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L'ambassadeur de Turquie à Tunis : Le putsch manqué de Gulen était appuyée de l'extérieur

L'ambassadeur de Turquie en Tunisie, Ömer Faruk Doğan, a déclaré que l'échec de la tentative de coup d'État menée par l'organisation terroriste Gulen dans la nuit du 15 juillet 2016, soutenue de l’extérieur.

Lassaad Ben Ahmed  | 15.07.2019 - Mıse À Jour : 15.07.2019
L'ambassadeur de Turquie à Tunis : Le putsch manqué de Gulen était appuyée de l'extérieur

Tunisia


AA / Tunis / Bouazza Ben Bouazza

L'ambassadeur de Turquie en Tunisie, Ömer Faruk Doğan, a déclaré que l'échec de la tentative de coup d'État menée par l'organisation terroriste Gulen dans la nuit du 15 juillet 2016, soutenue de l’extérieur, visait l'unité et l'indépendance du peuple turc.

Dans une interview accordée à l’agence Anadolu, Doğan a traité des relations et de la coopération stratégique établie entre la Tunisie et la Turquie, soulignant que le partenariat turco-tuniso-africain et le partenariat turco-tuniso-arabe représentent les voies à même de défendre les intérêts de la région et de garantir le droit de ses peuples à la liberté, à l'indépendance et d'asseoir les conditions d'une vie décente à ses habitants.

- Le coup d'État manqué du 15 juillet 2016: une tentative terroriste de s'emparer du pouvoir par la force

Le diplomate turc a, à cette occasion, dévoilé le plan tissé de longue date par les auteurs du putsch manqué.

“Le groupe travaillait dans le secret depuis 40 ans en exploitant les sentiments religieux et patriotiques du peuple turc pour s'organiser en vue d'accéder au pouvoir de manière illégale”, a-t-il noté précisant que l’action menée, à cet effet, se situait à trois niveaux: la justice, l’armée et la sécurité et l’enseignement.

"Le groupe terroriste a accumulé des ressources considérables dans le secteur de l'enseignement et a appliqué le même plan dans 100 pays hors de la Turquie”, a-t-il encore précisé.

L'ambassadeur a relaté en détail les péripéties du putsch manqué : « Dans la soirée du 15 juillet 2016, ils sont intervenus (les partisans de l'organisation Gulen) pour arrêter le président et entreprendre un coup d'Etat pour prendre le pouvoir en Turquie de manière illégale et selon un procédé terroriste. Ils ont tiré sur la population, le parlement turc et les forces nationales».

«Le bilan s'est élevé à 250 martyrs parmi les enfants de Turquie qui ont sacrifié leurs vies pour défendre leur gouvernement et leur Etat pour ne pas le céder aux terroristes, des martyrs auxquels s'ajoutent plus de 2000 blessés ».

Et d’ajouter : « Cette nuit-là, des avions ont ciblé des centres stratégiques. Le peuple turc s’est alors rendu compte qu’il avait à faire manifestement à une intervention illégale et éminemment terroriste, ce qui l’a poussé à s’attacher à ses valeurs afin de protéger son président et son gouvernement et, à l’évidence, son indépendance ».

- Un coup d'Etat appuyé de l'extérieur

« Il est apparu que cette intervention n'était pas uniquement une attaque terroriste, mais était également financée par d'autres forces », a déclaré Doğan.

« La preuve est que les avions utilisés par les putschistes sont restés en vol pendant plus de 10 heures et ont été ravitaillés en l'air en carburant pour ne pas atterrir jusqu'à la fin de l'opération », a-t-il étayé.

« Le but était vraisemblablement de donner l’impression qu’ils s’étaient accaparés du pouvoir. Mais le peuple turc, y compris des martyrs de 14 ans, s’y ont opposés à l'aéroport, dans la capitale et à Istanbul, et ont réussi à contrecarrer cette attaque terroriste illégale pour protéger leur propre unité et leur gouvernement », en a-t-il conclu.

- Points communs entre les peuples tunisien et turc

L'ambassadeur Doğan considère, par ailleurs, que les peuples turc et tunisien ont en commun l'attachement à l'indépendance et à l'unité nationale.

« Le peuple tunisien a préservé son unité depuis 2011 (date de la révolution qui a fait chuter le régime de l'ancien président Ben Ali) jusqu'à aujourd'hui et a protégé son pays qui s'apprête à vivre des élections démocratiques en octobre 2019 et pour choisir son parlement et son président de manière indépendante », a déclaré le diplomate turc.

"C'est la même spécificité qui a émergé le 15 juillet 2016 avec le peuple turc qui a barré la route à ce groupe hors-la-loi, lequel a mis à contribution dans son projet funeste une partie des autorités turques pour les amener à servir les objectifs de leurs alliés terroristes », a-t-il relevé.

Trois ans après l'échec de la tentative de coup d'Etat, l'ambassadeur de Turquie en Tunisie en tire les enseignements.

« Oui, nous avons traversé des moments difficiles, ce qui nous a permis de savoir que la solidarité et l'unité sont les éléments les plus importants pour l'avenir de nos enfants », a-t-il analysé.

Aussi, juge-t-il que la vigilance doit être toujours de mise, en citant un proverbe turc qui dit littéralement : “l’eau peut dormir, mais l’ennemi ne dort jamais”.

