Türkİye, Monde

"Il y aura un avant et un après Türkiye", Stéphane et Jean-François, Pompiers de l’Urgence internationale

- Membres de "Pompiers de l’Urgence Internationale", ils ont été dépêchés sur les lieux de la catastrophe dès les premières heures des séismes du 6 février.

Feiza Ben Mohamed  | 09.03.2023 - Mıse À Jour : 10.03.2023
"Il y aura un avant et un après Türkiye", Stéphane et Jean-François, Pompiers de l’Urgence internationale

France

AA / Nice / Feïza Ben Mohamed

« URGENT SÉISME MAJEUR SUD [TÜRKIYE], déploiement équipe PUI, inscrivez-vous sur e-brigade, URGENT SI DISPO »

C’est par ce simple SMS, reçu le 6 février à 7h49, que les membres de "Pompiers de l’Urgence Internationale" (PUI) sont informés qu’un séisme de grande intensité a frappé le sud de la Türkiye.

En trois lignes, les bénévoles prêts à partir pour Kahramanmaras, sont invités à se signaler auprès de la direction de leur ONG, pour organiser le plus rapidement possible, leur départ pour les zones sinistrées.

Sans se poser de questions, ni hésiter une seule seconde, 36 membres de l’association, dont une majorité de pompiers professionnels et volontaires, quittent la France au départ de l’aéroport de Charles De Gaulle, direction la Türkiye.

Stéphane Giacoletto et Jean-François Gati, habitués à ce type de missions, sont les deux seuls pompiers azuréens à avoir fait partie du voyage. Ils se sont confiés en exclusivité à Anadolu, racontant entre émotion et pudeur, ce qu’ils avaient vécu pendant ces huit jours.

- Une expérience humaine intense et inoubliable

Depuis les Alpes-Maritimes, les deux professionnels ont déjà rejoint de nombreux théâtres de catastrophes comme l’Indonésie ou le Japon.

Partir en Türkiye pour apporter leur pierre aux missions de secours déployées sur place, s’est naturellement imposé à eux, « sans hésiter, ni se poser aucune question », pour faire « leur travail avec la mission de sauver des gens ».

« À notre arrivée à Kahramanmaras, on voit des gens totalement désœuvrés, dans la rue, sous des couvertures, avec des températures extrêmes, face à leurs anciennes maisons et qui sont dans l’attente de retrouver des membres de leurs familles », se souvient Stéphane Giacoletto, ancien pompier monégasque.

Il indique qu’après s’être présentés aux civils sur place, les choses se sont faites naturellement et que, « spontanément, les habitants (leur) ont donné des informations » pour localiser les éventuelles victimes coincées sous les décombres.

« On a travaillé main dans la main, on a eu l’impression qu’ils faisaient partie de notre groupe malgré le désarroi dans lequel ils étaient », assure le pompier, en se remémorant « l’accueil chaleureux » qui a été réservé à son équipe.

Jean-François Gati, retraité des pompiers de Cannes, souligne avec émotion que les Turcs présents leurs « ont apporté à manger et à boire, en signe de reconnaissance, malgré la détresse ».

« Ça me fait chaud au cœur d’y repenser, j’en ai les larmes aux yeux tellement ça a été intense », se livre ce professionnel, pourtant rompu à ce type de missions, avant de louer « la dignité des gens » qu’il a croisés sur son chemin, « qui n’avaient plus rien mais donnaient tout ».

Pour son collègue « il y aura un avant et un après [Türkiye]» grâce à « ces 8 jours forts, et inoubliables humainement parlant ».

- Deux survivantes sauvées des décombres

Dans des conditions extrêmes, comme d’autres équipes venues de plusieurs autres pays, les volontaires des PUI se sont battus, chaque jour, pour mener à bien leur mission : sauver un maximum de survivants.

« C’est notre devoir, on n’a fait que notre métier » expliquent modestement les deux pompiers azuréens qui ont même été « un peu gênés d’être acclamés à l’aéroport d’Istanbul avec une haie d’honneur », persuadés que leur effort était « normal ».

Ils auraient « tellement voulu faire plus » et refusent qu’on les appelle « héros », jurant ne pas en être, et préférant se qualifier « d’hommes au service des hommes ».

« Malgré les grosses répliques qui nous ont fait des frayeurs, on a réussi à sauver deux personnes: une petite fille de 11 ans et une femme de 62 ans », relatent Stéphane Giacoletto et Jean-François Gati, pour qui « c’est la plus belle des récompenses ».

Mais certains sauvetages ont eu une issue bien plus tragique et le regret de ne pas avoir pu sauver tous les survivants coincés sous les décombres, reste naturellement présent.

« Certains étaient vivants et sont décédés par la suite, dont une femme que l’on essayait de sortir et qui a fini par succomber avant que l’on n’y parvienne » livre l’ancien pompier de Monaco, non sans émotion.

- Turkish Airlines au cœur de l’acheminement des pompiers

Au terme de leur mission de 8 jours, c’est via Turkish Airlines, que les 36 Français regagnent la métropole, avec leurs 3 chiens et leur matériel.

La compagnie aérienne leur a offert le voyage et a facilité toutes les démarches administratives liées au transport jusqu’en Türkiye.

« C’est la première fois qu’une compagnie nous fait un tel geste, d’autant plus qu’ils ont dû transférer 36 de leurs clients sur d’autres vols pour nous faire de la place » explique Stéphane Giacoletto, qualifiant les agents de Turkish Airlines de « seigneurs ».

Ils assurent que le géant aérien leur a « vraiment simplifié les modalités administratives et le transport de matériel et est resté très au soin, et à l’écoute de l’association ».

De retour en France, il leur faut désormais digérer ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont vécu, avec certes un impact psychologique, mais une certitude: celle d’avoir fait de leur mieux, et d’être prêts à y retourner si la Türkiye en avait à nouveau besoin.

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