continental instable souvent marqué par le terrorisme, les groupes armés radicaux, les coups d’Etats à répétition, les trafics de tous genres et  la piraterie maritime, l’Afrique est un marché d’avenir pour les sociétés militaires privées selon des experts qui affirment que plusieurs y ont déjà pignon sur rue.

Dominé par les prestataires de services anglo-saxons comme Blackwater (devenue Academi), le marché mondial de la sécurité militaire privée est estimé à 100 milliards de dollars par an. L’Afrique reste quant à elle la chasse gardée des sociétés de sécurité françaises.

« Cela fait 10 ans que nous intervenons sur le continent africain  tel qu’en  Guinée équatoriale,  en RDC, en Mauritanie, en Lybie, en Centrafrique, ou en Tunisie plus récemment », déclare, à Anadolu, Gil Roussel, gérant d’EPS AFRIQUE, une des nombreuses Sociétés Militaires Privées (SMP)  largement actives sur le continent noir.

Taxé jadis de mercenaires et d’héritier de Bob Denard, le fameux mercenaire français,  ces sociétés ont cultivé avec le temps  leur différence: structures légales, logistique internationale, éfficacité sur le terrain. Elles  revendiquent, aujourd’hui, plutôt un rôle de prestataire de service qui déploie ses agents quand le système de défense dans un pays africains s’avère défaillant .

En  2013, EPS est intervenue pour protéger et exfiltrer l’ex-président centrafricain François Bozizé menacé par une offensive de la Séléka, une milice politico-militaire. « C’est notre intervention la plus médiatisée », reconnait Roussel.

Mais la plupart du temps ces sociétés militaires privées restent très discrètes .Elle interviennent pour des missions de sécurisation de chefs d’Etat , de formation des gardes présidentielles, d’exfiltration de responsables politiques, de libération d’otages,de protections des installations des sociétés multinationales implantées en Afrique ou des navires empruntant les eaux africaines , notamment contre la piraterie.

« L’Afrique est  un marché d’avenir pour les SMP surtout françaises car elles profitent des réseaux de la France sur le continent», avoue Roussel  .Et d’ajouter :« Les effectifs militaires réguliers  sont en chute libre,  il faut que les militaires sur zone s’adaptent .Les SMP françaises suivent en Afrique le modèle des SMP américaines en Irak et en  Afganistan où il y a 200 000 contractants (militaires privés) en opération », ajoute –t-il.

Si leur nombre en Afrique reste toujours inconnu, selon David Pfotenhauer ,de la Revue africaine de Défense, il existe deux types d’SMP actives en Afrique .Celle impliquées directement dans des activité de combat, d’insurrection et ou de contre-insurrection comme Exécutive Outcomes et Sandline et d’autres qui agissent en toile de fond des opérations de maintien de la paix comme Dyncorp  mandatée par l’Union africaine pour entrainer l’armée congolaise dans le cadre d’une opération africaine de pacification.

Lors de la crise Ivoirienne de 2011 l’évacuation des ressortissants français présents à Abidjan a été confiée à Geos, une SMP française. En 2013 le gouvernement français avait nié toute implication dans l’exfiltration de François Bozizé par ces EPS.

Selon  Pfotenhauer, la multiplication de ces entreprises militaires sur le continent est essentiellement dûe « au manque de compétences techniques des armées régulières africaines et à l’existence d’aires de non-droit où sévissent des groupes armés ».

Mais, l’absence d’un cadre légal international  ou continental qui encadrerait l’action et les interventions de ces SMP, fait encore planer l’ombre d’un retour plus systématique du mercenariat en Afrique, qui torpillerait les efforts de paix engagées un peu partout sur le continent.

« Un cadre légal international serait une très bonne chose, mais qui va le faire appliquer ? » , s’intérroge  Roussel .

« Il est nécessaire d'adopter un cadre juridique pour les activités de ces SMP  de façon à éviter qu'un jour elles ne puissent dicter leur loi à des Etats qui auraient abandonné leur devoir régalien de Défense », confie, à Andadolu, sous couvert d’ananymat, un expert français en gestion des risques internationaux, travaillant pour une de ces SMP.

Si l'Afrique est considérée comme le plus grand marché d'avenir pour ces societés, c'est qu'il lorgnent sur la privatisation par l'ONU des opérations de maintien de la paix .Pour l'expert français, l’idée qui déterminera l'avenir de ces entreprises  se résume à cette question posée par un militaire anglais : Pourquoi continuer à dépenser des fortunes pour des opérations inefficaces des Nations-Unies, alors que des SMP font quatre fois mieux pour dix fois moins cher?".

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