AA/Genève
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Turk, a affirmé que « Gaza demeure un lieu où se vivent des souffrances inimaginables, des pertes et une peur constante ».
S’exprimant à l’Office de l’ONU à Genève lors d’une rencontre avec des journalistes pour dresser un bilan de la situation des droits humains et des violations attendues en 2025, Turk a rappelé, à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme, que ces droits restent « sous-financés et attaqués ».
Le responsable onusien a décrit 2025 comme une année « difficile et pleine de contradictions » pour les droits humains, soulignant une montée des mouvements hostiles à ces principes.
« Gaza demeure un lieu où se vivent des souffrances inimaginables, des pertes et une peur constante », a-t-il répété, relevant que, malgré la trêve, « le sang ne cesse pas de couler ».
Il a poursuivi :
« Les attaques israéliennes se poursuivent contre les personnes s’approchant de la prétendue “ligne jaune”, ainsi que contre des habitations, des tentes de personnes déplacées, des abris et d’autres infrastructures civiles.
L’accès aux services et biens essentiels demeure dramatiquement insuffisant.
En Cisjordanie occupée, nous observons un niveau inédit d’attaques contre les Palestiniens, menées par les forces israéliennes et les colons, qui les poussent à quitter leurs terres. C’est le moment d’intensifier le soutien et le plaidoyer en faveur des Palestiniens vivant sous occupation, non de céder à la lassitude. »
Concernant le Soudan, Volker Turk a rappelé que les combats acharnés entre l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR) se poursuivent, entraînant des souffrances généralisées parmi les civils.
Il s’est dit « extrêmement préoccupé » par le risque de voir se reproduire, au Kordofan, les atrocités commises à Fasher.
Évoquant la guerre entre la Russie et l’Ukraine, le Haut-Commissaire a signalé une « augmentation rapide » des victimes civiles.
« Les pertes civiles enregistrées cette année sont supérieures de 24 % à celles de la même période l’an dernier », a-t-il indiqué.
Il a ajouté que les attaques massives visant le système énergétique ukrainien avaient paralysé les opérations d’urgence dans plusieurs régions et provoqué de longues coupures quotidiennes d’électricité.
S’agissant de la République démocratique du Congo (RDC), Turk a souligné que les affrontements entre les forces armées congolaises et les éléments du M23, soutenus par le Rwanda, demeurent marqués par de graves violations et exactions, les civils en payant « le plus lourd tribut ».
Il a insisté sur la nécessité que « les accords de paix et les cessez-le-feu soient garantis et appliqués de bonne foi, dans un respect total du droit international, qui ne saurait être relégué pour des considérations politiques ».
Le Haut-Commissaire a également alerté sur la baisse des financements, qui compromet ses capacités d’action : « Nous avons reçu cette année environ 90 millions de dollars de moins que nos besoins, ce qui a entraîné la perte d’environ 300 postes et interrompu des activités essentielles en Colombie, en RDC, au Myanmar, en Tunisie et ailleurs, à un moment où les besoins augmentent. »
S’appuyant sur les données jugées préoccupantes de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), Turk a relevé que les revenus des 100 plus grandes entreprises d’armement et de services militaires avaient atteint un niveau record de 679 milliards de dollars en 2024.
« Selon le SIPRI, la demande est alimentée par les guerres en Ukraine et à Gaza, les tensions géopolitiques mondiales et régionales, et la hausse continue des dépenses militaires », a-t-il expliqué.
Abordant enfin les efforts diplomatiques en cours, il a salué les initiatives visant à instaurer des cessez-le-feu et des accords de paix cette année, tout en estimant que ces démarches doivent placer les droits humains au cœur de leur mise en œuvre.
« Nous devons faire preuve de lucidité : à Gaza, dans l’est de la RDC et désormais entre la Thaïlande et le Cambodge, ces accords ne se sont pas encore traduits sur le terrain par une protection effective des civils », a conclu Turk.
*Traduit de l'anglais par Sanaa Amir