AA / Ankara / Ayşe Irem Cakir
Cette année, des élections ont eu lieu à différents moments sur un vaste territoire allant de l’Europe à l’Asie, de l’Afrique à l’Amérique latine.
2025, une année électorale
Le grand nombre de pays ayant organisé des élections a non seulement redéfini les équilibres politiques nationaux, mais aussi les rapports de forces régionaux et les orientations globales. Dans certains pays, les gouvernements en place ont conservé le pouvoir, tandis que dans d’autres, de nouveaux acteurs ont émergé sur la scène politique.
Les élections de 2025 ont été marquées par plusieurs premières : le Japon a vu son premier Premier ministre femme, New York a élu son premier maire musulman, et le Canada a vu un député d’origine turque entrer au parlement.
Europe : le vent des élections
En Croatie, le second tour de l’élection présidentielle tenu le 12 janvier a vu le président sortant Zoran Milanovic, soutenu par le Parti social-démocrate, conserver son siège.
En Biélorussie, lors de l’élection présidentielle du 26 janvier, le président sortant Aleksandr Loukachenko, déjà victorieux lors de six scrutins précédents, a obtenu 86,82 % des voix, lui permettant de diriger le pays pour un septième mandat.
Au Kosovo, lors des élections législatives du 9 février, le mouvement Vetëvendosje dirigé par le Premier ministre sortant Albin Kurti a obtenu 42,3 % des voix, le Parti démocratique du Kosovo (PDK) 20,9 %, l’Union démocratique du Kosovo (LDK) 18,2 %, et l’Alliance pour le futur du Kosovo (AAK) 7,06 %.
Environ six mois après l’élection, la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, a confié le 11 octobre à Kurti la mission de former un gouvernement après l’élection de Dimal Basha à la présidence du parlement. Cependant, le nouveau gouvernement présenté par Kurti n’a pas obtenu la majorité lors du vote de confiance. Osmani a alors transféré la mission de formation du gouvernement à Glauk Konjufca, également membre de Vetëvendosje. Comme le gouvernement de Konjufca n’a pas non plus obtenu de vote de confiance suffisant, le parlement kosovar a été dissous le 20 novembre.
En Roumanie, l’annulation du premier tour de l’élection présidentielle initialement prévu le 24 novembre 2024 pour des contestations a conduit à une nouvelle élection le 4 mai. Lors du second tour du 18 mai, le candidat indépendant pro-européen et maire de Bucarest, Nicuşor Dan, a été élu.
Au Portugal, après la chute du gouvernement minoritaire de droite lors du vote de confiance du parlement le 11 mars, le président Marcelo Rebelo de Sousa a convoqué des élections anticipées le 18 mai. Les citoyens portugais, appelés aux urnes pour la cinquième fois en dix ans, ont apporté leur soutien à Luis Montenegro, chef de l’Alliance démocratique (AD), malgré les accusations de corruption, permettant à l’AD de passer de 80 à 91 sièges.
En Pologne, le second tour de l’élection présidentielle du 1er juin a été remporté par Karol Nawrocki avec 50,9 % des voix, tandis que le maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski, qui était légèrement en tête dans les sondages avant l’élection, a obtenu 49,1 %.
Aux Pays-Bas, les élections générales du 29 octobre ont été remportées par le parti Démocrates 66 (D66), qui a obtenu le plus grand nombre de voix. Le leader de l’alliance PvdA-Groen Links, Frans Timmermans, a démissionné le soir même de l’élection.
Allemagne : la montée de l’extrême droite inquiète
Le processus électoral en Allemagne a été marqué par les actions de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), parti d’extrême droite, qui a distribué des brochures électorales prônant l’expulsion des migrants. Lors des élections anticipées du 23 février, l’Union chrétienne-démocrate (CDU/CSU), avec Friedrich Merz comme candidat à la chancellerie, a remporté 28,5 % des voix. L’AfD a augmenté son score de 10,4 points par rapport aux élections précédentes, atteignant 20,8 %, ce qui a suscité des inquiétudes concernant la montée de la xénophobie et les risques pour les musulmans et les Turcs.
