Analyse, Afrique

Des pays d'Afrique subsaharienne interdisent le niqab pour des raisons de sécurité

Les communautés musulmanes compréhensives et soucieuses de la sécurité de leurs pays respectifs

Mohamed Hedi Abdellaoui  | 19.11.2015 - Mıse À Jour : 20.11.2015
Des pays d'Afrique subsaharienne interdisent le niqab pour des raisons de sécurité

Tunis

AA/ Tunis/ MA avec la collaboration de Mahamat Ramadane

Face à la prolifération des attaques terroristes ces derniers mois, certains pays d’Afrique subsaharienne dont le Congo Brazzaville, le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Sénégal, ont interdit le port du voile intégral pour des raisons  sécuritaires, disent-ils.

Cette interdiction ne constitue en aucun cas une forme de ségrégation ou de dénigrement de la religion ou de la communauté musulmane, mais plutôt une prévention contre les attaques perpétrées par les groupes terroristes, rassurent-ils.

De son côté, conscientes de l'intérêt suprême de la lutte contre le terrorisme qui pourrait instrumentaliser le Niqab, les communautés musulmanes ont accepté de bon gré la démarche, notant que la sécurité de leurs pays leur concernent irrémédiablement.

« Nous avons accepté cette mesure parce que nous aussi nous tenons à la sécurité de notre pays et de nos concitoyens. Si on avait interdit aux musulmans d’aller prier dans les mosquées, de construire des mosquées, de lire le coran ou encore la formation des jeunes musulmans, nous n’aurions évidemment pas réagi de la même manière » avait expliqué, dans un entretien avec Anadolu, El Hadj Djibril Habdoulaye Bopaka, président du Conseil Supérieur Islamique du Congo Brazzaville, le premier pays à avoir procédé à cette interdiction, en avril dernier.

 Deux jours après les attentes-suicides à N’Djamena, qui ont fait 33 morts et une centaine de blessés, le Tchad a décidé d’interdire le port du voile intégral « dans les lieux publics, les écoles et sur toute l’étendue du territoire», annonce faite le  17 juin par le chef du gouvernement tchadien, Kalzeube Pahimi Deubet, lors d’une adresse aux leaders des différentes communautés religieuses à la veille du mois de ramadan.

 Commentant cette décision, un dignitaire de la communauté musulmane tchadienne a déclaré à des médias locaux: «la mesure a été décidée « pour notre sécurité, puisque les terroristes peuvent se servir d’une femme habillée en burqa pour commettre des attentats ».

   La même mesure a été prise par les autorités camerounaises dans les régions de l’Extrême-Nord, frontalier du Nigéria et du Littoral camerounais, dont Douala est la capitale.

  Interdisant le port du voile intégral, le gouverneur du Littoral, Joseph Beti Assomo, a indiqué, en juin dernier, que cette démarche vise à  «se prémunir contre tout risque d'attaque terroriste ».

   Des équipes de sensibilisation ont, en effet, été engagées pour sillonner les mosquées en vue d’informer les imams et les fidèles de la décision et les amener à adhérer à cette mesure « qui devait participer de la sécurisation des populations dans un climat de menace  initié par Boko Haram », selon la même source.

 En juillet dernier, le Niger a adopté la même démarche, interdisant  la Burqa à Diffa, une région dans le Sud-est du Niger, frontalière du  Nigeria, où sévit Boko Haram.

  Le Gouverneur de la région, Yacouba Soumana Gao, a déclaré aux autorités religieuses que l’interdiction était nécessaire pour lutter contre les kamikazes qui se déguisent en musulmanes dévouées pour commettre des attentats.

  Des personnes portant le voile intégral, avaient été  suspectées d’être des combattants de Boko Haram, ont perpétré des attaques suicides à Diffa et dans la ville voisine de Bosso.

   Le Sénégal, pays musulman à 95% pratiquant un Islam modéré, ouvert et tolérant, a également interdit le port du Niqab, ont rapporté le 17 novembre 2015, les médias locaux.

   Au Gabon le port du voile intégral n’a pas été franchement interdit, mais  les forces de police ont été instruites, en juillet dernier, de procéder à tout moment à l'identification de toute personne portant un voile intégral sur la voie, les services et espaces publics ainsi que dans les transports en commun, selon communiqué du ministre gabonais de l’Intérieur Guy Bertrand Mapangou.

  Ces mesures de sécurité intérieure prises par le gouvernement (...) ne constituent point « une entrave aux libertés fondamentales individuelles», informe, toutefois, le même communiqué.

En Guinée, des médias locaux ont rapporté vers la fin du mois de juillet que le président Alpha Condé allait interdire le port du voile intégral. Une annonce qui n'a pas eu de suite, puisque la mesure n'a pas été officiellement annoncée.

  Abondant dans le même sens, l’imam de la mosquée centrale du huitième arrondissement de N’Djamena, Abdoulaye Souleyman Madjit,  a indiqué à   Anadolu que l’interdiction du voile intégral par les autorités tchadiennes est en partie justifiée auprès des communautés musulmanes et autres chefs religieux, par la volonté de lutter contre le terrorisme dans les grandes villes du pays.

«Nous ne pouvons que soutenir cette mesure du gouvernement tchadien d’interdire le port du voile intégral dans les lieux publics puisque les terroristes kamikazes, engagés par Boko Haram, l’utilisent pour dissimuler les bombes et faire des dizaines de victimes », commente-t-il.

    Son seul regret provient uniquement de l’absence de sensibilisation et de préparation de la communauté musulmane à de telles mesures "brusquement décidées".

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.