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Philippines : La paix de Moro peut être un modèle pour les autres zones de crise

Lors d’un entretien accordé à l’Agence Anadolu, Huseyin Oruc, membre du conseil d’administration de la fondation turque IHH, s’est exprimé sur la loi organique Bangsamoro ainsi que sur la création et la mise en œuvre de la région autonome.

Shueda Dinç  | 20.01.2019 - Mıse À Jour : 21.01.2019
Philippines : La paix de Moro peut être un modèle pour les autres zones de crise

Ankara

AA / ANKARA / Mehmet Öztürk, Faruk Tokat

Huseyin Oruc, membre du conseil d’administration de la fondation turque IHH, Droits Humains et Libertés, ainsi que de la délégation d’observation du processus de paix des Moros, a appelé tous les musulmans à soutenir la mise en place de la « région autonome de Bangsamoro », le fruit d’une résistance islamique dont l’histoire remonte à près de soixante ans aux Philippines.

Lors d’un entretien accordé à l’Agence Anadolu, Oruc s’est exprimé sur la loi organique Bangsamoro ainsi que sur la création et la mise en œuvre de la région autonome.

Monsieur Oruc, vous avez suivi de très près toute la période précédant la loi organique de Bangsamoro. Vous avez assisté aux négociations. Si vous le souhaitez, nous pouvons commencer par là.

-Lorsque nous évoquons la loi organique de Bangsamoro, nous parlons en réalité d’un processus entamé en 1997. Il s’agit de discussions intenses lancées avant la mort de Salamat Hashim. Depuis le début, Salamat Hashim avait mené ses travaux en ayant pour objectif la paix. Il avait un principe qui était « la guerre est quelque chose qui se fait pour la paix ». Pour lui, toutes les guerres n’ayant pas pour objectif final la paix sont des meurtres. Hashim était une personnalité toujours ouverte à la paix.

Si nous remontons plus loin dans le processus, Salamat Hashim s’est séparé du Front Moro de libération nationale [FMLN] fondé par Nur Misuari pour former le Front Moro islamique de libération [FMIL]. Nous ne connaissons pas exactement la cause de cette division. Alors que le FMLN existait toujours, une autre chose a surgi, le FMIL. Ce qu’on sait, c’est qu’au cours des accords de Tripoli, soit lors des négociations de paix en décembre 1976, un désaccord est né.

Faites-vous référence à l’accord sous l’égide de Kadhafi ?

-Oui. Salamat Hashim a refusé ces accords et cette autonomie. Il avait pour objectif l’indépendance. L’une des raisons apparentes de la séparation était celle-ci.

Il y a, sans aucun doute, une conception différente du monde dans cette division.
Salamat Hashim disait : « Nous sommes musulmans mais c’est parce que nous ne sommes pas réellement de bons musulmans que tout cela nous arrive. Si nous devenons à nouveau des [bons] musulmans, si nous retournons à nos valeurs, tout rentrera dans l’ordre ».
Pour sa part, Misurari disait : « Nous sommes des Moros. Ici, il y a, des musulmans, et des adeptes de religions locales, mais aussi des chrétiens ».
Les personnes âgées de la région affirment que le FMIL s’est séparé de la FMLN, et qu’une division a été constatée au sein de la FMLN. Mais en réalité cela ne s’est pas exactement passé comme ça.

Le FMNL a été constitué comme une organisation faitière, regroupant dans une même structure, grâce à des efforts malaisiens, l’ensemble des groupes. En 1971, la Malaisie a réuni l’ensemble des groupes de résistance lors d’un sommet à Kuala Lumpur.

A cette période, Misuari a suggéré la dénomination FMNL, tandis que Salamat Hashim avait préféré « FMIL ».

Misuari est sorti vainqueur et cette structure mère a été nommée FMNL. Le nom FMIL avait donc déjà été précédemment prononcé par Salamat Hashim au début des années 1970.

Concrètement, la division s’est faite en 1973.
Il y a plusieurs dates concernant la date de formation de la FMIL. Il est indiqué qu’il a été formé entre 1977 et 1981. Sa date de création officielle est en 1981. Par ailleurs, à partir de 1977, ils ont pris une voie totalement séparée de celle du FMLN. Et après 1973, Salamat Hashim et Nur Misuari ne se sont jamais retrouvés dans une réunion du Comité central.

En pratique, il y a eu une séparation très nette. En dehors de la conception de la paix et du monde en général, il y a une différence fondamentale concernant la conception de la résistance entre les deux leaders.

Le FMNL est un groupe agressif qui s’attaque de manière permanente à l’État. Pour sa part, le FMIL ne s’est pas organisé de cette manière à la base. Il s’agit davantage d’une résistance et d’une lutte, axées sur la défense.