Le parti social-démocrate (SPD), avec le chancelier sortant Olaf Scholz comme candidat, a obtenu 16,4 % des voix, se classant troisième. CDU/CSU et SPD ont conclu un accord de coalition 45 jours après les élections, le 9 avril, et Friedrich Merz a été élu chancelier le 6 mai avec 325 voix sur 618 au Bundestag.
Amérique du Nord : Canada et Groenland sous le signe des débats autour de Trump
Au Groenland, où les menaces de Donald Trump de « prendre le contrôle » ont persisté, les électeurs se sont rendus aux urnes le 11 mars pour les élections générales. Le parti d’opposition Demokraatit a obtenu 29,9 % des voix, assurant la majorité au parlement. Le parti indépendant Naleraq, militant pour une indépendance accélérée vis-à-vis du Danemark, a recueilli 24,5 %, tandis que le parti Inuit Ataqatigiit dirigé par le Premier ministre Mute Bourup Egede a obtenu environ 21 %.
Au Canada, le nouveau Premier ministre Mark Carney, confronté à des tensions politiques avec le président Trump, a dissous le parlement le 23 mars, annonçant des élections anticipées pour le 28 avril. La Parti libéral, dirigé par Carney, a remporté 43,5 % des voix, la majorité au parlement, suivi du Parti conservateur avec 41,4 % et du Bloc Québécois avec 6,4 %. L’élection a permis à Şima Açan, candidate dans la circonscription d’Oakville West, de devenir la première députée turque au parlement canadien.
Asie : premières historiques et changements politiques
Au Japon, les élections pour la chambre haute ont eu lieu le 20 juillet, pour renouveler la moitié des 248 sièges du Sangiin. Le Parti libéral-démocrate (LDP) et son partenaire Komeito ont perdu la majorité, entraînant la démission du Premier ministre Shigeru Ishiba. Le 4 octobre, Sanae Takaiçi a pris la tête du LDP et a été élue première femme Premier ministre du Japon lors du vote parlementaire du 21 octobre.
À Singapour, le 3 mai, le Parti du mouvement populaire (PAP) a remporté 65,57 % des voix, obtenant 87 des 97 sièges, ce qui constitue son 14e mandat consécutif.
En Australie, le même jour, les électeurs ont choisi leurs nouveaux parlementaires et le Premier ministre sortant Anthony Albanese du Parti travailliste a été réélu.
Aux Philippines, des millions d’électeurs se sont rendus aux urnes le 12 mai pour élire de nouveaux maires, gouverneurs et parlementaires. La coalition « Alyansa Para sa Bagong Pilipinas » dirigée par le président Ferdinand Marcos Jr a remporté 6 des 12 sièges au Sénat, mais n’a pas obtenu la majorité.
En Corée du Sud, après la destitution de l’ancien président Yoon Suk Yeol, le processus de vote anticipé a débuté le 3 juin pour l’élection présidentielle du 29 mai. Le candidat du principal parti d’opposition, Lee Jae-myung du Democratic Party (DP), a remporté 49,42 % des voix, battant Kim Moon-soo du People Power Party (PPP) qui a obtenu 41,15 %.
États-Unis : New York élit son premier maire musulman
À New York, le 24 juin, les électeurs ont participé aux primaires du Parti démocrate pour désigner leur candidat à l’élection du 4 novembre. Zohran Mamdani, membre du Conseil municipal, a remporté les primaires. L’ancien gouverneur Andrew Cuomo a annoncé qu’il se présenterait comme candidat indépendant après sa défaite. Lors de l’élection du 4 novembre, plus de 2 millions de personnes ont voté, faisant de Mamdani, 34 ans et né en Ouganda, le maire le plus jeune et le premier musulman à diriger la ville au cours du dernier siècle.
