Archive, Archive, Afrique

Afrique, continent d'avenir

06.04.2014 - Mıse À Jour : 06.04.2014
Afrique, continent d'avenir

Forte de larges ressources naturelles, l’Afrique est en passe de se positionner comme la « locomotive de l’économie mondiale » et le « grenier du monde », à la lumière du tarissement des ressources des autres continents, selon des déclarations d’experts à Anadolu

 

AA/ Tunis/Ridha Maamri / Seif Eddine TRABELSI

Après une décennie de son titre qualifiant l’Afrique de « Continent sans espoir », le magazine britannique The Economist a révisé la note du continent avec une nouvelle couverture en 2011 qui titrait « L’Afrique émergente ». « Quel sera leur prochain titre ? », s’est interrogé tout bonnement le président de la Banque Africaine de Développement, Donald Kaberuka, lors de la deuxième édition du « Africa CEO Forum », au mois de mars dernier.

Le fondement de cette interrogation réside dans l’étendu des ressources naturelles inexploitées du continent. Gâtée par la nature, l’Afrique dispose en effet d’énormes ressources hydriques, énergétiques, minières et agricoles qui pourraient faire d'elle la « locomotive de l’économie mondiale » et le « grenier du monde », dans un proche avenir, malgré certains obstacles qui perdurent, selon de nombreuses analyses d’experts internationaux, recueillies par Anadolu.    

« Les ressources agricoles, extractives et énergétiques de l’Afrique sont la clef de l’accélération de sa croissance économique », a avancé le dernier rapport annuel « les Perspectives Economiques de l’Afrique »,  publié par la BAD en 2013.

A commencer par les ressources du secteur primaire, "le grenier du monde" possède 60% des terres arables mondiale non cultivées . L’exploitation des 80 millions d’hectares de ces terres au RD Congo  pourrait, seule, nourrir deux milliards d’âmes de notre planète, soit les populations de l’Afrique, l’Europe et l’Océanie, réunies. 

A l’horizon 2030, le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire en Afrique pourrait générer un marché de 1000 milliards de dollars, selon le rapport de la Banque mondiale intitulé "Croissance de l’Afrique : libérer le potentiel du secteur agroalimentaire"

Toutefois, les exploitations réduites et traditionnelles des terres fertiles du continent n’utilisent pour le moment que 2% de ses ressources renouvelables en eau. Une simple optimisation de la production serait pourtant porteuse de gains substantiels. 

Ce potentiel agricole africain est bel et bien confirmé par la ruée sur les terres arables du continent menée, principalement, par des pays asiatiques fortement peuplés et les riches pays du Golfe aux territoires désertiques.

La Chine a ainsi investit dans près de 1.5 millions d'hectares de terres agricoles au Cameroun, Mozambique, Ouganda, Tanzanie tout comme l’Inde et le Japon qui exploitent respectivement 1.6 millions et 900 milles hectares en Afrique. L’Arabie Saoudite a loué et acheté environ 2 millions d’hectares de terres agricoles au Soudan, Mali, Mauritanie, Sénégal..., selon les données publiées par Land Matrix, une organisation indépendante pour la surveillance de l'investissement et de l'exploitation des terres, et l'organisation GRAIN qui soutient les paysans. Leurs chiffres ne reflètent qu’une partie de la réalité à cause de l’opacité qui marque les transactions de ce genre.

Globalement, parmi les onze principaux pays du monde ciblés par ce type d'investisseurs, on compte sept pays africains, à savoir le Soudan, l’Ethiopie, le Mozambique, la Tanzanie, Madagascar, la Zambie et le RD Congo, selon les mêmes sources. 

Outre sa qualité de grenier du monde, le continent africain est historiquement reconnu comme "le réservoir du monde" avec un riche sous sol qui comporte le tiers des réserves mondiales, tous minerais confondus. La part de l’Afrique s’élève ainsi à 89% pour le platine, dont la moitié de la production est utilisée par l’industrie automobile, 81% pour le chrome, 61% pour le manganèse, 60 % pour le cobalt (ces trois derniers sont utilisés dans les alliages d’acier), d’après les chiffres avancés par le magazine "Afrique Expansion".

