La Türkiye réaffirme son engagement en faveur de la coopération à Chypre

– Ankara poursuivra ses efforts sincères pour promouvoir une culture de collaboration entre les deux parties de l'île, assure le ministère turc des Affaires étrangères

AA / Ankara / Busranur Keskinkilic et Zehra Nur Celik

La Türkiye continuera de déployer des efforts sincères pour instaurer un esprit de coopération entre les deux communautés de l’île de Chypre, a déclaré vendredi le ministère turc des Affaires étrangères.

Intervenant à propos d’une réunion informelle sur Chypre, tenue mercredi et jeudi au siège des Nations unies à New York, le porte-parole du ministère, Oncu Keceli, a affirmé : « La Türkiye poursuivra ses efforts de bonne foi, en étroite consultation avec la partie chypriote turque, pour encourager une culture de coopération entre les deux parties de l’île. »

Il a souligné que la Türkiye avait participé à la réunion de New York, comme elle l’avait fait lors de celle de Genève en mars, en coordination étroite avec la République turque de Chypre du Nord (RTCN), dans le but de faire avancer les relations de bon voisinage entre les deux voisins de l’île.

Lors de la rencontre de Genève, les parties avaient identifié plusieurs domaines dans lesquels une coopération bénéfique pour les deux communautés pouvait être envisagée, débouchant sur un accord autour de six axes prioritaires.

À New York, les discussions ont porté sur les avancées réalisées dans ces domaines au cours des quatre derniers mois, a-t-il précisé.

Des progrès ont été enregistrés dans plusieurs secteurs, notamment la création d’un comité technique sur la jeunesse, la restauration des cimetières, ainsi que des questions liées à l’environnement et au changement climatique.

Le porte-parole a également indiqué que les parties étaient proches d’un accord pour le lancement d’opérations de déminage, ne restant que quelques détails techniques à finaliser.

En revanche, aucun progrès n’a été observé sur deux autres volets discutés en mars : l’ouverture de quatre nouveaux points de passage et la production d’électricité solaire dans la zone tampon séparant les deux pays, et ce malgré les efforts constants de l’ONU et l’approche constructive de la partie turque.

Le porte-parole turc a dénoncé l’attitude de la partie chypriote grecque, expliquant : « Bien que la partie turque ait accepté la proposition de compromis des Nations unies sur les points de passage frontaliers avec une approche de bonne volonté, la partie chypriote grecque a constamment posé de nouvelles conditions à chaque étape, n’a pas tenu ses engagements, et a persisté à relancer d’anciennes propositions pourtant rejetées. Cela a rendu tout progrès impossible. »

Il a ajouté que « la position rigide de la partie chypriote grecque constitue également le principal obstacle à l’avancée du projet de production d’énergie solaire dans la zone tampon. »

Malgré ces blocages, Keceli a assuré que les négociations sur ces deux sujets se poursuivraient, avec le soutien de l’envoyée spéciale du secrétaire général de l’ONU pour Chypre, Maria Angela Holguin Cuellar.

Par ailleurs, il a indiqué qu’à l’occasion de la réunion de New York, le président de la République turque de Chypre du Nord (RTCN), Ersin Tatar, et le dirigeant de l’administration chypriote grecque, Nikos Christodoulides, s’étaient mis d’accord pour travailler sur quatre nouveaux domaines de coopération : la mise en place d’un mécanisme consultatif impliquant la société civile, l’échange d’objets culturels, la gestion de la qualité de l’air, et la lutte contre la pollution aux microplastiques.

Des discussions sur ces nouveaux sujets seront menées dans les prochains jours directement sur l’île, a-t-il précisé.

« Trouver un consensus sur ces quatre axes contribue à jeter les bases du type de coopération que les deux voisins de l’île pourront développer dans un scénario post-règlement », a poursuivi Keceli.

Il a toutefois regretté que « l’intransigeance de la partie chypriote grecque continue de bloquer les avancées sur des questions qui pourraient avoir un impact positif et concret sur la vie quotidienne des deux communautés, comme l’ouverture de nouveaux points de passage. »

- Un conflit vieux de plusieurs décennies

Chypre est confrontée à un différend qui dure depuis des décennies entre les communautés chypriote grecque et chypriote turque, en dépit des multiples efforts diplomatiques déployés par l’ONU pour parvenir à un règlement global.

À partir du début des années 1960, des attaques à caractère ethnique ont contraint les Chypriotes turcs à se replier dans des enclaves pour assurer leur sécurité.

En 1974, un coup d’État orchestré par les Chypriotes grecs en vue de rattacher l’île à la Grèce a entraîné une intervention militaire de la Türkiye, en tant que puissance garante, pour protéger la population chypriote turque contre les persécutions et les violences. Cette intervention a conduit à la proclamation de la République turque de Chypre du Nord (RTCN) en 1983.

Depuis, le processus de paix a connu des avancées sporadiques, notamment une initiative infructueuse en 2017 en Suisse, sous l’égide des pays garants : la Türkiye, la Grèce et le Royaume-Uni.

L’administration chypriote grecque a intégré l’Union européenne en 2004, la même année où elle a, à elle seule, bloqué un plan des Nations unies visant à mettre fin au conflit.


* Traduit de l'Anglais par Adama Bamba