Amérique du Sud : Bolivie met fin à 20 ans de domination socialiste
En Équateur, le second tour de l’élection présidentielle du 14 avril a vu la victoire du président sortant Daniel Noboa avec 56,13 % des voix, tandis que la candidate de gauche Luisa Gonzalez a obtenu 43,87 %.
Au Venezuela, les élections parlementaires et régionales ont eu lieu le 25 mai sous haute sécurité. Le gouvernement de Nicolás Maduro et sa coalition Simon Bolivar Gran Polo Patriotico (GPP) ont remporté 253 des 285 sièges au parlement. Les partis d’opposition, malgré les appels au boycott, n’ont obtenu que peu de sièges.
En Bolivie, le second tour de la présidentielle du 19 octobre a été remporté par Rodrigo Paz, candidat du Parti de la démocratie chrétienne, âgé de 58 ans. Paz a mis fin à 20 ans de domination du parti MAS, mouvement socialiste.
Le 30 novembre, le Honduras a organisé des élections générales très disputées, marquées par plusieurs semaines de retards, des pannes techniques, des problèmes de sécurité dans le système de transmission des résultats et des allégations de fraude électorale. Les résultats finaux publiés par le Conseil électoral ont donné la victoire au conservateur Nasry Asfura, soutenu par les États-Unis, avec 40,3 % des voix, devançant de peu le candidat centriste Salvador Nasralla. Asfura a déclaré être prêt à gouverner malgré le résultat serré.
Moyen-Orient : République Turque de Chypre du Nord et Irak
En République Turque de Chypre du Nord (RTCN), les élections présidentielles du 19 octobre ont été remportées par Tufan Erhürman, chef du Parti républicain turc (CTP), avec 62,76 % des voix, sur un taux de participation de 64,87 %. Il a reçu son certificat officiel le 20 octobre et a pris ses fonctions le 24 octobre.
En Irak, les élections générales du 11 novembre ont été remportées par la coalition « Reconstruction et Développement » dirigée par le Premier ministre Mohammed Shia Al-Sudani. La deuxième place est revenue au parti Takaddüm dirigé par l’ancien président du parlement Mohammed Halbusi, et la troisième au Kanun Devleti Koalisyonu de l’ex-Premier ministre Nuri el-Maliki. Dans la Région du Kurdistan, le Parti démocratique du Kurdistan (KDP) a été premier. Le Front turkmène d’Irak (ITC) a obtenu 2 sièges au niveau national.
Afrique : coups d’État et élections post-dictature
Au Gabon, 19 mois après un coup d’État militaire, les électeurs ont choisi le président pour un mandat de 7 ans le 12 avril. Le général Brice Clotaire Oligui Nguema a obtenu 94,85 % des voix, tandis que son plus proche concurrent Alain Claude Bilie By Nze a obtenu 3,11 %.
Le 11 octobre, les électeurs gabonais ont participé au second tour des élections législatives et locales, désignant 145 députés et responsables locaux. Le parti du président Nguema, l’Union des bâtisseurs démocratiques (UDB), a remporté ce second tour.
Le lendemain, le Cameroun a élu son président pour un mandat de 7 ans : le président sortant Paul Biya a remporté 53,66 % des voix.
Au Guinée-Bissau, les élections présidentielles et législatives ont eu lieu le 23 novembre. Le président sortant Umaro Sissoco Embalo a revendiqué 65 % des voix avant l’annonce officielle, tandis que l’indépendant Fernando Dias da Costa a affirmé être le vainqueur. Le 26 novembre, un groupe militaire a annoncé avoir pris le pouvoir, suspendant le processus électoral et fermant les frontières. Le lendemain, le général Horta N’TAM a prêté serment comme président de transition, et un gouvernement de transition de 22 membres a été formé le 29 novembre.
* Traduit du turc par Seyma Erkul Dayanc