Outre le diamant, l’Afrique détient près du cinquième des réserves mondiales en or et en uranium. La flambée des cours de pétrole et les pressions grandissantes des écologistes ont  ravivé les débats sur la substitution des hydrocarbures, notamment, par le nucléaire et l’uranium. Le Niger, la Centrafrique et la Namibie se placeront en haut du tableau des pays producteurs d'uranium.

 Même pour le gaz et le pétrole, le continent compte une trentaine de pays classés dans la catégorie des producteurs d’hydrocarbures, principalement le Nigéria, l’Algérie et la Lybie.

Bien que ces ressources minières, minérales et énergétiques réunissent les préalables au développement d’un tissu d’industries connexes à ces activités extractives, les industries africaines demeurent à l’état embryonnaire, ont déploré à maintes occasions des économistes et des politiciens africains. Le potentiel d’investissement reste alors entier, selon les plus optimistes. En effet, des filières industrielles complètes pourraient s’établir autour de ces gisements et sur toute la chaine de valeur de ces produits, de l’extraction à la négociation.

Pis, la production de certaines activités extractives a stagné et régressé pour d’autres à cause du ralentissement du rythme des explorations, faute d’investisseurs et de moyens. Les plus optimistes diraient que le sous sol africain n’a pas livré tous ses secrets. Encore une fois, l’envolée des prix des métaux précieux et des minerais inciteraient les investisseurs à prendre place sous les cieux du continent africain.

"Alors que la grande majorité des pays du monde souffre de récession en raison de la crise économique mondiale, l'Afrique affiche une bonne santé économique avec une croissance de 5,6%. Tout ou presque y est à faire et à construire. C’est un marché encore très peu exploité et en pleine progression alors que les ressources  des autres continents  sont en passe d'être taries", explique à Anadolu Partick Ndungidi, journaliste spécialiste de l'Afrique.

En effet, la croissance économique de l’Afrique  devrait atteindre 6,5% en 2014, selon le Fonds Monétaire International. Au cours de l'année 2013, le continent a connu une nouvelle progression de 16% des investissements directs étrangers", a-t-il ajouté.

Cette croissance soutenue témoigne de la résilience de l’économie africaine pendant la période de vaches maigres, mais aussi des besoins criants du tissu économique du continent en produits et services, souvent importés.

Sur un autre plan, avec un milliard d’individus et une classe moyenne de plus en plus étendue, la consommation en Afrique serait un nouveau vecteur de croissance dans les années à venir.

Une étude du cabinet international de conseil "McKinsey" avance qu’une classe moyenne de plus de 300 millions d’africains est disposée à consommer. Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit qu’en 2015, le PIB moyen par habitant dépassera les 2000 dollars. « Ce seuil représente le point auquel les gens commencent à vouloir s'offrir des biens de consommation en plus de ce dont ils ont besoin pour satisfaire leurs besoins élémentaires », selon le FMI.

L’étude de McKinzey ajoute que le nombre de foyers africains disposant d’un revenu discrétionnaire à dépenser passera de 85 à 130 millions d’ici 2020.

Le marché est bien juteux pour les producteurs et les commerçants, mais il est plutôt vierge pour les grandes surfaces. Pour ne citer que le géant de l’Afrique, le Nigéria ne compte qu’une poignée de centres commerciaux dont un méga centre qui vient d’ouvrir en mars 2014. 

Selon Patrick Ndungidi, journaliste spécialiste de l'Afrique, "l’Afrique est le continent qui épargne le plus après l’Asie; les réserves de change y sont estimées à 500 Milliards USD. La capitalisation boursière a été multipliée par neuf depuis les années 90, et plus de 2 000 entreprises sont désormais cotées. C’est donc un continent aux multiples opportunités avec un fort potentiel de développement, malgré les obstacles en cours".

"C'est le continent d'avenir", a-t-il conclu.

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın