Politique

Le prix Nobel de la paix décerné à Denis Mukwege et Nadia Murad à Oslo

Lassaad Ben Ahmed  | 10.12.2018 - Mıse À Jour : 11.12.2018
Le prix Nobel de la paix décerné à Denis Mukwege et Nadia Murad à Oslo

Congo, The Democratic Republic of the
AA / Kinshasa / Pascal Mulegwa

Le gynécologue congolais Denis Mukwege et l'iranienne Nadia Murad ont reçu le prix Nobel de la paix, lors d’une cérémonie tenue lundi à Oslo.

La cérémonie a eu lieu à l'hôtel de ville de la capitale norvégienne dans une ambiance festive alternant entre pièces musicales, discours et plein d'applaudissements.

"C’est au nom du peuple congolais que j’accepte ce prix Nobel de la paix. Je le dédie à toutes les victimes dans le monde. Je viens du pays le plus riche de la planète, dont le peuple est le plus pauvre car les richesses alimentent la guerre" , a déclaré Denis Mukwege, après avoir reçu son prix : une médaille d'or, un diplôme et un chèque d'environ 1 million de dollars.

La cérémonie de remise de prix a été retransmise en direct à Kinshasa sur des écrans géants installés dans les rues ainsi que dans une salle en plein cœur de Kinshasa.

"Nos richesses sont pillées avec la complicité de ceux qui prétendent nous diriger", a ajouté le médecin de 63 ans, acclamé par l'assistance appréciant un discours chargé de messages politiques.

"Le peuple congolais est humilié depuis plus de deux décennies", a-t-il affirmé indiquant que les Congolais attendent "désespérément la protection des populations civiles quand leur état ne peut pas le faire".

Le médecin congolais qui revendique avoir déjà soigné, avec ses équipes, plus de 40 000 femmes victimes de violences sexuelles dans l'est de la RDC a appelé la planète à "cesser" d'ignorer les victimes de violences sexuelles en temps de conflit, estimant que la seule guerre qui vaille est celle "contre l'indifférence".

Mukwege a appelé les États à "cesser d’accueillir les dirigeants qui sont arrivés au pouvoir en utilisant le viol comme arme de guerre. Il faut tracer une ligne rouge plutôt que de leur dérouler le tapis rouge".

Pour sa part, l'ex-esclave yazidie, enlevée, violée, torturée par des terroristes en Irak, Nadia Murad a plaidé pour une "protection internationale" des victimes de génocide et de violences sexuelles.

"Le seul prix au monde capable de rétablir notre dignité est la justice", a expliqué l'Irakienne de 25 ans, rappelant que malgré la Déclaration universelle des droits de l'homme "la communauté internationale n’a rien fait pour empêcher les auteurs de commettre ce génocide".

"Il est inconcevable que la conscience des dirigeants de 195 pays ne se soit pas mobilisée pour libérer ces filles", s'est emportée la lauréate, critiquant les dirigeants mondiaux.

"S'il s'était agi d'un accord commercial, d'un gisement de pétrole ou d'une cargaison d'armes, gageons qu'aucun effort n'aurait été économisé pour les libérer", a-t-elle ajouté.

Le prix Nobel de la paix 2018 avait été accordé le 5 octobre dernier aux deux militants "pour leurs efforts en vue de mettre fin à l'emploi des violences sexuelles en tant qu'arme de guerre".

Huit-cent-cinquante (850) Congolais ont fait le déplacement à Oslo pour accompagner Mukwege, d'après la fondation Panzi, créée par ce médecin, initiateur d'un grand hôpital qui prend en charge les victimes des violences sexuelles.

Le gynécologue, critique acerbe du président sortant Joseph Kabila, est accusé par Kinshasa de "politiser" sa lutte "noble", alors que Murad se bat depuis plusieurs années pour que les persécutions à l’encontre des Yézidis soient reconnues comme génocide.

En 2016, elle a été plébiscitée ambassadrice de l’ONU pour la dignité des victimes du trafic d’êtres humains.

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