Politique

France : l’Assemblée nationale adopte la suspension de la réforme des retraites jusqu’en 2028

- L’âge légal de départ est gelé à 62 ans et 9 mois, en attendant une refonte du système de retraite.

Ümit Dönmez  | 12.11.2025 - Mıse À Jour : 12.11.2025
France : l’Assemblée nationale adopte la suspension de la réforme des retraites jusqu’en 2028

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez

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L’Assemblée nationale française a adopté, mercredi 12 novembre, la suspension de la réforme des retraites de 2023, gelant l’âge légal de départ à 62 ans et 9 mois jusqu’au 1ᵉʳ janvier 2028. Cette mesure, intégrée à l’article 45 bis du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, a été votée par 255 voix contre 146 après des débats houleux dans un hémicycle sous tension.

La suspension concerne également les carrières longues et les catégories actives et super-actives de la fonction publique, qui bénéficieront d’un maintien des règles actuelles. L’amendement gouvernemental voté dans la foulée étend la mesure aux personnes nées au premier trimestre 1965, leur permettant de partir à 62 ans et 9 mois, avec 170 trimestres de cotisation requis pour une retraite à taux plein.

Cette décision met un coup d’arrêt provisoire à la réforme portée par Élisabeth Borne, entrée en vigueur en septembre 2023, qui prévoyait un recul progressif de l’âge légal à 64 ans et un allongement de la durée de cotisation à 172 trimestres pour la génération 1965.

Les groupes socialiste, écologiste et Rassemblement national (RN) ont voté pour la suspension, tandis que Les Républicains, Horizons et La France insoumise s’y sont opposés. Les députés Renaissance et Modem ont choisi de s’abstenir, actant un compromis politique fragile pour éviter une nouvelle impasse budgétaire.

La cheffe de file des députés RN Marine Le Pen a salué une « victoire du bon sens », tout en réclamant une abrogation pure et simple de la réforme.

Le ministre du Travail Jean-Pierre Farandou a défendu une mesure « nécessaire pour apaiser le pays », rappelant le lancement d’une conférence sociale sur le travail et les retraites, ouverte le 4 novembre, sans la participation du Medef. « Les partenaires sociaux nous ont ouvert la voie. C’est une étape pour reconstruire un système plus juste et plus lisible », a-t-il affirmé.

Selon le gouvernement, la mise en pause de la réforme représente un coût estimé à 300 millions d’euros en 2026 et 1,9 milliard en 2027, financé en partie par la hausse de 1,4 point de la CSG sur les revenus du capital, adoptée la semaine dernière.

Le texte doit désormais être examiné par le Sénat, à majorité de droite, avant un ultime vote à l’Assemblée nationale. La majorité espère que cette suspension permettra de sortir d’une séquence politique explosive, deux ans après la réforme qui avait déclenché une mobilisation sociale d’ampleur historique.

Adoptée en mars 2023 sans vote, via le recours à l’article 49.3 de la Constitution par le gouvernement d’Élisabeth Borne, la réforme des retraites avait déclenché l’un des plus vastes mouvements sociaux depuis Mai 68. Des millions de manifestants s’étaient mobilisés pendant plusieurs mois dans tout le pays, à l’appel des principaux syndicats, pour protester contre le recul de l’âge légal à 64 ans. Grèves, blocages et tensions avaient profondément marqué la vie politique et sociale française, symbolisant la fracture entre le pouvoir exécutif et une large partie de l’opinion publique.


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