Politique

France : Polémique après une publication de Meyer Habib d’un prétendu échange privé avec Emmanuel Macron

- au sujet de l’interdiction de participation de sociétés israéliennes au salon Milipol

Şeyma Erkul Dayanç  | 14.11.2025 - Mıse À Jour : 14.11.2025
France : Polémique après une publication de Meyer Habib d’un prétendu échange privé avec Emmanuel Macron

Istanbul

AA / Istanbul / Seyma Erkul Dayanc

L’ancien député français Meyer Habib, proche du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a déclenché mardi une polémique sur les réseaux sociaux après avoir affirmé être intervenu directement auprès d’Emmanuel Macron au sujet de l’interdiction visant huit sociétés israéliennes au salon Milipol 2025.

Dans un premier message publié sur la plateforme sociale américaine X, Habib dénonce « un immense scandale » et « une agression contre Israël du gouvernement français », assurant avoir été contacté par l’avocat de l’une des entreprises concernées. « J’ai immédiatement envoyé un message au président de la République ! Aucun retour à ce stade, je n’ai hélas plus grande illusion ! » écrit-il.

Il publie ensuite l’intégralité du texte du message qu’il dit avoir adressé à Emmanuel Macron : « Bonjour Président (…) La France va interdire aux sociétés israéliennes d’exposer au salon Milipol 2025 (…) Ce serait une très mauvaise décision qui aura un impact désastreux sur des relations déjà très dégradées entre nos deux pays (…) Tu es le seul qui peut inverser cette décision (…)»

Quelques heures plus tard, Meyer Habib publie un nouveau message annonçant : « Je viens de recevoir un message du président de la République !! Il n’y aura pas de boycott des sociétés israéliennes ! L’affaire est réglée ».

Dans la foulée, l’avocat Olivier Pardo félicite publiquement l’ancien député pour avoir « empêché le boycott d’une société israélienne par sa force de conviction auprès du président de la République ». Habib lui répond : « Cette fois-ci, ça a été couronné de succès ! (…) Je ferai tout pour essayer de restaurer les relations entre la France et Israël qui sont actuellement exécrables ! » et ajoute : « Des fois on y arrive, des fois on n'y arrive pas, mais cette fois-ci nous sommes arrivés. »

Dans un entretien accordé le lendemain à la chaîne i24, Meyer Habib a détaillé son rôle dans l’affaire. Il a expliqué avoir été contacté par l’avocat des sociétés israéliennes concernées, alerté par le gouvernement français sur l’exclusion de huit entreprises du salon Milipol 2025. Selon lui, il s’est adressé directement au président Emmanuel Macron après environ deux heures sans réponse, puis a publié un message sur les réseaux sociaux pour exprimer son écœurement.

Habib a ensuite décrit l’ampleur de son intervention : il a contacté Benjamin Netanyahu et assuré la coordination avec le gouvernement français. « Dès que j’ai eu la réponse, immédiatement le président a informé son ministre de changer la décision et qui a appelé son homologue », a-t-il déclaré, soulignant que son action avait permis de restaurer la participation des sociétés israéliennes.

Il a insisté : « Ce n'est pas quelque part, c'est totalement grâce à moi (…) si je n’étais pas intervenu, je peux vous dire que le mail gelé sous les yeux, il y avait huit sociétés qui étaient interdites ». Habib a conclu : « Voilà, donc c’est une bonne chose », insistant sur le fait que son action avait été décisive dans l’inversion de la décision française.

Ces publications ont suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Plusieurs internautes ont critiqué ce qu’ils considèrent comme une intervention directe dans une décision administrative et ont exprimé leur étonnement face à la diffusion publique de messages supposés privés entre Meyer Habib et le président de la République. Certains ont également mis en doute la fiabilité des captures d’écran partagées, s’interrogeant sur leur authenticité.

D’autres observateurs ont souligné que Meyer Habib se présente comme ayant joué un rôle déterminant dans la participation des sociétés israéliennes au salon Milipol 2025. Selon lui, sur les 39 entreprises israéliennes présentes, huit avaient initialement été jugées litigieuses avant que la décision de participer ne soit finalement validée par Emmanuel Macron.

L’Élysée n’a pas réagi à ce stade et l’origine des messages n’a pas été confirmée.

Pour rappel, le président français, Emmanuel Macron, avait levé mardi l’interdiction de participation au salon Milipol Paris dont faisaient l’objet huit sociétés israéliennes. Cette décision avait constitué un revirement, la France excluant depuis le printemps 2024 des entreprises israéliennes impliquées dans le conflit à Gaza.

Les sociétés concernées avaient été informées le 10 novembre de leur interdiction d’exposer au salon, prévu du 18 au 21 novembre à Villepinte sous l’égide du ministère de l’Intérieur. Les motivations précises de cette exclusion n’avaient pas été détaillées.

Selon l’entourage présidentiel, la levée de l’interdiction avait été décidée pour « faciliter le dialogue » avec Israël, tout en rappelant que tout projet d’annexion de territoires occupés resterait « une ligne rouge » pour la France. Paris avait déjà exprimé sa réprobation en 2024 envers certaines entreprises israéliennes lors des salons Eurosatory et Euronaval. L’entourage du chef de l’État précisait que la ligne française sur le conflit israélo-palestinien « demeurait inchangée », cette décision relevant d’une adaptation au contexte diplomatique international.

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