Salamat Hashim a conçu le FMIL comme une force de protection qui lui permettra de laisser apparaitre la société qu’il avait imaginée. Il a toujours préservé sa force et est resté sur la défensive. C’est pourquoi on note peu d’opérations agressives de la FMIL. Ils ont davantage répliqué aux attaques qui les visaient.

Nous savons qu’il n’a pas ciblé les civils, mais n’a-t-il pas ciblé les positions militaires et armées ?

- Il l’a fait, mais il n’a pas adopté les attaques offensives comme une méthode de lutte fondamentale comme le FMNL. Par ailleurs, Salamat Hashim a une position plus ancienne dans la résistance que celle de Nur Misuari. Ils font partie de la résistance depuis les années 1960.

Vous dites qu’il y a des mouvements de résistance ? Avant le FMNL et l’entrée de la Malaisie dans cette affaire ?

A partir du début des années 1960, il y a eu plusieurs groupes de résistance. Mais la résistance organisée a commencé en 1967.
En 1968, l’armée philippine forme militairement les jeunes Moros, dans l’objectif d’attaquer l’île de Sabah, territoire malaisien. Pour des raisons encore inconnues, les jeunes Moros ont été massacrés par l’armée philippine à Jabidah près de Manille (massacre de Jabidah). C’est un génocide.

Est ce que Nur Misuari en faisait partie ?

- Nur Misuari n’est pas mentionné, sa participation arrive plus tard. A cette période, Misuari est un professeur d’Université, un homme d’opposition. Il s’agit d’un homme plus âgé que Salamat Hashim qui a une éloquence impressionnante. Une personnalité très charismatique.

Salamat Hashim est, quant à lui, une personnalité différente. L’objectif de Salamat Hashim n’est pas bien compris. L’objectif de Hashim est de construire une société au-delà d’une organisation de résistance, ce qu’il a réussi à réaliser en grande partie. En réalité, il a réussi ce qu’aucune autre organisation de résistance n’est parvenue à faire dans le monde musulman.


D’un côté il y a une lutte armée et de l’autre, des camps de formation et d’éducation, n’est ce pas ?

Il y a de l’académie scientifique à l’intérieur de tous leurs camps militaires. Il y a forcément de l’enseignement scientifique.

Les travaux de Salamat Hashim reposent sur quatre fondements. Tous les habitants de la région Moro adoptent cette philosophie de vie. Il s’agit d’un projet de transformation sociétale basé sur quatre piliers.

Le premier, est l’Islamisation. Pour Misuari, la résistance est le plus important, pour Hashim c’est l’Islamisation. Hashim affirme clairement : « Nous sommes des musulmans, nous devons agir en tant que musulmans. C’est parce que nous n’avons pas une structure musulmane correcte que tout cela nous arrive. Il faut d’abord qu’on se corrige soi-même ».

Il s’agit là d’une stratégie inspirée de la sourate al-Anfal, verset 53 « C'est qu'en effet, Allah ne modifie pas un bienfait dont il a gratifié un peuple avant que celui-ci change ce qui est en lui-même».

Il dit que « nous sommes connus pour être des Moudjahids [personne qui combat pour la cause de l’Islam]. Le monde nous connait pour être des Moudjahids. Or moins de 30% des personnes que nous appelons Moudjahids sont pratiquants seulement».

Jusqu’à ce que Salamat Hashim lance ce travail basé sur ce principe, il y avait aux Philippines, un profil de Moudjahid non-pratiquant.

Il ne s’agit pas de la société entière, mais bien de 30% des Moudjahids. Le deuxième fondement est la force d’organisation. Le troisième est l’arme et l’armée et le quatrième est de se suffire à soi-même.

Le quatrième principe est vrai et pour l’organisation et pour les personnes en particulier.


Lorsque l'État des Philippines a été fondé en 1946, les musulmans constituaient la majorité dans treize provinces. D'ailleurs, le mouvement de libération était une structure visant l'autonomie de ces treize provinces.

Mais avec le temps, les musulmans ne sont devenus majoritaires que dans cinq États. L'autonomie dont nous parlons, concerne ces cinq États.
La guerre continue depuis le début, tout comme les discussions. Le FMIL a participé aux négociations pendant 17 ans. Les parties sont parvenues quelques fois à un accord sans résultat tangible.

Un accord a été conclu en 2008, puis un changement de pouvoir l'a suivi. La Cour constitutionnelle a annulé une partie de l'accord qui est ainsi devenu invalide. Les conflits ont repris. Alors président, Aquino (le fils de Corazon Aquino) a relancé les négociations en 2010. L'accord de Bangsamoro a été signé en 2014, durant sa présidence.

Tout était terminé alors, et on attendait la ratification de l'accord par le Parlement. Mais un problème est survenu en 2015 à Mamasapano, avec l'intervention américaine. L'armée philippine a effectué une opération qu'elle ne devait pas mener. Elle est entrée dans la zone du FMIL sans prévenir, sans respecter les règles d'engagement. Suite à l'intervention du FMIL, 44 soldats d'élite de l'armée philippine ont été tués et le processus a été de nouveau arrêté.

Le FMIL contrôlait la région entière. L'armée philippine n'y entrait pas. Le président actuel, Duterte a promis de « résoudre ce problème », lors de sa campagne électorale.

Duterte est-il issu de cette région ?

- Duterte est issu de Davao. C'est une région où les musulmans sont devenus minoritaires alors qu'ils constituaient la majorité. Mais il a des ascendants musulmans. Sa grand-mère est musulmane. Duterte connait bien Mindanao et le problème des Moro. Dès sa campagne électorale, il a déclaré qu'il pourra résoudre la crise Moro.

Certains disent qu'il était aussi camarade de classe de Misuari, est-ce vrai ?

- Ils ne sont pas des camarades de classe mais ils se connaissent bien dans la région. Ils sont de très anciens amis. Le mouvement FMLN de Misuari a trois centres, à savoir Davao, Zanboanga et Sulu. Sulu est le foyer. Davao et Zanboanga sont les deux centres de commandement des opérations.

Ils sont des amis très proches de Davao. Misuari est l'interlocuteur de Duterte, quand il s'agit de la question Moro. Mais Misuari a perdu son leadership et sa force sur le terrain, avec le temps. Par la suite, le leader du FMIL, Salamat Hashim, puis Hadj Mourad Ibrahim, après le décès de Hashim en 2003, sont devenus les interlocuteurs de l'État.

L'accord actuel a été conçu sur la ligne de Hashim. Duterte avait renouvelé à plusieurs reprises sa promesse de faire passer la loi dans le cadre de l'accord, et de former le nouveau Bangsamoro.

Cela a pris un peu de temps. Environ deux ans après son arrivé au pouvoir, la loi a été adoptée par l'Assemblée des Représentants et le Sénat, avant d'être approuvée par le président Duterte en juillet. L'accord est entré en vigueur et a été appliqué.

Nous avons maintenant deux questions. La première concerne l'administration «Autonomous Region in Muslim Mindanao» (Région autonome musulmane de Mindanao, RAMM). L'administration actuelle sera aussi autonome. Pourquoi y a-t-il eu besoin d'une nouvelle administration autonome après la RAMM ? Quelles sont les différences entre les deux autonomies ?

La RAMM a été fondée en 1989. Les discussions pour la paix ont commencé en 1973, sous le leadership de Misuari. La mise en place d'une région autonome a commencé avec Marcos, qui a entamé des négociations dans treize États.

Il s'agit de négociations d'autonomie sur un territoire plus large.
Il y a également l'accord de Tripoli, ainsi que d'autres en cours. Le cadre de l'autonomie a été déterminé à Djakarta. Mais l'État n'a jamais respecté les accords.

Ensuite, en 1986, la mère Aquino devient présidente avec la révolution populaire et le problème continue. Les Moros musulmans poursuivent leur résistance. Quant à Aquino, elle poursuit l'initiative pour résoudre le problème mais pas en vue de répondre aux demandes des musulmans.

Lorsque les discussions sont bloquées, elle fait passer la loi visant la création de la RAMM en 1989, sans l'intervention des musulmans. C'est donc un processus dans lequel les parties ne sont pas incluses, surtout la résistance. La RAMM d'aujourd'hui est ainsi mise en place. Une personne n'ayant aucune relation avec la résistance ou le leader de l'époque, Misuari, est désignée gouverneur de région. En 1996, Misuari est incité à trouver un accord, au terme des démarches entreprises par l'Organisation de la coopération islamique (OCI), et devient gouverneur de la région.

Le FMIL et le FMLN sont bien membres de l’OCI ?

- Oui, tous deux sont des observateurs au sein du département de l'OCI sur les minorités. L'OCI mène des travaux importants sur l'unification de ces deux groupes. Dans l'accord de l'époque, l'OCI est médiatrice. En 1996, Misuari assume la responsabilité sous condition de combler les lacunes. Mais l'État maintient sa position et rien ne change.

Misuari a-t-il été à la tête de la RAMM ?

- Oui, il devient gouverneur de région. Mais les demandes des musulmans ne s'arrêtent pas là. Ils en ont 43. L'État déclare qu'il répondra à toutes. L'OCI est l'un des garants, mais aucune des demandes n’a été satisfaite. La RAMM reste une région autonome. Sur le plan économique et administratif, elle est très limitée. En pratique, c'est un système d'État, la RAMM est l'un des États du pays, sans plus. C'est pourquoi, cette structure ne résout pas le problème Bangsamoro. Misuari et Hashim, qui voient bien que cela ne résoudra pas le problème de Bangsamoro, poursuivent la résistance.


Nur Misuari a-t-il été incarcéré à une certaine période ?

- Bien sûr. Il a été arrêté plusieurs fois. Il a été gouverneur de la RAMM jusqu'en 2001. Mais constatant que le processus n'avance pas, il ne peut pas réussir, lui non plus, dans le système conçu. Car dans ce système, le gouverneur ne pourra pas travailler si l'administration centrale ne le veut pas. Donc Misuari ne peut pas former son équipe. Il n'est pas facile, à l'époque, que les cadres de la résistance deviennent des cadres administratifs.
Donc, le FMLN a échoué, ce qui a abouti à sa division en treize factions. Les combattants du FMLN se sont désarmés, en vertu de l'accord de l'époque, et ont intégré l'armée et la police.

Puis, l'État philippin les a mutés dans divers coins du pays, et ils ont été ainsi démobilisés. Le FMLN a perdu, donc, toute sa force militaire. La mauvaise conception de la RAMM et les promesses non tenues sont les raisons pour lesquelles de nouveaux accords sont actuellement débattus. On est entré dans la période de la gestion de la résistance Moro par le FMIL. Le FMLN perd son soutien populaire, donc c'est le FMIL qui prend le relais, et des négociations se poursuivent depuis 1997. Ils réclament l'indépendance mais doivent reculer un peu durant les discussions. Ils travaillent, donc, sur une autonomie qui accorde plus de droits, donc pas comme la RAMM.


Cet accord prévoit-il de « rendre les armes en contrepartie » ?

- La lutte armée sera abandonnée en faveur de la lutte politique. Voici le résumé de l'accord. Tous les groupes se désarmeront mais ne les rendront pas à l'État.

C'est l'une des exceptions de l'accord. Une commission internationale a été mise en place, dont la Turquie fait partie. Un ambassadeur turc préside cette commission, et c'est eux qui collecteront les armes. Cette démarche a un aspect moral en fait. Dans une lutte qui dure depuis des siècles, le pire qui puisse arriver à un homme, dans la pensée Moro, c'est de déposer son arme.

Donc une entité indépendante a été formée en tenant compte de cela. C'est la commission indépendante qui récupérera et gardera les armes dans les zones qu'elle contrôle. Les armes ne seront pas données à l'État.


Que vont devenir les soldats qui auront rendu les armes ?

- Des programmes permettant leur réintégration à la société vont être appliqués. Certains seront retraités. D’autres serviront en tant que policiers ou soldats s’ils possèdent les aptitudes nécessaires. Certains travailleront dans l’administration. D’autres retrouveront leurs terres et animaux dans leurs fermes. Certains reprendront leur commerce. L’État les aidera dans ces processus.

La région autonome aura-t-elle ses propres forces de sécurité ?

- Pas dans un premier temps. Normalement il était question de créer la police de Bangsamoro, mais le vote au parlement n’a pas retenu ce point. Les forces de police seront centralisées. Mais le Front considère cela comme un début.

Ils disent : « Dans le futur nous allons continuer à discuter avec l’État sur les points manquants de l’accord ». La police fait partie de ces sujets, comme d’autres points de désaccord.

Selon l’accord, une force de sécurité temporaire sera créée. Pour assurer la période de transition. Une force de 6 mille personnes va être constituée. 3 mille seront des FMIL et 3 mille de l’État. C’est un exemple important sur un sujet important. Deux structures, qui se combattaient il y a encore peu, vont travailler ensemble sous une même hiérarchie. Leur formation a commencé. Le 21 janvier, il y aura un référendum au Bangsamoro et d’autres régions voisines.

Y-a-t-il un risque que le « non » l’emporte dans ces régions, compte tenu d’un changement démographique ?

- En plus de la police, il y aura un accord qui va élargir la région. C’est l’une des principales différences avec la RAMM. La RAMM n’est pas une région qui répond aux attentes des Musulmans.

En 2001, il y a eu un référendum éclair. La décision a été prise et en une semaine le référendum a été organisé. Malgré ce caractère éclair, 6 grandes municipalités, 2 villes et 36 localités voisines de la RAMM ont voté « oui » au référendum.

Pendant longtemps il a été question de l’annexion de ces zones à la RAMM, mais elle n’a pas eu lieu.

Maintenant, que le Bangsamoro va être créé, il est question de les y intégrer.

L’accord comprend seulement leur intégration directe et la tenue d’un référendum. Mais le parlement a considéré que leur seul « oui » ne suffirait pas, il faut aussi que les régions auxquelles elles appartiennent disent aussi « oui », pour qu’elles puissent se séparer.

C’est un point de la Constitution qui est à l’origine de ce développement.

C’est pourquoi les intégrations régionales ne se feront pas seulement dans les régions majoritairement musulmanes, mais aussi là où les musulmans sont minoritaires.

