Daech.. ses filiales, franchises et partisans en Afrique

AA/ Tunis/

Le groupe terroriste Daech, principalement actif en Syrie et en Irak, s'est exporté depuis de nombreux mois en Afrique. Cette opération a pris des formes distinctes, en empruntant les concepts de filiale (Libye), ou de franchises (Bassin du Lac Tchad avec Boko Haram, en Egypte avec Wilayat Sinaï), parfois, il s’agit de simples partisans dont les liens avec Daesh se manifestent notamment sur le plan idéologique et mode d'emploi.

Filiale:

- En Libye, les deux bastions de Daesh se sont constitués autour des villes de Syrte (Ouest) et de Derna (Est). Cette situation était née de la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, provoquant des combats sanglants entre groupes armés rivaux. Elle perdure à la faveur d'un profond antagonisme, matérialisé par une fracture politique et géographique de deux Gouvernements et deux parlements concurrents.

Syrte est sous le contrôle de Daesh depuis janvier dernier , et concentre, depuis, quelques milliers de combattants, selon des estimations relayées par des observateurs de la région.

Depuis quelques mois, toutefois, des combats régulièrement  menées par les populations déstabilse Daesh dans cette ville. 

La ville de Derna, est une enclave dont l'organisation terroriste avait pris le contrôle début octobre 2014. Depuis quelques mois, toutefois, le Conseil consultatif de la jeunesse islamique ou MCCI (Majlis Choura Chabab Al-Islam), qui controlait ce fief de l'insurrection libyenne de 2011, entend chasser l'organisation terroriste.

Samedi dernier, le Pentagone a annoncé qu'une frappe aérienne américaine menée dans les environs de Derna a eu raison d'Abu Nabil al-Anbari, considéré comme le chef de l'organisation en Libye. Il s'agit du premier raid annoncé par les Américains contre Daesh en dehors de la Syrie et de l'Irak.

Franchises:

- "Wilayat Sinaï", En Egypte, ce groupe armé devant prendre les couleurs de Daech était actif dès 2011 dans la presqu'île de Sinaï, sous la dénomination d'Ansar Beit al-Maqdis. Il a prêté allégeance à Daech en fin 2014. Ses attaques contre les forces de l'ordre, la police, des infrastructures importantes ou des établissements touristiques dépassent néanmoins le cadre de cette province. Depuis septembre 2013, la police et l'armée égyptiennes mènent une vaste campagne pour éradiquer ce groupe. 

-"Les Soldats du Califat" en Algérie, est un groupe armé djihadiste, actif en Algérie, qui a fait scission d'AQMI (Al Qaida dans les pays du Maghreb Islamique) en septembre 2014 pour prêter allégeance à Daech, pour incarner, désormais, "la Province d'Algérie". En mai 2015, l'armée algérienne a affirmé avoir éradiqué le groupe en éliminant leur chef et près de 30 éléments terroristes. Toutefois, des observateurs font état de cellules latentes toujours présentes sur le sol algérien.

- "Boko Haram".. présent depuis quelques années dans l'Etat du Borno (Nigéria), ce groupe armé s'est étendu depuis à l'Extrême-Nord du Cameroun, et du Bassin du Lac Tchad où il mène des opérations quasi-quotidiennes au Tchad et dans le sud-est du Niger (à Difa). Ses attentats, menées par le biais d'incursions ou d'attentats suicides, ont atteint jusqu'à la capitale tchadienne N'Djamena, l'été dernier. Il a prêté allégeance à Daech en mars dernier, et est combattu par les armées camerounaise, nigériane, nigérienne et tchadienne.

- "Les Shabaabs" (dissidents) sont un groupe terroriste somalien créé en 2006 à la suite de l'invasion éthiopienne de la Somalie. Rattachés en 2010 à Al-Qaïda, ils se sont notamment rendus responsables d'actions terroristes au Kenya, la plus violente, a consisté dans l'assassinat, en avril dernier, de 148 victimes, principalement des lycéens. Abd al-Qadir Mu'min, un des leaders de ce groupe comptant encore selon des rapports sécuritaires "des centaines de Somaliens", a annoncé son allégeance à Daesh, en octobre dernier. Celle-ci ne fait pas toutefois des Shabaabs un groupe rallié à Daesh, puisqu'elle ne concerne qu'une partie, manifestement dissidente.

- "Al-Mourabitoune" au Sahel, particulièrement au Mali, un des responsables du mouvement Al-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar, a annoncé, en mai dernier, son allégeance à Daech. Celle-ci ne concerne toutefois qu'une partie du groupe armé malien, né en 2013, par la fusion du MUJAO (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest) et des "Signataires par le sang", groupe de Mokhtar Belmoktar, dissident d'al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Les groupes se revendiquant d'Al-Qaïda restent toutefois particulièrement présents dans cette sous-région.

Partisans:

- Tunisie - Depuis 2013, des extrémistes qui se sont revendiqués de Daesh ont mené de nombreuses attaques terroristes en Tunisie. De l'assassinat d'hommes politiques (Chokri Belaïd, février 2013, Mohamed Brahmi, juillet 2013), aux attentats spectaculaires contre des touristes au Musée du Bardo et à Sousse (2015).

Ces extrémistes ne sont pas formellement constitués au sein d'un groupe, mais agissent dans le cadre de "cellules dormantes". Ils sont à distinguer de la Brigade Okba Ibn Nafaa qui se rattache encore à Al Qaida, encore que certains observateurs évoquent des dissidences d'éléments au sein de cette brigade qui auraient rejoint les rangs de Daesh. Les revirements d'alliance d'Al Qaïda vers Daesh, en Afrique et ailleurs, demeurent fréquents et difficilement vérifiables, d'autant plus que les deux groupes partagent le même soubassement idéologiques, et diffèrent peu par leur mode d'emploi.

- RDC - Actifs dans l'Est de la République Démocratique du Congo depuis la moitié des années 1990, les Forces Démocratiques Alliées (ADF) constituent un groupe qui adopte, selon Kinshasa et Kampala, la même idéologie extrémiste de Daesh. Au-delà de ces allégations, aucun lien n'a toutefois été établi de façon certaine.

- Soudan - Quelques groupuscules djihadistes se concentrent dans la Province soudanaise du Darfour, où elle a établi des contacts, selon des rapports sécuritaires, avec Boko Haram et des milices armées lybiennes.