Pour ce diplomate chevronné, « dans cette région de la Méditerranée et du Moyen-Orient, nous avons un grand potentiel pour la solidarité et la protection de nos peuples, mais c'est en réalité la région la plus troublée du monde ».

Il a évoqué à cet égard, les problèmes dont souffrent la Syrie, l'Irak et la Libye, mettant l’accent sur les menaces qui pèsent sur l'unité de ces pays et les souffrances auxquelles sont confrontées leurs peuples.

Pour faire face à cette situation déplorable, il juge impératif de « déployer un grand effort de solidarité pour protéger ses peuples et l'unité de leurs pays, mais aussi pour leur permettre d'avoir un niveau de vie digne et équitable à l'instar des peuples occidentaux ».

Le diplomate turc déplore, au passage, que «sur les 24 millions d'habitants que compte la Syrie, plus de 6 millions sont des réfugiés éparpillés à travers le monde».

« Pourquoi ne sommes-nous pas parvenus à protéger le droit de ces peuples de vivre sur leur territoire? », s'est-il interrogé en faisant référence à l'intervention d'autres acteurs extérieurs qui font perdurer les souffrances des peuples de la région.

« Malheureusement, les pays qui parlent de démocratie, de liberté, des droits de l'homme et de l'éradication des organisations terroristes n'ont jamais bougé le petit doigt pour annihiler une tentative de déstabilisation d'un pays et d'un peuple (en allusion à la tentative de Gulen) et n'ont montré aucun signe de coopération avec la Turquie pour assurer sa sécurité », a-t-il encore déploré.

- Plaidoyer pour un partenariat stratégique entre la Tunisie et la Turquie

Face aux dangers du terrorisme, aux ingérences extérieures et aux difficultés économiques, il suggère de promouvoir la coopération entre les peuples de la région.

Le diplomate a, dans cet ordre d'idées, noté que 2019 a été une année importante dans les relations bilatérales tuniso-turques, assurant que la présence de la Turquie en Afrique peut être mise au service du partenariat turco-tunisien.

S'agissant des énormes opportunités qui se dégagent en Afrique, il a fait remarquer que « la Tunisie qui est un pays membre de l'Union africaine (54 pays), occupe une position stratégique et dispose également d'accords bilatéraux et multilatéraux dans le continent qui lui offrent un grand potentiel d'investissement et de commerce extérieur ».

« Nous nous sommes engagés à être un partenaire stratégique pour l'Afrique, un partenaire stratégique pour la Tunisie, le pays qui a donné son nom à l'Afrique. Nous avons, à cet effet, adopté un document de travail conjoint en vue d'une coopération renforcée sur le continent africain », a-t-il rappelé.

Il a fait remarquer que la zone de libre-échange africaine (ZLECA), qui entrera progressivement en service en 2020, représente un potentiel important pour la Tunisie, notant que la Turquie s'est engagée dans un partenariat tuniso-africain pour pouvoir investir et produire en Tunisie à l’effet d’approvisionner l'ensemble de l'Afrique subsaharienne qui importe 85% des produits alimentaires.

Doğan estime que le partenariat turco-tunisien dans ce domaine est très important, notant que le document de travail est prêt pour ce faire et que 41 ambassades de Turquie en Afrique s'attachent au succès et à la consolidation d’un tel partenariat.

- L'importance de la région arabe

Le deuxième domaine de partenariat stratégique entre la Tunisie et la Turquie se situe dans la région arabe, à ses yeux.

« Nous avons créé un nouvel espace pour la coopération turco-tuniso-arabe à Istanbul où nous avons tenu le premier forum économique tuniso-turc en mai dernier avec la participation du secrétaire d'Etat tunisien aux Affaires étrangères chargé de la diplomatie économique (Hatem Ferjani).

« Après cela, nous avons réalisé un autre forum avec l'Association de la coopération turco-arabe en y associant la Tunisie et avons organisé une exposition et un forum de coopération entre le monde arabe et la Turquie (fin mai dernier) », a énuméré le diplomate turc pour mettre en exergue l’importance du partenariat avec le monde arabe.

Il a, dans le même sillage, fait valoir que « l'investissement et le commerce représentent des facteurs qui contribuent à éliminer les conflits, rapprochent les peuples et renforcent leur solidarité. « C'est pourquoi nous nous attachons à renforcer ces deux dimensions: triangulaires : Tunisie-Turquie-Afrique et Tunisie-Turquie-monde arabe », préconise-t-il.

- Nous ne comptons pas sur le soutien des autres

Traitant du manque d’intérêt de l’Occident aux causes de la démocratie et du progrès dans le monde arabo-musulman, Doğan a déploré que le déséquilibre du niveau de vie entre certaines régions et certains pays se manifeste principalement dans les pays islamiques.

« Nous devons être conscients qu'à l'avenir, nous ne pourrons pas obtenir un niveau de vie élevé et acquérir la liberté comme des cadeaux venant d'une autre partie », a-t-il déclaré en faisant valoir que les concepts de liberté, de démocratie et de droits de l'homme sont déterminés par chaque Etat pour son propre peuple.

« Si jamais nous étions sûrs que ces valeurs sont recherchées par tous pour les rendre accessibles à tous, comment alors expliquer les crises qui sévissent en Libye, en Irak et en Syrie, et pouvions-nous voir des migrants africains se noyer en Méditerranée?", a-t-il conclu.

L'ambassadeur de Turquie à Tunis : Le putsch manqué de Gulen était appuyée de l'extérieur

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