Ainsi, la question va être aussi posée dans les régions majoritairement chrétiennes. On va leur demander « s’ils veulent qu’ils partent », « s’ils veulent rejoindre les régions majoritairement musulmanes ».

C’est forcément risqué mais les frontières ont été tracées.

Est-ce un risque important ?

- C’est un risque moyen. Il est difficile de dire : « ceux-là intégreront de manière sûre ». Comme on ne peut pas dire : « ceux-là diront [non], car ils sont chrétiens ». Il faut une campagne, bonne et forte.

Si dans les régions majoritairement musulmanes le « oui » l’emporte et dans les régions chrétiennes le « non », cela influera-t-il sur les résultats globaux ?

Dans ce cas ils n’intégreront pas le Bangsamoro. Oui car il faut un « oui » à hauteur de 51%. La campagne est essentielle. C’est difficile mais pas impossible. Il faut bien expliquer aux musulmans qui vivent là-bas ce qu’ils vont gagner en intégrant le Bangsamoro.

Aux chrétiens, il faut bien expliquer ce que leur apportera le départ des régions qui veulent rejoindre le Bangsamoro. Ils vont sérieusement bénéficier d’un avantage démographique.

L’argent qu’ils touchent de l’État ne va pas changer mais une partie importante de la population va rejoindre le Bangsamoro.

Il est donc aussi question de migrations ?

- Non pas de migrations, ce sont les régions entières qui vont intégrer le Bangsamoro. Il y a une véritable dualité. Il y a une région majoritairement chrétienne, où les musulmans sont sérieusement discriminés.

Ceci remet en cause l’harmonie. Je pense qu’il faut expliquer cela aux chrétiens. Ils doivent comprendre que la création du Bangsamoro sera également un facteur de prospérité pour eux. Un travail est fait dans ce sens. Les choses sont en bonne voie tant au niveau des dirigeants que de la population. Rien n’est acquis, mais au départ, cela semblait impossible. Trois mois après le vote de la loi, on commence à dire c’est possible.

Y a-t-il des sondages réalisés sur le référendum ?

-Pas d’enquête très fiable. Des travaux sont en cours et pour l’instant ils montrent que le « oui » et le « non » sont au coude à coude.

En cas de victoire du « oui » au référendum, si les 51% sont atteints, y a-t-il une quelconque garantie internationale pour l’application et la poursuite de ce mécanisme ?

- Non. Au final, il est question de souveraineté. Les Philippines, dans le cadre de leur souveraineté, créent une région autonome. Il y a seulement des médiateurs.

La Malaisie est le médiateur principal. Il y a un groupe de contact dans lequel se trouve aussi la Turquie. Ils ont un rôle de facilitateurs. Il y a aussi une délégation de 5 personnes comprenant l’IHH. En tant que IHH, nous sommes dans ce groupe d’observateurs.

C’est ce groupe qui va contrôler si tous les points de l’accord de 2014 sont tous bien respectés et appliqués. Nous travaillons sur ce point. Nous sommes toujours sur le terrain dans la région.

Tous les 2 mois, je me rends dans la région, en tant que représentant de l’IHH. Nous allons faire nos observations durant la période de transition qui va durer 3 ans et demi. Pour terminer le processus normal, tous les points de cet accord devront être appliqués.

Les deux parties, FMIL et l’État, la Malaisie et notre groupe, devront nous réunir et dire « ok, tous les points de l’accord ont été respectés ».

Si ce n’est pas le cas et que tous les points ne sont pas appliqués, alors le processus sera prolongé. Nous pouvons donc parler d’un rôle de garant, assuré par la Malaisie et notre groupe, tout en rappelant qu’il n’a qu’un rôle plutôt moral sachant que nous n’avons pas de pouvoir contraignant.

Si l’État philippin dit « Non tout est fini », nous ne pourrons que le constater, pareil si FMIL rend les choses impossibles, nous ne pourrons que le déclarer au reste du monde, sans rien pouvoir faire de plus.

Pour modifier la loi ayant découlé d’un référendum, les nouveaux dirigeants devront aussi avoir recours à un référendum. Ce n’est, donc, pas facile de la changer.

C’est une loi au statut spécial. C’est presqu’équivalent à une réforme de la constitution. Pas facile de la changer au parlement, mais pas impossible.

Disons que le « oui » l’a emporté avec 51%, comment va avancer le processus ?

- Après le référendum du 21 janvier, « l’autorité de transition du Bangsamoro » va être mise en place. Elle comptera 80 membres. Ce sera le parlement de transition du Bangsamoro jusqu’en mai 2022. L’actuel RAMM va prendre fin.

Cette assemblée de 80 personnes va, dans les faits, prendre les clés en main.

Elle va constituer en son sein un cabinet. Elire un Premier ministre qui devra former son gouvernement pour 3 ans et demi. Le chef de l’Etat va nommer ces 80 personnes mais la loi veut que la majorité soit issue des FMIL et que le Premier ministre en soit issu aussi. C’est à dire que le Front de libération islamique Moro va vivre une période de transition de 3 ans et demi.

