Zelensky demande la démission des ministres de l'Énergie et de la Justice dans le cadre d'une enquête pour corruption
- « Le ministre de la Justice et le ministre de l'Énergie ne peuvent rester en fonction. C'est une question de confiance », déclare le président ukrainien
Istanbul
AA / Istanbul / Burc Eruygur
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé mercredi la démission de deux ministres de son gouvernement dans le cadre d’une enquête pour corruption portant sur 100 millions de dollars dans le secteur de l’énergie. Le même jour, les deux responsables ont été écartés : la ministre de l’Énergie a annoncé avoir remis sa lettre de démission, tandis que le ministre de la Justice a été suspendu de ses fonctions.
« Le ministre de la Justice et le ministre de l’Énergie ne peuvent pas rester en poste. Il s’agit, entre autres, d’une question de confiance. S’il y a des accusations, elles doivent être examinées », a déclaré Zelensky dans une allocution vidéo en soirée.
Le président a ajouté avoir demandé à la Première ministre, Yulia Svyrydenko, de veiller à ce que les deux responsables présentent leur démission, tout en sollicitant le soutien des députés : « Je demande aux parlementaires de soutenir ces démissions. À partir de ce moment, tout doit se dérouler dans le cadre légal. »
Zelensky a également annoncé un « nettoyage et un renouveau » de la direction du fournisseur national d’énergie nucléaire Energoatom, précisant qu’il signerait ultérieurement un décret imposant des sanctions à deux personnes impliquées dans l’affaire du Bureau national anticorruption (NABU) concernant l’entreprise. Il n’a fourni aucun détail supplémentaire.
– La ministre de l’Énergie démissionne, le ministre de la Justice suspendu
Peu après l’annonce, la ministre de l’Énergie Svitlana Hrynchuk a indiqué dans un message publié sur la plateforme sociale de la société X basée aux États-Unis avoir remis sa lettre de démission, remerciant Zelensky pour « l’opportunité de travailler au service de l’État ».
« Il n’y a eu aucune violation de la loi dans le cadre de mes activités professionnelles… Quant aux spéculations concernant mes relations personnelles, toute spéculation sur ce sujet est inappropriée… Le temps remettra tout en place », a-t-elle écrit.
La décision de Zelensky est intervenue peu après que le gouvernement ait suspendu le ministre de la Justice Herman Halushchenko.
La Première ministre Svyrydenko a précisé que Liudmyla Sugak, vice-ministre de la Justice pour l’intégration européenne, assurait les fonctions du ministère de la Justice.
Halushchenko, qui avait été ministre de l’Énergie avant d’occuper son poste actuel depuis juillet, a déclaré être en accord avec cette décision et qu’il se défendrait légalement.
« Je ne m’accroche pas au poste de ministre (de la Justice) et je ne m’y accrocherai pas. Je considère que la suspension (de mes fonctions) pendant la durée de l’enquête est un scénario civilisé et correct », a-t-il écrit sur la plateforme sociale de la société X basée aux États-Unis. Il n’a pas commenté la demande de Zelensky qu’il démissionne.
– Une enquête anticorruption d’ampleur
Lundi, l’Ukraine a lancé une « opération de grande envergure » dans le secteur de l’énergie pour mettre au jour des faits de corruption impliquant ce que le NABU a décrit comme une « organisation criminelle de haut niveau » cherchant à influencer des entreprises d’État stratégiques, notamment Energoatom.
Selon le bureau, l’enquête a nécessité 15 mois de travail et 1 000 heures d’enregistrements audio. Les membres de cette « organisation criminelle » auraient réclamé des avantages illégaux représentant 10 à 15 % de la valeur des contrats d’État.
Mardi, les enquêteurs ont arrêté cinq personnes et adressé des notes de suspicion à sept autres individus. Le NABU a indiqué avoir identifié 100 millions de dollars liés à ce système.
Cette enquête intervient quatre mois seulement après que Zelensky a rétabli l’indépendance des deux principales agences anticorruption du pays.
Le président avait initialement signé des mesures plaçant le bureau et le Bureau du procureur spécialisé anticorruption sous la supervision du procureur général, avant de les retirer face à de grandes manifestations, notamment à Kiev.
La lutte contre la corruption est un enjeu clé si l’Ukraine souhaite progresser dans sa candidature à l’Union européenne, qui a officiellement ouvert les négociations d’adhésion avec Kiev en juin 2024.
Les critiques soulignent que l’Ukraine souffre depuis longtemps d’une corruption endémique, et que la guerre en cours avec la Russie a souvent éclipsé les efforts pour y mettre fin.
*Traduit de l'anglais par Wafae El Baghouani
