AA - Londres - Nur Gülsoy
L'EIIL n'est pas une menace idéologique pour la Turquie, a déclaré l'ancien président de la République de Turquie, Abdullah Gül.
Le onzième chef d'Etat turc s'est exprimé, mardi à Londres, au think tank Chatham House.
"Les problèmes qui ont augmenté cumulativement après le départ de Saddam Husseïn, se sont provoqués les uns les autres, dont l'EIIL, a déclaré Abdullah Gül. La Turquie est gênée par ce climat d'instabilité dans la région. Elle s'efforce pour la paix et la stabilité. Je ne considère pas l'EIIL comme un problème de la Turquie uniquement. Ce n'est pas un problème entre la Syrie et la Turquie non plus. L'EIIL touche toute la région et l'humanité, et la Turquie est impliquée dans le sujet du fait de sa position géographique."
Selon Abdullah Gül, l'EIIL a très bien su canaliser la colère du peuple sunnite arabe en Irak, qui pensait que leur pays avait été divisé et contrôlé par l'Iran.
"L'EIIL a abusé avec succès le contexte, mais les peuples musulmans le détestent actuellement, a fait remarquer Gül. C'est un mouvement politique. Nous aurons tort si nous considérons cette organisation comme un mouvement religieux. Je n'estime jamais que l'EIIL est une menace idéologique pour la région ou pour la Turquie."
En outre, une proclamation d'indépendance de la région kurde basculera l'Irak dans l'instabilité, selon l'ancien président turc.
"Nous estimons qu'une proclamation d'indépendance de la région kurde entraînera l'Irak dans une nouvelle instabilité, a-t-il dit. Je trouve positif qu'on ait abandonné, pour l'instant, l'idée de référendum. Car une partie des Irakiens, hormis les kurdes, c'est-à-dire les Arabes sunnites et chiites, craignent la dislocation du pays. Pas seulement en Irak mais dans tous les pays, les kurdes doivent disposer d'un statut égal avec tous les autres citoyens."
Abdullah Gül a aussi commenté la crise ukrainienne: "nous satisfaisons une partie importante de notre besoin de gaz de la Russie. Donc nous sommes un peu dépendants du gaz russe et nous cherchons à diversifier nos sources d'approvisionnement. Les événements survenus en Ukraine nous ont préoccupés de près.''
''L'invasion de la Crimée dans une situation de facto a engendré un climat tendu'', a noté Gül affirmant que le monde ferait face au début d'une deuxième Guerre froide.