En parallèle, les autres points de l’accord vont être appliqués, dont le point principal qui est celui du désarmement. Le but étant de revenir à la politique.

Par périodes, le FMIL va dissoudre sa force militaire.

Une fois l’accord appliqué, en quoi la vie quotidienne d’un habitant du Bangsamoro va changer ? Que va apporter l’accord ?

- L’accord et la loi ne sont pas identiques à 100%. Il y a un accord signé en 2014 après 17 années de pourparlers. L’attente était que cet accord soit entièrement retranscrit dans la loi adoptée. Mais ça n’a pas été le cas. FMIL savait que certains points ne passeraient pas. Aux Philippines, il y a deux autorités : le gouvernement et le parlement. Il y a aussi la Cour constitutionnelle. A ce niveau aussi, il y a un risque.

Y a-t-il un risque qu’elle soit, après le référendum, portée devant la Cour constitutionnelle ?

- Bien sûr, après le référendum ou avant, quelqu'un peut prétendre que cette loi est inconstitutionnelle et la porter devant la Cour suprême.

Sont-ils nombreux à penser le faire?

- Pas autant que ça. Parce que Duterte est un leader très puissant. En ce moment, personne ne veut être en mauvais termes avec son puissant leadership. Les articles qui étaient déjà considérés comme inconstitutionnels ont été mis de côté au cours de l’adoption de cet accord.

Mais le principe général est celui-ci : « Cette région est le territoire des musulmans. C'est la terre ancestrale des musulmans. Des espagnols aux philippins, de nombreuses injustices ont été infligées et nous les reconnaissons. Nous vous avons causé du tort. Tels crimes ont été commis dans cette région. Nous le reconnaissons, nous vous demandons pardon et prenons l’ensemble des mesures nécessaires pour ne pas les répéter », affirme ce traité et cette loi.

Cela souligne l’identité Bangsamoro et affirme que les premiers propriétaires de ces terres sont les Moros.

« Ça c’était le passé, maintenant nous devons vivre dans l’Etat des Philippines sous un même toit», dit-il. C’est un accord qui souligne nettement le « vivre ensemble ».

En plus du cadre moral il y a des réciprocités matérielles. La plus grande différence, ici, est qu’il s’agit du pays le moins avancé parmi tous les pays en conflit.

Le niveau d'éducation du pays, les infrastructures sanitaires, l'industrialisation, l'agriculture industrielle sont aux plus bas, c’est une région dans laquelle les gens vivent sous le seuil de la pauvreté et où il y a un très grand taux de migration ainsi que des problèmes de sécurité.

C’est la zone la moins développée des Philippines. Il fallait avant tout mettre un terme à cela et recréer un équilibre avec les autres régions des Philippines.

Pour cela, un fond intitulé « Block Grants » sera mis en place. Chaque année, 5% du budget de l'État philippin sera transféré au gouvernement de Bangsamoro en tant qu'allocation versée au fond. Rien que cela, c’est l’équivalent du double du budget actuel de la RAMM.

Est-ce un budget raisonnable, compte tenu de la proportion du budget à la population ?

- C’est un bon et raisonnable budget. C'est un budget bien plus élevé que celui versé par les Philippines aux autres régions locales. Et ce n’est pas tout.

Normalement, selon l'accord, 75% de la taxe perçue dans la région sera utilisée dans la région et 25% sera transférée au centre. Mais pendant dix ans, le pourcentage de la taxe perçue restera dans la région.

100% seront utilisés par le gouvernement de Bangsamoro. Ce sera là un budget supplémentaire entre les mains du gouvernement de Bangsamoro.

75% des revenus provenant des ressources naturelles resteront dans la région et 25% seront versés au gouvernement central et donc partagé entre les deux parties. La part des mines d'origine fossile sera de 50% chacun.

Il y a des réserves très importantes de gaz naturel et de pétrole dans la région, et il y a aussi d’importants gisements d'uranium.

Les ressources fossiles et l'uranium seront partagés à 50% entre les parties. Ce n'est pas un accord négatif pour le gouvernement compte tenu de la taille du budget.

Aujourd'hui, je pense que l'autonomie la plus complète dans le monde est celui du district kurde du nord de l’Irak. Même leur participation dans le pétrole a été réduite de 17% (12,5% en mars 2018).

Celui de Bangsamoro sera de 50%. Cela apporte, en fait, à Bangsamoro une autonomie financière qui n’existe dans aucune autre région autonome. Toute cette affaire est la partie matérielle de cet accord. En plus de cela, il y a aussi un contenu moral et d'identité historique.

Il s’agit là d’une chose formulée à plusieurs reprises mais jamais encore réalisée. L'une des demandes les plus importantes dans les pays où les musulmans sont des minorités est la question de la double législation. Les Philippines sont un État laïque et ont un système juridique séculaire.

