Politique

Bulgarie : 29 ans après le drame, les Musulmans et les Turcs​ n’oublient pas

- La campagne d'assimilation menée par le régime communiste bulgare, au pouvoir pendant 45 ans, à l’égard des Turcs et d'autres communautés musulmanes, est commémorée avec tristesse.

İhvan Radoykov  | 25.05.2018 - Mıse À Jour : 26.05.2018
Bulgarie : 29 ans après le drame, les Musulmans et les Turcs​ n’oublient pas

Sofiya

AA - Sofia

La campagne d'assimilation menée par le régime communiste bulgare, au pouvoir pendant 45 ans (1944-1989), à l’égard des Turcs et d'autres communautés musulmanes en Bulgarie, est commémorée, encore aujourd’hui, avec beaucoup de tristesse. 

En raison des politiques d’assimilation imposées par le régime communiste, arrivé au pouvoir suite à un coup d’état en 1944, 500 mille Turcs ont été forcés à l’exode, à changer leurs noms et ont été interdits de prier. 

Des villages habités par des Turcs et des musulmans ont été désertés suite à la mise en place des politiques d’assimilation du régime, alors dirigé par le dictateur communiste, Todor Jivkov.

Aujourd’hui, les villageois qui sont restés ou qui sont rentrés tentent de s’accrocher à la vie malgré les douloureux souvenirs.

- Les tristes souvenirs des anciens

Mestan Adali, enseignant à la retraite, qui vit à Ostrovetz (Sud-Est) près de la frontière grecque, a déclaré que la politique d’assimilation menée à cette époque a signé l’arrêt de mort du village. 

Indiquant que ce dernier était autrefois composé de 240 foyers et de 1300 habitants, Adali a partagé que celui-ci a été déserté après les politiques d'assimilation.

Aujourd’hui, il y a plus de décès que de naissances dans le village où le bonheur n’est plus. 

"Après avoir décidé de mener une campagne d'assimilation, en 1956, le régime communiste a interdit l’éducation en turc dans les écoles. Les mosquées ont été fermées. Ils ont imposé l’uniforme. Nous avons été interdits de parler turc dans les rues mais aussi chez nous". 

Partageant que ses fils vivent aujourd’hui en Angleterre et en Belgique, Adali a précisé que l’économie du village s’est progressivement effondrée au fil du temps.

- Un village de trois habitants

Le village de Lebed, situé près de la ville de Djebel dans la même région, est l'un des nombreux villages turcs désertés à cause des migrations forcées. 

Seulement trois personnes habitent aujourd’hui Lebed qui comptait autrefois 120 foyers et 500 habitants. 

Emin Mestan Mustafa, habitant du village et conducteur de tracteur, raconte que les forces de sécurité bulgares sont arrivées à Lebed dès le début de l’obligation de changer de nom (1984). 

"Ils ont battu les gens qui ne voulaient pas changer leur nom et les ont forcés à l’exil. Mon nom qui était “Emin Mestan Mustafa” a été modifié en “Emil Mitov Vodeniçarov”. Ma femme “Ayten Mehmet Mustafa” a pris le nom de “Ana Mitov Vodeniçarova”, a-t-il expliqué. 

Mustafa a fait savoir que les villageois terrorisés par les politiques du régime ont fui vers la Turquie et d’autres pays européens. 

Suite à l’exode forcée de 1989, les récoltes n’ont pas été faites, les animaux ont été délaissés, les maisons abandonnées et laissées aux mains des pilleurs. 

- La campagne d’assimilation

Le parti communiste bulgare (BKP), a renversé le gouvernement en 1944 avec le soutien de l'ex-Union soviétique des républiques socialistes (URSS).

Au cours des dernières années de son mandat, le régime a mené une politique d’assimilation à l’encontre des musulmans et des turcs. 

Les communistes, animés par la volonté de créer une nation fondée sur une seule et unique nationalité, ont supprimé la liberté de culte et imposé aux Turcs et aux musulmans d’adopter des noms à connotation bulgare. 

Fin 1985, à la suite des initiatives de «bulgarisation», les noms de 310 mille personnes ont été modifiés. 

Au cours de cette période, 24 personnes ont été tuées pour avoir résister à la campagne d'assimilation des musulmans menée dans le pays, qui comptait 8,5 millions d’habitants à l’époque. 

La résistance, qui a débuté autour de la ville de Djebel, s'est répandue dans tout le pays. 

Après avoir échoué dans ses politiques, Todor Jivkov, chef du régime communiste, a été contraint d’ouvrir ses frontières avec la Turquie.

Environ 500 mille turcs de Bulgarie ont quitté le pays vers la Turquie. 

150 mille d'entre eux sont retournés en Bulgarie après la chute du régime Jivkov le 10 novembre 1989.

Le procès qui a été ouvert en 1991 à propos de la campagne d'assimilation a été prescrit. 

Les défendants, Todor Jivkov, le ministre de l'intérieur de l’époque, Dimitar Stoyanov, le ministre des affaires étrangères de l’époque, Patar Mladenov, et le membre du Conseil politique Pencho Kubadinski sont morts.


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