Toutefois, conformément à cet accord des tribunaux où seront appliqués la loi islamique seront créés à Bangsomoro.

Il y aura deux phases. La première étape est celle du droit civil. Si les deux parties civiles sont des musulmans Moros, alors la loi islamique s’appliquera.

Si une partie est chrétienne ou locale, l’affaire sera du ressort des tribunaux laïques philippins. Les tribunaux islamiques seront également des tribunaux philippins.

Ils figureront dans le système juridique philippin sous les juridictions philippines. Ces tribunaux existant actuellement «de facto » et seront reconnus «de jure» comme juridiction. Certaines qualifications sont exigées des juges qui exerceront dans ces tribunaux.


Vous avez dit que la loi islamique sera appliquée dans la région. Ici, aux Philippines, l'église, très puissante, nous vient à l'esprit. Quelle est l'approche de l'église à cet égard ? Comment appréhende-t-elle la situation ?

- L'église est, en fait, la plus ouverte. En particulier à Mindanao, il y a un vivre ensemble. L’église de Mindanao et les autorités sont ouvertes à cette loi, mais aussi à l’ensemble de l’accord. Je leur ai demandé directement. Cotabato est la capitale de la région. J’ai discuté avec l’archevêque de l'église paroissiale, le Cardinal Orlando Beltran Quigley : « Comment faites-vous confiance aux musulmans ? Pourquoi soutenez-vous un tel accord ? Pourtant avec cet accord vous serez une minorité dans la région » ai-je dis.

Puis il m’a donné une réponse frappante : « Même en temps de guerre, ils ne m’ont jamais causé de tort alors pourquoi le feraient-ils en temps de paix ?».

Cette déclaration témoigne de la lutte et la résistance qui a lieu à cet endroit.

Cela nous montre que la résistance, faite dans les limites déterminées par l’islam, a gagné le cœur des chrétiens. C'est très important. Surtout maintenant, compte tenu des incohérences dans notre région et de ce qui se passe en Syrie, en Irak.

Cette réussite devrait être inscrite en grandes lettres de façon à ce que tout le monde puisse la voir. C’est une communauté qui a réussi cela. Il est question d’une structure qui tient compte du droit islamique de la guerre, du droit de la paix et du droit des minorités.

Encore une fois, une résistance qui tient compte de ses principes et qui est dotée de telles qualités est très rare. Il ne serait pas faux d’affirmer que la seule organisation résistante au monde à ne pas récolter de taxe de résistance est le Front Moro islamique de libération (FMIL). La plus grande ressource des organisations résistantes, dans n’importe quelle partie du monde, proviennent des taxes perçues du commerce régional. Ce sont les taxes perçues des appels d’offres régionaux.

Le FMIL ne perçoit-il pas de taxes ? Car il n’y a pas d’État là-bas.

- L’Etat est présent dans la totalité, il y a des taxes perçues par l’État. Mais le FMIL n’en a jamais perçu, jusqu’à ce jour.


Et quand il dominait ?

- Aujourd’hui encore il domine. Les terres sont sous le contrôle de la FMIL. L’État n’est pas dans la région. Il y a environ 50 000 entités armées dans la région. Il s’agit d’une zone qui abrite environ 5 millions d’individus.

Il y a des corps armés. La région n’est pas très grande. Les régions de la FMIL sont totalement libérées. Quand je parle de camps, ce ne sont pas des petits camps.

D’après ce que je sais, il n’y a pas de contrôle étatique dans le domaine commercial ou social. Il n’y a pas de contrôle étatique. Aucun impôt. En plus de la FMIL, il y a les combattants de la liberté islamique de Bangsamoro sous contrôle d’Ameril Umbra Kato. Il y a le groupe Abou Seyyaf.

Vous avez dit que le médiateur principal est la Malaisie. N’est-ce pas étrange, que l’Etat philippin ait accepté la médiation de ce pays ? Quel a été le processus ?
Si vous voulez un accord, il faut faire body_abstraction du passé. C’est la chose la plus importante que j’ai appris au cours de ces 5 années de médiation. Vous n’avez pas de passé. Il n’y a pas de facture du passé. Vous ne devez pas oublier, mais pas sortir de factures.

Ça ressemble un peu au modèle Mandela ?

- Oui, mais en réalité il n’existe pas d’autre voie. On parle d’une perte entre 120 et 200 mille personnes pour les moros. Vous perdez 200 mille de vos semblables, 2,5 millions sur une population de 4 millions migrent en dehors de leur pays. Vous vivez la pire des pauvretés. Pendant 50 ans, vous avez mené une lutte armée dans la forêt. Et vous le faites pour l’indépendance. Vous oubliez cette lutte pour vous asseoir à la table des négociations. L’État fait la même chose. L’État ne dit pas « la Malaisie a fait ceci, l’Indonésie a fait cela ». Ils disent « nous avons ouvert une nouvelle page ».

La Turquie a-t-elle joué un rôle dans tout ce processus ? A l’avenir, quel pourrait être le rôle de la Turquie là-bas ?
Je vais expliquer, en le soulignant, le rôle de la Turquie. La Turquie a joué un rôle en 3 étapes. L’un des pays de contact, lors de l’étape des rencontres, était la Turquie.

C’est une responsabilité importante. Qu’est ce qui a été fait ? Elle était présente à certaines réunions et d’autres non, mais c’était important que le nom de la Turquie soit énoncé lors des réunions en Malaisie. La seconde, c’est la commission indépendante qui prendra en compte les armes.

La Turquie, la Norvège et le Brunei en composent la structure, mais elle est présidée par la Turquie. Cela est très important du point de vue des moros. Ils disent, « Nous restituons les armes à un Turc. Nous les confions à un musulman ».

Le Brunei est aussi musulman. Les Norvégiens ont également apporté un sérieux soutien technique. La troisième étape, c’est par l’intermédiaire de la Fondation turque IHH qu’elle l’a réalisé. Et nous en tant qu’IHH, nous sommes dans la délégation d’observation.

L’IHH est la seule structure de la société civile à prendre part à la délégation composée de 5 membres et chargée de contrôler tout ce qui est fait. Là aussi, c’est une première. C’est la première fois qu’une ONG turque endosse une aussi grande responsabilité dans un domaine international.
En fait, comme l’a dit Murat Ibrahimi, « C’est l’une des actions de l’IHH qui viendra couronner tous les services qu’elle a rendus aux musulmans ».

Nous fournissons tous les efforts nécessaires pour accomplir nos responsabilités. J’espère que nous y apportons une contribution importante. La Turquie a apporté sa contribution dans ces trois domaines.
Il faut également parler de la contribution de la société civile. D’importants projets humanitaires portés par l’IHH se poursuivent dans la région. La Fondation Diyanet et la TIKA (Agence turque de la coopération et de la coordination) y mène également des projets.

Le processus actuel est très important. En particulier, seront importantes les responsabilités d’un pays comme la Turquie dans la phase de création de la région autonome de Bangsamoro. Une nouvelle structure est en train d’être créée.

Un nouveau système de gestion verra le jour. Un sérieux travail de préparation se poursuit en ce sens. Un référendum est prévu. Dans la région, pour la première fois le FMIL va participer à une élection. Ils n’ont aucune expérience à ce sujet. Un soutien sera apporté dans ce sens. Mais ce qui est important c’est le soutien de la Turquie, aussi bien financier qu’en terme de personnel qualifié, pour rendre viable d’un point de vue technique et administratif la nouvelle structure.

Il est très important pour les fonctionnaires là-bas, de suivre une formation en Turquie. Plus de 100 élèves de Mindanao suivent un cursus en Turquie dans le cadre d’un projet porté par la Direction des Turcs de l’étranger et des populations affiliées (YTB).

Les premiers diplômés sortiront à la fin du prochain semestre. Ils prendront des responsabilités dans le gouvernement provisoire là-bas, une fois qu’il sera mis en place.

Les musulmans y ont obtenu une autonomie qui pourrait servir de modèle aux autres minorités musulmanes dans les autres régions. Le Cachemire sous occupation indienne, les musulmans d’Arakan, les musulmans de Patani. Nous devons travailler, en mettant en œuvre tous nos moyens, pour le succès de ce modèle, afin qu’il puisse représenter un espoir pour les moros et les autres musulmans à travers le monde.

L’autosuffisance, c’est aussi valable pour l’organisation ?

- C’est aussi valable pour l’organisation. Par exemple, la Malaisie a apporté son soutien, Kadhafi également. La formule a été mise en place de manière à faire vivre l’organisation avec la « zekat » versée par la population. Les étrangers n’ont pas été installés à la direction. Des étrangers sont venus dans la région, mais aucun n’a jamais pris place dans l’équipe dirigeante.
Il n’y a jamais eu d’étranger au Comité central. Selamet Hachim n’a jamais permis à un étranger de jouer un rôle actif. Il a indiqué ceci, « Si vous voulez aider, faites-le, mais ici c’est à nous ».

L’année dernière, un sommet s’est tenu à Bangsamoro. 1,2 millions de personnes y ont participé. Le Front n’a fourni aucun soutien financier. Ces 1,2 millions y sont venues de différentes régions du pays avec leurs propres moyens.
La population totale du futur pays sera de 5 millions. Le Front les a invités, et tous ces gens ont répondu à l’invitation avec leurs propres moyens. Ce que je veux dire par là, c’est qu’il s’agit d’un mouvement très efficace au sein de la population.

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